lundi 14 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (6/6)






6 - l'offre : logiquement dans cette liste. Cela prend en compte tous les critères cités plus haut. Si possible, une offre variée permet de gouter à plein de choses différentes, ce qui est toujours intéressant. Chez un vendeur sérieux et constant, peu importe la famille de thé qu'on choisit j'ai envie de dire, car tous auront été sélectionnés suivant la même logique, avec les mêmes critères de qualité. Je sais que personnellement, je me fiche de plus en plus de la famille du thé que je bois, du moment que j'y trouve les qualités que je cherche. "Peu importe le flacon du moment qu'on ait l'ivresse."

Une petite sélection est bien pratique, surtout quand comme moi on aime tout gouter. À ce niveau là, les vendeurs qui proposent des échantillons, ou à l'inverse de gros packs économiques, sont une vraie bénédiction, surtout pour des thés pas donnés.



Voilà pour cette liste certainement pas exhaustive, un peu dans le désordre, mais qui a le mérite de permettre d'évoquer quelques sujets intéressants. Vous l'aurez compris, je dresse un tableau assez négatif du commerce du thé, en France déjà, où les meilleurs vendeurs ont l'air d'être ceux dont on parle le moins (la boutique Chanomi de Valence par exemple), alors qu'à l'inverse, les menteurs voire imposteurs ont pignon sur rue. Il faut dire que moyennant un joli chèque, Paris Match fait un article sur vous dans lequel vous pourrez dire ce que vous voulez, y compris les pires mensonges, et Lu Yu sait que certains ne s'en privent pas. J'avoue l'avoir appris il y a quelques jours seulement. C'est lamentable...

Alors, quelle solution, surtout quand on débute ? À mon avis, ne pas rester seul. Isolé, on ne progresse pas et on est très sensible à la désinformation. On peut se tromper sur des choses de base et persister dans ses erreurs pendant un long moment. La progression nécessitera pour moi est d'échanger, de partager, et de garder son esprit critique aiguisé. Et peut-être est-ce à nous consommateurs d'élever la voix contre les moins bien intentionnés des vendeurs, pour la postérité.


Ceci conclut donc cette série. Toute ressemblance avec une personne ou établissement existant ou ayant existé ne serait probablement pas si fortuite que ça...


À bientôt ! 

http://www.kanchatea.com/






dimanche 13 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (5/6)






5 - le contact, la sympathie, le service client : il est évident que ça va jouer énormément, même si on est plus ici dans le domaine du subjectif. Mais personnellement, je préfère donner mon argent à quelqu'un que j'apprécie, quitte à me priver de certaines découvertes. Et le contact joue un grand rôle évidemment. La disponibilité aussi. En ligne, la correspondance est le seul moyen de bâtir ou non une relation de confiance, ça et ce qu'on boit bien évidemment, qui restera une part importante du choix. Cette communication est une des parties clés pour moi. Car, outre la tasse de thé, l'aspect humain, les échanges, les rencontres, le partage, restent ce que je préfère par dessus tout. 

Je mettrais aussi dans cette catégorie la déontologie. La plupart de mes vendeurs me suggèrent d'aller papillonner ailleurs que chez eux, de voir d'autres choses, d'autres visions. Et c'est sincère. C'est sûr que ça me donne plus envie de revenir qu'un vendeur qui bâcherait tous azimuts. 

