dimanche 27 mars 2011

Splitting the cake !

mardi 22 mars 2011

Chao Zhou Teapots (4/4) : Effets sur le Thé & Réflexions







Voici le dernier article de cette petite série. Je vais y parler entre autre de l'impact de cette théière sur le thé après une petite introduction.


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Ces dernières semaines, grâce à une personne extraordinaire du monde du thé, j'ai beaucoup appris. J'ai appris que le thé, ce n'est pas forcément simple, qu'à l'instar de toute discipline, plus on voulait progresser, plus il fallait se donner, étudier et expérimenter. Sérieusement. Plus on avance, plus on se rend compte de la complexité de la tâche à accomplir. Attention, ce n'est pas une condition nécessaire pour être amateur de thé. Cela peut être simple et le rester pour celui qui le veut. Mais ce n'est pas la voie que je prends actuellement, assez terre à terre, avec pas mal d'exercices, de tests, sur l'eau, les arômes et le sacre saint after taste (longueur en bouche). J'y reviendrai. Tout cela n'est pas gratuit. Le but est de mieux ressentir la profondeur du thé, de développer le palais et le nez afin qu'ils soient plus précis. Cela va demander du temps, beaucoup de temps même.








Boire boire boire. Voilà tout ce que j'avais à l'esprit. Mais il faut maintenant que je m'attarde sur le reste, que je reprenne les choses dans l'ordre. L'eau, bien évidemment, peut être le plus important de tout. Je le réalise à présent. J'ai par exemple découvert que les compte-rendus de dégustation de mes derniers articles n'étaient pas aussi objectifs que je les voulais, et ce à cause de l'emploi de ma bouilloire Lin's qui change des choses sur le rendu final, par rapport à une bouilloire plus neutre en inox. Je suis en train d'expérimenter ses effets précis. L'eau donc...








Je l'ai déjà dit, mais je le crois à présent encore plus nettement TOUT a une influence sur le thé. Il faut en avoir conscience. Et à ce petit jeu là, la théière a un rôle très important. Son utilisation, son affectation doivent être en accord avec le thé et l'eau choisis.

Il ne faut pas attendre de miracles des théières, quels que soient leurs prix, aussi extravagant soient-ils. Bien souvent, si elles apportent des choses, elles en enlèvent aussi. Elles transforment. Les utilisateurs réguliers de la porcelaine vous le diront. Ceci n'a rien à voir avec le fait d'aimer le résultat ou non. Pour moi, une théière change le résultat. Point. Le but est de la faire coller à ce qu'on veut, et de ce qu'on est prêt à céder pour l'obtenir.

On peut, par exemple, pour profiter d'une longueur en bouche accrue, sacrifier les arômes, parfois de manière assez importante. Dans ce cas précis, on trouvera ou non que cela est judicieux pour certains thés à l'after taste puissant, comme les dan cong. Mais celui qui y sera moins sensible ou qui privilégiera autre chose ne sera pas satisfait du résultat. C'est un choix, une affinité entre la théière, le thé, et l'eau. Tous peuvent être de qualité mais ne pas s'entendre entre eux.








Pour en venir plus précisément à cette théière Chao Zhou, elle travaille sur la texture. Quelle que soit la quantité de feuilles employée, elle vous délivrera une liqueur douce et soyeuse. Elle supprimera l'astringence de manière significative. Je l'ai remarqué en lui donnant des feuilles du dan cong le plus astringent que je connaisse, en quantité, et elle m'a livré à la sortie un petit lait d'une douceur superbe.

Le côté sucré des thés est vraiment mis en avant grâce à cette théière. Dommage que la forme ne se prête pas aux dong ding ou autres petits bonbons aux miels. Il me faudra cependant faire des essais avec baozhong torréfiés (qizhong) ou âgés.








Elle gomme un peu la torréfaction des thés pour se concentrer sur ce qu'il y a au-dessous. C'est d'ailleurs sur cette catégorie qu'elle tire le mieux son épingle du jeu selon moi. En particulier sur les thés de rochers. En effet, je gardais le meilleur pour la fin, car là où elle excelle vraiment, c'est sur la mise en avant de la minéralité des thés. On gardera ainsi en bouche cet aspect après que le reste ait disparu, cette impression minérale, ultra présente dans les wuyi yan cha.

