Voici le milieu de gamme actuel que propose Akira Hojo pour ses dan cong. Environ 21€ pour 15g de thé, soit ici 7€ la dégustation. Ce n'est pas tous les jours que je me paye une session comme celle-là. Mais après une telle expérience, j'ai bien envie de recommencer plus souvent. Il ne s'agit pas d'un thé banal. On est plus proche d'un Côte Rôtie que du Côtes-du-Rhône ordinaire. Autant le dire tout de suite : pour moi, ce prix est parfaitement justifié. Bien entendu, on aimerait pouvoir acheter un tel thé moins cher, mais c'est tout simplement impossible. D'ailleurs, Akira a marqué dans son article qu'une fois son stock écoulé, ce serait fini et qu'il lui faudrait trouver un autre thé. D'où l'envie pour moi de "l'immortaliser" ici. Voici mes sensations prises en direct pendant la dégustation.
Feuilles superbes, aucune brisure, un parfum très prometteur...
Protocole habituel : 5g dans un zhong de 10cl
Odeur des Feuilles Sèches : je n'ai jamais trouvé autant d'odeurs à des feuilles non hydratées : c'est pâtissier, on sent du miel, des fruits rouges ; on a une seule envie : les manger !
Odeur des Feuilles Sèches dans le Zhong Chaud : plus floral, style Zhi Lan Xiang. Étonnant ce revirement.
Bref rinçage. Ça sent super bon. En 5 secondes, la liqueur a pris une couleur orange pâle. Je vais infuser court au début.
Odeur des Feuilles Rincées : on est encore dans un registre plus floral. Ça promet...
Feuilles après rinçage...
Première infusion : 20 sec : les parfums du pot de réserve sont extraordinaires : je ne m'y connais pas assez en odeurs de fleurs pour identifier ce parfum, mais c'est un véritable bonheur. L'odeur est un peu "sucrée". Le pot conserve longtemps ces parfums, je n'en perds pas une miette puis passe aux feuilles dans le zhong qui sont un peu plus poivrées.
Le thé en lui-même n'est pas corsé. Il est doux et glisse dans la bouche. Au bout d'une quinzaine de secondes après l'avoir avalé, une douce sensation d'astringence vient porter son lot de saveurs. C'est plus subtil que le Mi Lan Xiang fruité, moins long peut-être mais plus fin. Ce que je sens me fait penser à des fleurs, mais je n'en suis pas sûr en fait. Il y a un aspect fruité mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Peu importe.
Je note que j'aurais pu pousser un poil plus, mais je n'aime définitivement pas les dan cong de ce type trop infusés. Les feuilles sont encore très peu ouvertes.
Après la première infusion...
Je verse l'eau délicatement sur les bords du zhong pour ne pas choquer les feuilles. J'arrête l'infusion au bout de 40 secondes. Les parfums du pot sont enivrants à un point... Je n'ose trop utiliser de superlatifs et pourtant... J'attends un peu avant de boire cette seconde infusion. J'ai fait une erreur : ce thé a bien plus de longueur que le Mi Lan Xiang. Elle est juste plus discrète. J'attends encore un peu... et me lance.
Beaucoup plus fort, surement trop à l'attaque pour certains. Mais quelle explosion... À partir de là, je peux le dire sans crainte : j'ai entre les mains le meilleur dan cong que je connaisse. Un truc de fou. Peut être le meilleur thé que j'ai eu la chance de boire. Je ne sais combien de temps il va me falloir pour avaler la deuxième tasse de cette infusion, et après cela de passer à la troisième, tellement il y a de longueur. Quand on croit que c'est fini, on se rend compte que non, qu'il y encore quelque chose, ou bien est-ce quelque chose qui était là mais qu'on n'avait pas remarqué. 2ème tasse : fleur, très végétal, avec de la pêche blanche et de l'abricot. Superbe.
Bon alors combien de temps pour la 3ème ? Celle-ci était forte mais extra. Les feuilles sont loin d'être encore ouvertes. Allez, je me lance. Au feeling.
Interlude hivernal...
50 secondes. Je me noie dans les parfums du pot. Je dois bien y rester le nez collé deux minutes avant de me décider à tremper mes lèvres. Le temps était sans doute trop fort, mais je m'en fiche. Ce qui suit derrière est époustouflant. Mince alors, je vais bientôt manquer de superlatifs... J'essaierai quand même à la prochaine un temps plus court pour voir. J'ai l'impression de manger une fleur, un pistil jaune.
