vendredi 21 décembre 2012

vendredi 7 décembre 2012

Quick Review (10) : Xiu Lin Wu Hao Raw Pu-erh 2011 (Hojotea)






Certains considèrent les notes fumées comme un défaut. Et je le conçois. Mais moi, j'aime ça. C'est même une aubaine car ça a tendance à faire baisser le prix... Akira dit que des notes fumées dans un puerh peuvent rappeler un whisky écossais quand cela reste équilibré. C'est peut-être de là que me vient cet engouement...








Ce thé, à étudier l'odeur des feuilles sèches, est partagé entre le fruité d'un jeune puerh du Lin Cang très fruité et des notes fumées, discrètes toutefois. Un joli bouquet que j'apprécie particulièrement. On est sur un maocha de 2011 : les odeurs vertes et fraîches ont un tout petit peu évolué vers quelque chose de déjà fruité et sucré. Dans le zhong chaud, les fruits (agrumes) ressortent particulièrement.

Ce thé est totalement produit confectionné de manière traditionnelle.

8g zhong (ce thé se prête bien aux forts dosages). Mont Roucous, et en avant.




Wu Hao dans le nom, littéralement "duvet noir", fait référence aux feuilles noires de ce thé




Les feuilles rincées sont un délice vert et fruité. En fait, les notes fumées sont très en retrait.

La première tasse est d'une limpidité parfaite. Un vrai bonbon, avec un pôle épicé en plus. Une fois avalé, la bouche est assaillie d'une fraîcheur très agréable, tandis que le fumé reprend ses droits petit à petit de façon assez fine. Les sensations au niveau de la gorge sont extraordinaires.








J ai poussé directement la deuxième infusion à 20 secondes et le résultat fut puissant mais vraiment classe. Pas amère, juste plus épicée. Alors que j'allais préparer la prochaine tasse, j'ai eu droit à un retour du fruit et du pôle fumé, sensation qui dura des lustres ! Pas loin de dix minutes passèrent avant que je ne perde patience et que je me prépare cette nouvelle tasse.

Il y a peut-être un point d'équilibre à trouver quant à la durée d'infusion, pour que la bouche soit bien dense. Peut-être doit on aller un poil plus loin que l'infusion "flash", entre 10 et 20 secondes. Mais dans tous les cas, la longueur sera présente.

Le fruit devient prédominant dans les infusions suivantes, sans que disparaissent totalement les notes fumées.




un sujet qui me passionne de plus en plus...



Ce thé brille vraiment par sa présence qui perdurera très, très longtemps. Une heure après la dernière tasse avalée, j'avais encore les sensations de ce thé en bouche.

Pour 30€ les 200 grammes, on a droit à un puerh de qualité qui s'améliorera encore aux dires du vendeur. À noter qu'il est de 2011 et donc qu'il a déjà un tout petit peu évolué sur le fruit par rapport à un thé de 2012. Fines notes fumées, alliées à un fruité très agréable, des sensations en gorge et une longueur tout simplement extra. Une jolie combinaison qui me ravit. Pour moi, une valeur sûre.


À bientôt !

dimanche 2 décembre 2012

Première infusion flash






Dans ma pratique quotidienne du thé, j'ai progressivement réduit  la durée de ma première infusion jusqu'à ce qu'elle soit la plus courte possible. Je verse l'eau, je referme le gaiwan et le vide sans même prendre le temps de reposer la bouilloire. "Flash". Je trouve cela très utile pour évaluer certains critères de qualité d'un thé. Je vais vous expliquer ma démarche en détails.








D'abord la théorie. Une feuille de thé contient de nombreux minéraux, d'autant plus qu'elle sera de bonne qualité. L'emploi d'engrais ne va rien changer à cela. Au contraire. Les feuilles seront plus grandes, augmentant le rendement, mais les minéraux seront dilués en leur sein. Il vaut mieux remplir sa théière de petites feuilles gorgées de minéraux que de grandes feuilles plus diluées.

Autre chose qui a son importance, ces minéraux vont se libérer dans l'eau quasi-instantanément. Une fraction de seconde suffit. Si une feuille est de très haute qualité, elle changera l'eau de manière drastique. Prenez deux tasses remplies de la même eau (chaude de préférence), trempez une belle feuille dans l'une l'espace d'une seconde, puis goûtez la différence. À noter que c'est le même principe pour les minéraux contenus dans la glaise d'une théière.








Ici, avec mon infusion flash, je vais obtenir un effet sur l'eau bien plus visible. On pourra apprécier le changement de texture, les sensations de gorge, l'effet sur le corps, et même la longueur en bouche et le Qi. Et oui ! On peut être teadrunk en buvant une tasse d'eau dans laquelle a trempé une seconde 2-3 feuilles de haute facture. Croyez-moi, j'étais sceptique. Mais force est de constater que ça a très bien fonctionné sur moi, qui ne me considère pas sensible à outre mesure à l'énergie des thés.