Dès que je m'en suis aperçu, aiguillé par les conseils de Tim il faut l'avouer, j'ai donc essayé beaucoup de thés de cette famille avec cette Chao Zhou. A la boutique de Postcard, Tim nous avait fait un blind test avec son Rou Gui de Maître Xu, une tasse préparée en zhong, l'autre avec une théière identique à la mienne, même paramètres. Le résultat était - étonnamment - exactement l'inverse de ce que j'aurais cru, chose confirmée par des essais à la maison. Le thé dans cette théière est plus présent, plus précis, plus intense qu'en zhong, alors que je l'aurais pensé plus arrondi.








Cela dit, je dois avouer que ça ne marche pas avec tous les wuyi yan cha. Certains gagnent à être infusés avec cette théière, tandis que d'autres sont justes meilleurs en zhong. Ma Yixing qui officie aussi sur les Wuyi Yan Cha tire également son épingle du jeu pour certains d'entre eux, mais pas tous. C'est à la fois frustrant et normal. Un bon thé de rochers demande un savoir faire pour être préparé. Et on en trouvera de plein de sortes différentes : des jeunes, des vieux, des feuilles plus ou moins oxydées, torréfiées plus ou moins fortement, au charbon de bois ou non, une ou plusieurs fois, avec plus ou moins de temps entre elles, etc. Il parait donc "logique" qu'une unique théière ne puisse convenir à cette famille. Par contre, la porcelaine, elle, sera toujours fidèle, et si elle est de qualité, le résultat n'en sera que plus beau.

Les photos de cet article ont été prises sur deux soirs consécutifs avec le même thé, le Rou Gui de Maître Xu vendu par Postcard Teas, un soir en porcelaine et l'autre en théière Chao Zhou. Très beau thé au passage, que je connais un peu pour le côtoyer depuis un peu moins d'un an, tout en finesse, bien différent des autres thés de rochers que je connais, souvent très torréfiés, plus forts et moins subtils. Moins prestigieux que le Da Hong Pao du même Maître Xu, mais très bon néanmoins.








Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire sur les sujets évoqués ici, mais il faut bien en laisser pour les prochaines fois.


À bientôt !


dimanche 20 mars 2011

Gambatte kudasai !






Une pensée pour le Japon, pour ces gens qui risquent gros mais qui luttent contre la catastrophe coûte que coûte. À ces gens qui souffent.

A thought sent to Japan, to those people who are struggling at a high cost against disaster no matter what. To those people who are suffering.






jeudi 10 mars 2011

Au temps de Botchan - Réédition






Je fais une courte digression dans mes articles actuels pour souligner une excellente nouvelle : la réédition du manga de Jirô Taniguchi : Au Temps de Botchan, précédemment sorti en 2002 chez Seuil, mais dont l'édition a malheureusement rapidement été arrêtée. Je me demande toujours pourquoi, car il s'agit, et de loin, du meilleur manga jamais publié à mes yeux sur le sol français...

Pour ceux qui s'intéressent un tant soit peu à la culture nippone, cette série en cinq volumes constitue une œuvre-clé pour la compréhension du Japon moderne. Elle se focalise en effet sur l'ère Meiji, période de l'ouverture et de la modernisation du Japon, de l'amorce de la sortie de son système féodal, et suit des artistes et autres personnages importants, témoins et acteurs de cette révolution.







Allergiques et autres abonnés aux préjugés du manga, je vous conseille de vous laisser séduire. Il s'agit ici d'une entreprise unique, un manga littéraire, né de la collaboration entre le scénariste Natsuo Sekikawa et Jirô Taniguchi, surement le plus grand mangaka existant, à mes yeux en tout cas, dont je ne peux que vous conseiller des œuvres telles que Quartier Lointain, Le Journal de mon Père, l'Homme qui marche et l'indispensable Gourmet Solitaire (à lire le ventre plein !)

Le premier volume déjà paru suit le célèbre écrivain Natsume Soseki, auteur de Botchan, un best-seller lu par quasiment tous les jeunes japonais et dont cette série emprunte le nom.

Un autre volume est prévu pour 2011 et les trois autres pour 2012. Courez l'acheter !!


À bientôt !


Les images sont copyright Casterman.

mardi 8 mars 2011

Chao Zhou Teapots (3/4) : My Chao Zhou Teapot







Une belle théière, voici quelque chose que tout inconditionnel de thé aime avoir entre ses mains. Il en existe plein de sortes, avec diverses variations de glaise, de forme, de taille, mais aussi de provenance et d'histoire. Chaque petit détail aura son importance et une influence sur le résultat. Elles garderont en mémoire les infusions précédentes, le type de feuilles utilisées, jusqu'au type d'eau employé. Elles changeront l'expérience de la dégustation. Presque plus important que le reste, le plaisir de les utiliser sera déterminant.