Pour l'anecdote, un jour dans un salon de thé japonais à Paris, j'ai demandé quel était le thé qu'on me servait. On me répondit Yabukita, que c'était le seul cultivar important (ndlr : 3/4 des thés japonais l'utilisent). On me demande pourquoi je pose la question, et je réponds que j'avais lu sur le net qu'apparemment, il y en avait plein d'autres ! La réponse fut à jamais disqualificatoire : "faut pas croire ce qu'on lit sur internet, surtout pas ce qu'on lit sur les blogs (sic), que c'est de la propagande publicitaire faite par certaines boutiques qui croient avoir trouvé un nouveau créneau dans le thé japonais, mais ça n'a aucun intérêt". Je suis à présent on ne peut plus fier d'être client de cette concurrence, et, pour l'anecdote, je me régale !! Ailleurs à Paris, dans un endroit où l'on vend des centaines de thé, mais aucun japonais, on m'a dit qu'il ne fallait pas en boire du tout car ils étaient faits avec des colorants... Et c'était avant Fukushima car à présent, je n'ose imaginer les horreurs qu'on raconte... Discuter permet donc de repérer les failles. Croyez-moi, même un supposé maître de thé adulé par la presse peut sortir des âneries assez énormes, et révélatrices...

Je regrette souvent de ne pas avoir plus de contacts directs avec mes vendeurs, de les écouter parler, de me poser dans un coin de leurs boutiques à musarder en buvant un excellent thé. À présent, je n'utilise que la vente par correspondance dans l'immense majorité des cas. Mais tel est le prix à payer visiblement pour avoir une sélection de qualité avec quelqu'un de sérieux, sympathique et doté d'une carte intéressante. 

Autre chose, Mesdames et Messieurs les vendeurs, Maîtresses (wapa !) et Maîtres, sachez qu'un petit échantillon cadeau, ça ne fait jamais de mal ! Je vais vous dévoiler un secret : les amateurs de thé déballent leurs commandes comme des enfants leurs cadeaux le matin de Noël. Et plus il y a de cadeaux... Je ne pense pas trop m'avancer en disant que ça doit être assez rentable au bout du compte. Et bien sûr, à côté d'un vendeur qui fait plein de petits échantillons cadeaux, celui qui sera radin, ou qui n'en fera que rarement, voire jamais, ne partira pas favori. Sans compter que certains vendeurs le font avec un plaisir sincère de faire découvrir des thés assez uniques et sans arrières pensées de rentabilité au bout du compte. Si si. Je connais un établissement où des clients ayant dépensé des sommes assez hallucinantes attendent toujours la couleur d'un geste commercial...

Je terminerais par dire que par correspondance, la protection et le soin en général apporté aux thés et au colis en lui-même auront leur importance. Niveau protection, suffit de regarder un colis en provenance du Japon pour avoir une idée du bon exemple à suivre. Le jusqueboutisme jusqu'à l'emballage, c'est assez plaisant quand on est client. À croire qu'il résisterait presque à un crash aérien... À côté, quand je reçois un vieux carton tout pourri avec les thés qui donnent l'impression d'avoir été jetés du haut d'une échelle de 3m, ben ça ne me donne pas envie de revenir. 

La protection des thés est donc importante. À cela s'additionne le conditionnement sous vide, qui est bien pratique pour les thés verts notamment, des fois qu'on n'ait pas envie de tout boire au printemps et d'en garder pour l'hiver, ce que j'aime faire personnellement. Idem pour les darjeeling first flush et autres thés blancs.

Enfin, la cerise sur le gâteau, c'est le design des emballages, voire du colis en lui-même. Je me souviens la première fois que j'ai reçu une commande de Mandarin's Tea Room, j'ai tout simplement halluciné. C'est peut paraitre idiot, mais on se sent toujours flatté par autant de soin et d'attention. Ça ne signifiera pas que les thés seront meilleurs (le commerce de le jolie boite fait recette chez les Kusmi, et pourtant on ne peut pas faire beaucoup plus médiocre...), mais en l'occurence, avec MTR, design et qualité se rejoignent, ce qui est toujours impressionnant.


Voilà pour cet avant-dernier volet.





つづく

samedi 12 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (4/6)






4 - l'affinité "théistique" avec le vendeur : un vendeur qui sélectionne ses thés avec logique et régularité aura aussi une appréciation propre, personnelle, de ce qu'est la qualité. Ça peut sembler bizarre au début, car la qualité objective devrait être unique. Alors est-ce que le thé, parce qu'il est asiatique, bénéficie d'une aura plus subjective ? Serait-ce lié à l'énergie (Qi) ? J'avoue être encore en train de me poser la question. Toujours est-il que chaque vendeur aura sa "patte", et du coup sa propre idée de ce qui est "meilleur". Ça prendra en compte des critères objectifs et subjectifs. Ça dépendra aussi des terroirs qu'il affectionne, ou auquel il a accès.