Alors pourquoi est-ce que j'utilise cette méthode ? Parce qu'il y a plein de choses qui seront bien plus visibles ainsi. Un buveur aguerri pourra faire la part des choses et détecter de nombreux aspects d'un thé même en buvant une liqueur ultra concentrée. Ce n'est pas mon cas. J'ai du mal à avoir une bonne vision de certains paramètres quand le thé est très dense. Grâce à cet artifice, j'obtiens une tasse de thé très très légère, presque dénuée d'arômes et de parfums, ce qui va me permettre d'évaluer le reste sans être influencé. Certains disent que le thé et les accessoires ne sont que des moyens d'améliorer l'eau. Je commence à les comprendre, car le genre de tasse obtenue avec cette méthode est loin d'être désagréable.








Qu'est-ce que j'essaie de noter ainsi ? Aussi incroyable que ça puisse paraître, la vapeur dégagée par cette première infusion portera déjà des informations intéressantes. C'est le premier point auquel j'essaie de faire attention, bien que je n'ai certainement pas le nez encore assez entraîné pour pouvoir en tirer beaucoup d'informations. Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron comme disait l'autre...

En bouche, je me concentre sur la différence de texture, souvent impressionnante. Puis, point important, j'essaie de faire très attention aux sensations de gorge. Est-ce qu'elle sera comme serrée au moment d'avaler  le thé ou au contraire, comme dilatée ? Ensuite, je fais attention à ma première respiration après avoir avalé. Un thé avec de superbes sensations de gorge procurera souvent un grand plaisir à ce moment, comme si on était arrivé au sommet d'une montagne et qu'on pouvait jouir d'un air pur et vivifiant.

Pour la suite, il faut être à l'écoute de son corps. Pas facile je l'avoue. C'est là où j'en suis en gros. Pour le reste, même si j'ai fait une infusion très très courte, ça ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir de retour de saveurs au bout d'un moment. C'est vraiment quelque chose que j'adore : avoir l'impression de boire de l'eau et néanmoins avoir des retours de fruits et/ou de fleurs ensuite. Spéciale dédicace aux Dan Cong. Ces saveurs pourront également évoluer.

J'aurai peut-être par la suite des choses à ajouter à cette liste. 








Je terminerai par quelques remarques. La première, c'est que ça ne remplace pas, mais au contraire complète, l'observation initiale des feuilles. Je les regarde, les sens exhaustivement, à froid, à chaud dans le zhong préchauffé, puis rincées (je parle bien d'une première infusion et pas du rinçage), et entre chaque infusion par la suite, les feuilles directement et le couvercle du gaiwan. Enfin, j'observe les feuilles une fois vidées de leur substance.

Seconde remarque : afin de s'apercevoir de tous ces changements, il est nécessaire de bien connaitre son eau, sa texture, etc, au besoin de s'aider d'une tasse témoin remplie d'eau chaude et de faire des allers-retours entre les deux. À présent je m'en passe, mais c'est parce que je commence à bien connaitre la Mont Roucous depuis le temps. Quand je bois juste un verre d'eau, j'utilise aussi la Mont Roucous. Le but est d'essayer de la reconnaître entre mille. 

Il n'est pas facile au début de savoir où/quoi chercher. Seule la pratique paye. C'est aussi pour ça qu'au début, il est plus simple et pédagogique de n'utiliser qu'une seule eau.

Enfin, je ne fais cela qu'avec un matériau "neutre" comme la porcelaine, le but étant pour moi d'observer seulement l'influence des feuilles, démêlée de celles de mon matériel comme la glaise d'une de mes théières, ne connaissant par leurs influences exactes par coeur. Exit la théière donc. Aussi, le temps de verse d'une théière sera bien trop long pour l'effet recherché.








Je terminerai par dire que je fais tout ça quand j'ai envie d'évaluer un thé, et pas juste envie de me boire une tasse, relax. Mais force est de constater que j'aime cette analyse, surtout que je bois pas mal d'échantillons. Je trouve ça assez fun, mais c'est somme toute très personnel. 


À bientôt !


PS : les photos auraient pu coller un peu plus au sujet, mais je viens d'atteindre la limite gratuite de stockage fournie par blogspot (Picasa). Aussi, j'ai fait au plus rapide avec des photos que j'avais stockées ailleurs, mais je vais essayer de trouver une autre solution à l'avenir (gratuite, non fastidieuse, et où je ne perds pas les droits de mes photos en les uploadant...)

samedi 17 novembre 2012

jeudi 15 novembre 2012

lundi 12 novembre 2012

Bai Ying Shan Raw Puerh 2008 (Hojotea)






Après avoir présenté l'un de des deux puerh "avec défaut" de la nouvelle sélection d'Akira, je fais un saut qualitatif en passant à ce Bai Ying Shan de 2008. C'est le plus cher des sept nouveaux puerh, à savoir 0.33€ le gramme. 