Je vous l'ai montrée en image d'introduction lors des deux derniers articles, voici la petite dernière, pas la "dernière-dernière", mais la plus récente. En tout bon aficionado/collectionneur, je travaille déjà à la suivante...

Comme évoqué plus tôt, celle-ci, je l'ai commandée il y a de nombreux mois, puis me la suis faite garder jusqu'à mon voyage à Londres. Trop de colis coulés dans la Manche ces derniers temps. Hors de question que ça arrive à ma théière !






Je ne vais pas me perdre en longs discours, juste laisser parler les images. Merci Philippe pour l'idée du diaporama. Je n'ai pas l'option musique, mais les possibilités auraient été trop nombreuses. Ça limite de plus le plagiat !

Un petit mot tout de même : cette théière a été confectionnée par Zhang Yanming, un potier très connu en Chine. Il est le représentant de la 4ème génération de potiers dans sa famille. Il a un fils qui fabrique à présent de très beaux objets également. Dans l'article précédent, les théières avec de grandes anses circulaires dominant le couvercle sont le résultat de la collaboration entre le père et le fils (Zhang Haiyuan). Il fabrique des théières dans la pure tradition Chao Zhou depuis plus de 40 ans et a reçu le titre de "Maître National en Céramique" de la part du gouvernement chinois, rejoignant ainsi un groupe restreint de 90 artistes dont il est le seul représentant de son style. Le voici en photo, mais vous l'avez vu déjà vu en vidéo...








11,5cl. J'ai choisi la forme plate car je la destine aux thés aux feuilles longues : dan cong et wuyi yan cha. Les finitions sont splendides. La verse superbe : pas une goute ne perle du couvercle et ce dernier est suffisamment ancré en profondeur pour verser sans le tenir. La finition est lisse est très douce. L'infusion de thés torréfiés donne aux parois une belle couleur rouge profond comme sur la première photo de cet article. Un bonheur de la manipuler. Cette théière n'est pas fragile. Les parois sont entre fines et moyennes et elles retiennent très bien la chaleur.

Esthétiquement, j'adore le bec un peu recourbé et surtout le bouton et les rainures juste au-dessous. Elle est à la fois belle et pensée pour être efficace, combinaison pas forcément présente dans toutes les théières, même de qualité. On sent le savoir faire du créateur, doublé d'un amateur de thé. Je vous renvoie aux vidéos du premier opus de cette série pour voir l'artiste à l'œuvre.

Le reste se passe en images.






Il a aussi réalisé les tasses que je vous présente ici, qui complémentent à merveille la théière pour un gong fu cha "Chao Zhou style."










Je parlerai dans le prochain article de l'effet de cette théière sur le thé.

À bientôt !

mercredi 2 mars 2011

Chao Zhou Teapots (2/4) : Postcard Teas Expo & Réflections







Mon intérêt pour les théières Chao Zhou vient de mon affection particulière pour les dan cong. Cette famille de thé propose des défis au niveau des méthodes d'infusion que je trouve vraiment intéressants. C'est toute une partie du thé que j'aime. La préparation.

Aussi, je me suis renseigné sur le matériel en vente à droite à gauche. Il semblait d'emblée assez difficile de trouver de bonnes théières pour ces thés assez particuliers, qu'un zhong permet de réussir à merveille soit dit en passant...


Voici les options possibles que j'ai retenues :

- théières spéciales de la maison des trois thés du potier Lin Guo Xian : j'en ai testée une du temps où cela était possible : rendu très classe, mais prix très élevé pour une théière moderne (300€.)

- théières Chao Zhou en vente chez Imen (famille de potiers Wu) : pas mal de feedback, surtout en provenance du vendeur en qui j'ai toute confiance. Visiblement une bonne théière.

- théières de Tokoname de Gisui vendue par Akira Hojo et qui d'après lui s'en sort à merveille avec les dan cong. Connaissant son jusque-boutisme, j'imagine qu'il a du pratiquer de nombreux essais avant d'avancer cela.

- théières Chao Zhou en vente chez Postcard Teas.


C'est cette dernière option que j'ai finalement retenue. Ce choix n'a pas été anodin. À ce niveau, je pense que les lecteurs se doutent que le petit jeu de la sélection d'une théière, avec le glanage d'info qui va avec, est quelque chose qui me plait beaucoup...