Je reviens pour la suivante à 20 secondes, pour voir. Les odeurs du pot sont plus fines. Comme souvent pour les wulongs, plus j'allonge, plus j'ai l'impression qu'un côté sucré se développe, venant couvrir la sécheresse de certains tanins. Je bois un peu d'eau fraiche pour "reset" ma bouche qui contient encore l'influence des infusions précédentes. Je devrais peut-être le faire plus souvent pour les thés avec une grande longueur. Je le note...
Bon ben cette infusion de 20 secondes est très honnête. Ce n'est pas les mêmes saveurs, c'est plus léger, plus séveux aussi, plus chlorophylé. Je suis sûr que certains préféreraient ce genre de résultat à mes infusions plus longues. Bonne tenue en bouche également. Et dire que les feuilles ne sont pas encore pleinement ouvertes... J'aurais peut être du me limiter à 4g pour celui-là.
Après la quatrième...
50 secondes : temps médian. Bel équilibre des odeurs du pot. Quelle douceur en bouche... Ce dan cong est un bon terrain de jeu et offre des choses différentes en fonction de sa durée d'infusion, de quoi s'amuser.
À ce niveau de la dégustation, j'ai peur que mes papilles ne saturent, que je ne sente plus les mêmes choses, la même longueur.
Je vais essayer quelque chose. J'aime bien expérimenter. Je vais faire une infusion très longue pour ouvrir les feuilles et une très courte ensuite.
2 minutes : je n'ouvre pas le zhong avant de verser pour garder la chaleur. C'est un peu paradoxal : ces thés sont tellement longs en bouche qu'il faut attendre que l'effet ne s'estompe, et pendant ce temps, le matériel refroidit inexorablement. Je sais que ça se fait de tout re-préchauffer entre chaque infusion. Pourtant, je n'ai pas envie de le faire. La flemme sans doute. Et puis je suis déjà pleinement satisfait comme ça.
La liqueur est forte mais se boit. Mais j'ai aussi la sensation que mes perceptions ne sont plus celles que j'avais au début. On arrive sur du plus vert, comme si on mangeait des plantes, mais le tout étant très doux.
30 secondes : c'est bon aussi, mais à présent j'en suis sûr, mes papilles sont saturées et mes perceptions ne me permettent plus d'être précis. À moins que le thé ait perdu. Ou bien les deux phénomènes se superposent.
J'arrête ici. Je sais que les feuilles n'aiment pas les interruptions mais j'essaierai quand même. De plus, la flamme de mon bruleur vient de s'éteindre faute de combustible. C'est un bon moment pour arrêter. Et dire que les feuilles s'ouvrent à peine...
Grande nouvelle : le projet Japan 2011 est lancé !
Je reviens une heure après et ce n'est plus ça. Peut être ce thé avait perdu de sa force, ou peut être que les feuilles se sont amenuisées pendant cette heure sans infusion. Je ne sais pas. Ce n'est pas bien grave, ce que j'ai vécu restera comme l'une de mes meilleures expériences gustatives.
Ce que je changerais la prochaine fois avec ce thé : 4g au lieu de 5. Comme quoi, il y a toujours des exceptions. J'ai infusé une vingtaine de dan cong différents depuis que j'ai commencé, et ce dosage m'a toujours satisfait. Ce thé est vraiment unique. À bien y regarder, certaines feuilles ne sont pas du tout ouvertes. Je pense que même en mode "gong fu" il faut quand même laisser de l'espace pour qu'elles s'ouvrent un minimum.
Théière ? J'essaierais oui, ne serait-ce que par curiosité.
On remarque que les feuilles ne se sont pas totalement ouvertes, certaines sont même loin de l'être.
Conclusion : elle est assez visible de par l'emploi de superlatifs... Ce thé est un dan cong d'exception, dont le prix est pour moi en total accord avec le plaisir qu'il procure. Il vous donne envie de jeter tous vos thés bons mais pas extra et de ne boire que des choses du même acabit. Mais voilà, on ne débouche pas un Côte-Rôtie à chaque repas... Mais l'important est de savoir quel effet ça fait.
A bientôt !
Prochain article : Mi Di Raw Puerh de Hojo's Tea