Avec Akira, il ne faut pas s'attendre à du stockage humide bien entendu, et l'odeur de la galette le prouve tout de suite : du fruit, du fruit, et encore du fruit (abricot et autres fruits secs). Pour plus de détails sur ce thé, je vous renvoie à la fiche qu'il consacre à ce thé, encore une fois très intéressante pour qui voudra comprendre sa démarche.











Je sors mon set en porcelaine préféré. J'ai choisi de mettre la dose, tout simplement car je l'ai déjà goûté une fois rapidement, mais pas de façon analytique, juste pour accompagner un bon bouquin, et il m'était apparu comme un thé doux, sans défaut, ce qui pour moi représente un gros feu vert vers la route des dosages ©bûcheronnesques... 10 grammes donc, et en avant !










Le résultat dans le zhong chaud est une effervescence d'arômes fruités. Il y a aussi un parfum de thé rouge, faute d'autres mots plus précis. On est proche d'une Mi Di, d'un style assez jeune mais étonnamment mûr, avec peut-être un peu plus de profondeur, en tout cas en ce qui concerne ces effluves, en général très bons indices pour la suite de la dégustation. 













Très court rinçage car les feuilles sont faiblement compressées. Eau de rinçage limpide. Le fond de tasse est déjà prometteur. C'est horizontal à souhait, les vapeurs se sentent au fond de la gorge.













On ne change pas une tactique qui gagne, donc je commence par une vraie infusion flash. Le dosage aidant, c'est ultra prometteur. On dirait que le liquide est gras.







Une gorgée de cette courte infusion suffit. Voici les mots dans l'ordre qu'ils me sont apparus : fruit, sensations de gorge, évolution rapide, sucre, longueur, hmmmmmmm... Cela mérite quelques secondes de plus d'infusion, mais le retour de saveurs et les sensations de gorge sont incroyables. Je bute un peu sur une saveur que je connais mais que je n'arrive pas à nommer, celle qui se rapporte aux arômes de thé rouge cités plus haut. 








Ce thé me plonge directement dans mes souvenirs de Malaisie, à goûter des thés de la collection personnelle d'Akira. On est sur ce qu'il aime, et ce que j'aime aussi : du thé pur, propre, fruité, profond. Certains préfèrent une dose d'amertume plus prononcée, des thés moins sages.

L'amertume est souvent perçue comme un signe de future grandeur. On parle de puerh limite "imbuvables" lorsqu'ils sont jeunes, mais qui donneront des choses extraordinaires après plusieurs années de stockage. Je n'ai honnêtement aucune expérience en la matière et respecte ce genre de discours, notamment quand il vient de Toki ou de Nada. Mais les aficionados de l'amertume des jeunes puerh ne trouveront pas leur compte dans ce thé, ni même dans la sélection d'Akira oserai-je dire. Ceux qui connaissent savent de quoi je parle. Il n'y a qu'à regarder sa Bulang de 2010 : peu voire pas d'amertume. Au passage, pour ceux qui aiment ça, ce qui est aussi mon cas, je ne saurai trop conseiller la Bulang 2012 d'Essence of Tea. Une merveille...








Cela dit, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'amertume dans ce thé qu'il n'a pas les qualités requises pour se hisser parmi les plus grands, à mon goût bien entendu. La longueur est tout bonnement incroyable. Occupé à prendre des photos, j'ai eu des retours de fruits (poire) plus de 5 minutes après. Et je suis encore sur ma toute première infusion flash, à la bouche très discrète ! 








La deuxième infusion, entre 5 et 10 secondes, offre plus de choses en bouche. Les papilles travaillent. L'astringence est cependant faible. La liqueur est d'un orange soutenu. Le plaisir est total. Je pense que je vais passer les prochaines heures (vu le dosage et la longueur en bouche) gavé de fruit. Il y a définitivement pire... Je note sur la longueur un côté boisé, mais pas dans le registre vieux puerh/puerh humide, mais plus dans le sens tonneau en fût de chêne. Et cette alliance de fruits mûrs et de bois me fait naturellement penser à de bonnes "gnioles"...








La session s'est déroulée sur la longueur. Chaque gorgée fut appréciée et laissée durer le temps qu'il se doit pour admirer l'évolution des saveurs. Même après le dîner, je sentais encore la présence de ce thé en bouche. Le lendemain, les feuilles sont passées en terre zini pour de nombreux passages. Le surlendemain, j'y étais encore.

Akira, qui connait mes goûts, avait parié que je tomberai sous le charme. Il ne s'est pas trompé. J'ai encore beaucoup à découvrir avec ce thé que je n'ai fait qu'effleurer. Mais je sens qu'il va devenir un bon compagnon, surtout pendant la saison froide.

Je vous laisse avec quelques clichés supplémentaires.


À bientôt.