Personnellement, je trouve ça super intéressant d'essayer de repérer ce dénominateur commun entre les thés d'une même enseigne. Des fois, ce point commun, c'est la médiocrité, ça arrive. D'autres, même sans ça, proposent tout simplement trop de thés pour qu'il y ait cette constance. En général, les vendeurs qui ont de la régularité dans leur sélection n'ont pas une carte très étendue. Ils cherchent quelque chose de précis plus qu'un éventail de choses moins homogènes niveau qualité. On comprend vite que leur but premier n'est pas de faire le plus d'argent possible. Ce sont des sélections de passionnés, qui sont en général assez fiers de ce qu'ils ont dégoté, et des histoires humaines, des rencontres, qu'il y a derrière leurs recherches.

Et parmi les vendeurs qui ont une telle sélection, il y en a toujours un ou deux qui vous parlent plus que les autres. C'est comme si on avait la même appréciation subjective du thé, les mêmes "goûts". En gros, à la place du vendeur, si on avait eu à choisir entre 5 thés de qualité égale mais avec des personnalités différentes, on aurait pris le même. C'est rare. C'est pas tout le temps 100% sur la même longueur d'onde non plus. Mais ça arrive. Et ça mérite de passer un peu de temps à chercher.





つづく

vendredi 11 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (3/6)






3 - l'analyse chimique : critère relativement nouveau et intéressant. Le lobby agro-alimentaire parvient encore à faire en sorte que certains additifs chimiques ne figurent pas sur les étiquettes de nos aliments. Mais certaines associations de consommateurs et ONG essaient de faire changer les choses. (message subliminal : soutenez les !!)

Je me rends compte que pas mal de mes fournisseurs testent à présent leurs thés. À l'heure actuelle, ce n'est pas forcément idiot. Et même un vendeur en toute bonne foi sous nos latitudes pourrait toujours s'être fait avoir par un fournisseur. Il y a eu une chaine de boutiques (ayant en France pignon sur rue) qui a du retirer du marché de gros lots de thés soi-disant bio après contrôle d'associations de consommateurs. Là, on parle de gros volume. Mais comment assurer le label bio quand on commande plus d'une tonne d'un même thé chinois ? 

Alors, pour moi l'analyse des thés n'est pas obligatoire, si et seulement si j'ai un minimum confiance. Un vendeur qui s'y connait et qui va sur place pourra voir les théiers par lui-même déjà. Ça aide aussi. Mais cette année, même David d'Essence of Tea a dit avoir été surpris, alors que c'est son critère numéro un. Il dit que le sentir lors des dégustations est parfois compliqué, même si lui est particulièrement exigeant. Mais si certains vendent des thés totalement exempts de produits chimiques, c'est que ça doit se trouver. Et plus il y aura de demande, plus il y en aura sur le marché. Malheureusement, en Chine, dès qu'un terroir commence à devenir connu, les paysans ont tendance à utiliser des produits pour augmenter la production, même s'il s'agit de théiers plusieurs fois centenaires qui n'avaient jamais vu la couleur d'un produit chimique jusque là. C'est triste de notre point de vue un peu idéaliste d'occidental, mais c'est ainsi. Ce n'est pas pire que de raser des hectares et des hectares de vieux théiers pour y planter des hévéas. 

