jeudi 23 août 2012

Quick Review (1) : Sencha de Hon.yama, Yokosawa (TdJ)


  



C'est un réel plaisir d'inaugurer cette série Quick Review avec un thé japonais, et pas des moindres... Voici un sencha de Hon.yama, Shizuoka, Tamakawa. Bon ça fait beaucoup de noms compliqués pour un/une néophyte, alors, pour faire simple, c'est un thé provenant de la région de Shizuoka, la première région productrice de thé japonais du Japon. Hon.Yama est situé au nord de Shizuoka city. Le thé provenant de Hon.Yama est réputé pour avoir été très apprécié par le Shogun Tokugawa Ieyasu. Tamakawa est une zone précise de Hon.Yama dont je vous invite à aller voir des photos sur le blog de Florent. Pour d'autres photos et informations complémentaires sur Hon.Yama, je vous conseille la lecture de ces articles d'Akira : ici et ici (in english in the text).

Il s'agit d'un futsumushi sencha ou asamushi sencha, c'est à dire un sencha à étuvage standard qui se reconnait à ses longues feuilles, contrairement au fukamushi sencha qui aura subi un étuvage plus long et sera composé de feuilles plus brisées. Voilà pour les présentations...








Les feuilles sèches sont très belles et sentent très bon. L'ouverture d'un paquet neuf de thé japonnais est un grand moment. Je ne loupe en général pas une miette de ces arômes que me livrent les feuilles emprisonnées pendant plusieurs semaines dans leur emballage, ici sous vide, tout à coup libérées. C'est toujours intense. La première impression est ici fruitée. Puis, à sentir de plus prêt (littéralement), les feuilles dégagent un je ne sais quoi de pâtissier, genre pâte d'amande. Bref, c'est très appétissant.

Les paramètres utilisés sont inspirés de ceux de Florent de la boutique Thés du Japon dont provient ce sencha :

5g - 70cl,

1ère infusion : 60°C/1'30, 
2ème : 70°C/30", 
3ème : 75°C/1', 
4ème : 80°C/3', 
5ème : 90°C/5' 
(les temps sont indicatifs car je n'ai en fait pas utilisé de chronomètre).

J'utilise comme toujours de l'eau Mont Roucous. Mes essais récents avec de la Volvic m'ont déçu. Trop rond, surtout en théière qui va arrondir encore par dessus. Enfin, pour cette première rencontre, j'utilise la porcelaine, en l’occurrence un zhong, le temps de recevoir un kyusu en porcelaine que j'ai commandé il y a peu.

Histoire de contredire mes articles précédents, je dirais que les théières sont en général plus adaptées pour les thés japonais. Mais un bel asamushi juste sorti de son paquet sera très beau en zhong. Rendez-vous dans les commentaires où j'essaierai de penser à parler des différences rencontrées en théière, et n'hésitez pas à aller voir les derniers articles de Florent qui évoquent ce sujet.








La première infusion est aussi limpide que de l'eau de source. Le plaisir est immédiat. On est vraiment dans un registre qui me plait beaucoup, différent d'autres asamushi. Est-ce le cultivar, ici Yabukita ? J'en doute... Le fait que ce soit un sencha "de montagne" ? Ou simplement le caractère que lui a imprimé son créateur, Monsieur Tsukiji ? En fait, son but ici a été d'intervenir au minimum et de laisser les feuilles parler le plus possible.

Il me rappelle un autre sencha que j'ai bu l'année dernière, un asamushi acheté chez Tim qui, pour les thés japonais comme pour le reste, s'intéresse plus au côté traditionnel et authentique qu'au reste, ce qui paye en général. Je pense avoir ici une partie de ma réponse...

Des notes aiguës, fruitées et florales, sucrées. Voici ce qui ressort de cette première rencontre. En particulier, j'y ai trouvé des saveurs faisant penser à celles de pommes à peine mures, genre Granny, quand elles sont encore vertes, sans d'acidité cela dit, juste une petite astringence très sympathique au demeurant. 

La longueur est vraiment exceptionnelle, rarement vu cela dans un sencha. On a droit à de belles notes sucrées et fruitées pendant un très looooooong moment.

Pas d'umami prononcé, ce qui n'est pas pour me déplaire. Bref, un excellent sencha, le meilleur de 2012 pour le moment et haut la main. Il faut dire qu'il tombe pile poil dans mes préférences en la matière.








Ce n'est pas en une seule rencontre que je vais pouvoir raconter ce thé en détails. Car on est ici dans la finesse et la subtilité. Mais j'ai hâte de faire plus ample connaissance avec ce sencha.

Merci Florent de nous dénicher de telles merveilles !

À bientôt !



PS : bon, c'est pas si court que ça en définitive, mais ça m'a pris quand même moins de temps à faire ce qui est le but.

PPS : Pour les sceptiques des radiations : on en entend des vertes et des pas mures quand on boit du thé japonais ou bien encore que l'on se rend au Japon. Sans vouloir m'étaler sur ce sujet (susceptible de m'énerver passablement), sachez que ce thé, à l'instar de toutes les denrées alimentaires en provenance du Japon, a été testé. Et les résultats ne montrent plus aucune trace de radioactivité...


13 commentaires:

  1. Une première "Quick" qui m'enchante, voilà exaucé mon voeu d'un article sur un vert japonnais.
    Un thé que j'ai eu la chance de déguster ce matin, hier, avant hier ...
    Pour tout dire j'en suis fou.

    Pour les paramètres j'ai sensiblement les mêmes au niveau des temps d'infusion et de la température, en Nosaka réduction avec 8g / 110ml pour ma part.
    Je te rejoins sur la longueur en bouche, c'est juste magnifique et énorme...
    Tout dans ce thé est équilibre, le pôle aromatique est très présent sans être lassant, l'astringence existe mais ne vient pas couvrir le tout.