Je connais Postcard Teas depuis presque un an maintenant. J'avais rendu visite à Tim un peu par hasard lors d'un stage à Londres. L'accueil qu'il m'avait réservé avait été incroyable. À la fois humble et modeste, Tim a parcouru beaucoup des pays producteurs de thé de la planète et a ainsi eu la chance de s'entretenir et de lier des liens avec des personnalités importantes. En Chine par exemple, il travaille avec Maître Xu pour ses thés de rochers, celui-là même qui s'est occupé pendant 15 ans du soin apporté aux théiers légendaires Da Hong Pao, patrimoine mondial de l'Unesco, et qui a supervisé la cueillette et la préparation de leur dernière récolte (à présent interdite) qui est maintenant exposée dans un musée. Il est très connu en Chine. J'ai d'ailleurs ramené quelques-uns de ses thés. Inutile de dire que c'est de la qualité. Mais j'y reviendrai...

Pour les Dan Cong, il traite avec Maitre Wang qui possède ses propres arbres et que Tim décrit comme un vrai artiste du Dan Cong. J'essaierai de réunir assez d'info pour écrire un article sur cet homme.








Bref, j'ai tout de suite aimé la mentalité de Tim. Il met en avant le travail des autres, de ces artistes dont on n'entend que très peu parler mais qui sont pourtant au cœur de tout : des personnes comme Maître Xu ou Maître Wang. Si vous parcourez le blog de Tim, Single Estate Tea, vous découvrirez aussi d'autres personnes comme Maître Luo, très connu pour son Long Jing notamment. Également, il travaille avec des japonais comme Maître Yoshida. Je vous invite à aller voir par vous-mêmes, si vous lisez l'anglais.

C'est une belle leçon que m'a enseignée Tim : le thé c'est bien, la qualité de l'arbre, des feuilles, mais il ne faut pas oublier que ce sont des personnes qui sont au centre de sa création, des héritiers ou héritières d'un savoir-faire souvent séculaire. En tant que consommateur, on ne voit le plus souvent que le bout de la chaine, la marque, l'enseigne, car c'est ce qui est mis en avant. Mais s'intéresser au thé devrait aussi être à propos de ces personnes sans qui on ne boirait que du thé en boite ou en sachet de basse qualité pour la plupart.








Si vous parcourez le site de Postcard Teas, vous pourrez voir que Tim porte une extrême attention à toute la chaine de fabrication des thés, offrant une grande "traçabilité" de ses produits. Et si vous vous rendez sur place, ce sera une multitude de photos qui vous seront proposées. Vous verrez les arbres, les personnes qui en prennent soin et les machines qui sont utilisées. Il a de vrais petits trésors sur ses disques durs, des vidéos des Maitres en train de préparer leurs thés très modestement chez eux. Inutile de dire que je le tanne pour qu'il poste tout ça, mais il est très occupé comme on peut s'en douter. On verra bien...




 




Donc suite à ma première visite, on a gardé contact. À l'époque, il m'avait dit qu'il allait bientôt proposer des dan cong suite à sa rencontre avec maître Wang. Son assistante, Lu, quant à elle, est partie à la rencontre de l'une des deux familles les plus connues de potier Chao Zhou : la famille Zhang, forte de maintenant cinq générations de potiers traditionnels.




 




De cette rencontre est née une collaboration qui a donné naissance à une exposition à Postcard teas avec un temps fort en novembre dernier. Malheureusement, je n'ai pas pu m'y rendre. Mais les pièces qui ont été exposées, et qui n'ont pas encore été vendues, étaient encore présentes et c'est avec une extrême gentillesse (et confiance) que Tim a ouvert les portes de ses vitrines lors de mon passage récent avec un ami (qui fort heureusement a pris des photos qui devraient être plus réussies que les miennes, Leica oblige) afin de pouvoir admirer de plus près, voire toucher ces magnifiques objets. Ici, les clichés pris avec mon compact pourraient être mieux, mais j'espère qu'ils donnent quand même une bonne impression de ce que sont ces incroyables objets.








Bien avant l'expo, je m'étais engagé dans l'achat d'une de ces théières (bon ok, la moins chère, mais dont le design est tout de même superbe.) Maître Di Liu, que vous pouvez voir ci-dessous préparer un thé à l'expo de Postcard Teas justement, a choisi la même. Une plus ample description de ma théière sera faite dans l'article suivant.








Voilà pour cette fois. Je vous laisse en compagnie du reste des photos que j'ai prises ce jour-là.





















À bientôt !