    Ce thé est ce qu'on appelle du bonheur en feuilles

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  2. tiens, je ne connaissais pas le cultivar "Yubukata"...°_°

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  3. Merci Gr3e. Tes paramètres font envie... Dernièrement, j'essaye d'allonger le temps d'infusion plutôt que d'augmenter la quantité de feuilles. Mais j’essaierai !

    Lionel, voilà un inconvénient des Quick Reviews ! Une erreur à présent corrigée, merci. Il fallait lire Yabukita, le cultivar le plus représenté au Japon pour occuper les 3/4 de la production.

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  4. première quick review très réussie, j'espère que d'autres suivront.
    en tout cas ça donne terriblement envie de goûter ce sencha (ce qui à vrai dire ne saurait trop tarder :)

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  5. Sinon pour un bon coup de massue dans les dents j'ai testé zhong 50 cc 5 Grammes 1'30 /'30/1'00/2'00 et figurez vous que c'était magnifique aussi !

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  6. Ça ne m'étonne pas plus que cela, avec un excellent thé comme celui-là, on doit pouvoir - et à mon avis c'est même une bonne chose - côtoyer les extrêmes. Je vais faire un essai avec un dosage juste "costaud" et je verrai après pour la version massue ! ;-)

    Merci !

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  7. Un thé qui fait drôlement envie. Je l'avais déjà repéré sur le blog de Florent (avec les magnifiques photos du lieu). Et je dois dire que ton article est tout aussi engagent.

    Et je confirme, en ce qui concerne la radioactivité, les thés en provenance du Japon sont analysés, analysés, et re-analysés. Et je peut dire que les quantités prélevées en Europe pour effectuer les tests sont particulièrement conséquentes, et on ne "laisse rien passer"! Par contre, j'ai l'impression que pour les sceptiques, il n'y a pas grand chose à faire... Bref, sujet qui m'irrite aussi pas mal.

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  8. on pourrait être tenté de se réjouir, après tout qu'ils nous les laissent ces thés japonais, ça en fera + pour nous et les prix seront plus intéressants, mais au final ce sont les producteurs qui en pâtiront, et par conséquent les consommateurs aussi.
    bref, des rumeurs non fondées qui font du tort à tout le monde....
    je pense qu'il est moins dangereux de boire un thé japonais post fukushima que de manger une pomme française blindée de pesticides, boire du vin fabriqué à partir de raisin gorgé de produits chimiques, ou de manger une pizza plein de graisses saturées, de sucres et autres exhausteurs de goût.
    m'enfin...

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  9. Pas mal du tout cette revue rapide ! En tout cas, cela donne envie !

    Sinon, pour rejoindre Sébastien, il est tout aussi certainement meilleur de boire n'importe quel bon thé vert japonais plutôt qu'un quelconque thé de grande surface bourré d'additifs et de rectificateurs de saveur en tout genre mais qui occupe pourtant la plus grosse part de marché dans le monde du thé en occident ...

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  10. Je suis bien d'accord.

    La plupart des gens ne se posent pas les bonnes questions. Et puis, j'ai constaté que lorsque les médias se focalisaient sur Fukushima, la cote du thé japonais a connu une baisse fulgurante. Passé ce cap, les ventes sont remontées. Pourtant, le problème existait toujours, et les japonais, eux, devaient faire avec. Il subsistait, et subsiste encore des irréductibles, qui n'ont pas confiance, et qui pensent sans doutes mettre leur vie en danger avec les thés du Japon. Par contre, ils n'imaginent surement pas qu'ils pourraient soutenir les producteurs, en consommant leurs délicieux thés, qui, avant Fukushima, étaient considérés comme le "must" pour la santé (encore une fois, grâce à la littérature et aux médias occidentaux).

    Vaste sujet...

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  11. Je ne pensais pas intervenir sur le sujet qui énerve l'auteur, mais comme tout le monde s'y met !

    On est de toutes façons entouré de produits dangereux, alimentaires ou non (wifi, antennes relais). Si je buvais du japonais avant (ce qui n'est pas le cas), je continuerai à en boire, de même que je continue à boire du vieux pu er élevé au DDT.

    Le risque de développer des cancers en buvant du japonais post Fukushima est moindre qu'en mettant le wifi chez soi ou en étant près d'une antenne relais de téléphone portable à mon avis !

    Cependant, je voudrais apporter un léger bémol à ce qui est écrit. Les collègues universitaires japonais, lorsqu'ils peuvent parler de manière plus personnelle que de manière officielle, ont une position très différente que les tests officiels. Souvenez vous, les tests officiels montraient que le nuage de Tchernobyl s'était arrêté au Rhin, ou que le wifi n'est pas dangereux ...

    Donc je demeure à l'idée que si on aime cela il ne faut pas hésiter à en continuer à en boire, le risque demeure minime et en tout cas bien plus faible qu'avec plein d'autres produits ; en revanche, j'ai plus confiance en des chercheurs spécialistes du sujet qui en privé vous diront quelque chose qu'en des communications de masse qui ne veulent pas poser un problème à une filière d'un pays important.

    Mais rassurez vous, le vin est dangereux aussi ...

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  12. D'ailleurs David, as tu d'autres conseils à nous donner en terme de découverte de verts japonnais chez flo ? Des thés qui t'ont marqué ?

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  13. Je ne suis peut-être pas la meilleure personne à qui poser la question. Je serais toi, j'enverrais un mail à Florent directement. Lui pourra te conseiller en fonction de tes goûts. Cela dit, ceux que je retiens de l'année dernière sont les Koshun et Asatsuyu. L'Okumidori de Miyasaki est vraiment intéressant cette année.

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