Il y a deux niveaux qui m'intéressent pour le thé : le bio et le "natural farming". Le bio, on connait, mais ça peut inclure quand même de petites quantités de trucs pas cools, et autorise l'emploi d'engrais bio. Dans le "natural farming", il n'y a pas d'engrais. Pas de traitement, des fois pas de coupe, on n'arrache pas les plantes aux pieds des théiers. C'est un peu comme le "Miracle Apple" d'Akinori Kimura. Bref, d'après ce que j'ai compris - ou comment je l'interprète - ça part de l'idée que si on laisse la nature faire les choses par elle-même pendant assez longtemps, elle livrera le meilleur qu'on puisse obtenir, et aucun traitement ni additif ne pourra jamais égaler ou encore moins surpasser ce résultat. Bien sûr, la production est drastiquement moindre, mais la qualité est bien meilleure. J'ai entendu aussi parler de bio-dynamie dans le thé. Intéressant. Le résultat sur les vins est assez impressionnant.

Alors pourquoi s'imposer de telles restrictions ? Parce que pour moi c'est tout simplement meilleur. Je ne suis pas un forcené du bio, mais avec l'habitude, je trouve qu'on a des sensations plus profondes, les thés sont plus vivants. En plus, ça soutient des artisans qui essaient de faire les choses bien, comme évoqué plus haut, donc... je soutiens. Et je pars du principe quand quand rien n'est précisé, c'est qu'il peut y avoir les pires horreurs, sans faire de parano non plus... Mais vu que la Chine utilise de plus en plus de produits nocifs dans l'agro-alimentaire, je préfère cautionner le courant bio, vu que j'ai la chance d'en avoir les moyens.





つづく

mercredi 9 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (2/6)







2 - la traçabilité : quoi de plus inutile que de nommer ses thés avec des numéros, ou des noms farfelus, sans les assortir d'autres informations ? Est-ce vraiment professionnel ? Quid de la provenance, de la méthode et des produits utilisés ? Et le respect pour les artisans qu'il y a derrière ? Du savoir-faire ? C'est sûr que c'est pas facile d'essayer de développer un culte de la personnalité en ventant les mérites d'autres personnes... 

Pour moi, cette traçabilité est pourtant essentielle. Comment puis-je espérer tirer un enseignement quelconque sans information ? "Ok, j'ai bu un thé super, mais je ne sais pas du tout ce que c'est que ce truc !! Alors j'ai appelé le vendeur qui m'a raconté que c'était un thé hyper rare qui pousse sur une plaine au sommet de l'Himalaya sur des théiers plantés par Bouddha lui-même quand il était encore dans le ventre de sa mère, et cueilli par des vierges aveugles acrobates..." Ok... Ça vous rappelle quelque chose ? Personnellement - appelez-moi sceptique - je pars du principe que toute information non vérifiable sera fausse dans la majorité des cas chez ce genre de vendeur. J'ai eu trop de déceptions à essayer de dénicher la perle rare, à être trop crédule. Trop d'argent perdu aussi. Même si gouter à un thé médiocre reste quelque part de l'expérience engrangée, encore faut-il ne pas en abuser, ce qui peut être le cas quand on papillonne trop. 

Un peu de respect donc pour les vrais artisans du thé s'il vous plait Mesdames et Messieurs les vendeurs, Maîtres et Maîtresses. Rien n'est plus efficace auprès des amateurs que de leur dire exactement ce qu'ils boivent. Ils reviendront alors gouter d'autres millésimes, d'autres terroirs, d'autres variétés du même producteur, etc. Il y en a qui le font avec passion et dévouement, alors y a pas de raisons. Quand quelqu'un n'est pas honnête dans son approche, ça finit toujours pas se voir de toute façon.

L'achat est un acte "politique" : ne cautionnez pas les vendeurs de rêves. On trouve sur le marché des vendeurs directement liés à des sectes, des vraies. À côté de ça, d'autres multiplient les efforts pour essayer de faire connaitre des thés exceptionnels, et par la même parfois soutenir une agriculture traditionnelle en péril, d'améliorer les conditions de vie et de travail parfois misérables de certains travailleurs du thé. Et, accessoirement, ils vous permettront de connaitre le gout authentique d'un thé, chose qui sera peut-être de plus en plus dure à faire. Mais rien ne vous empêche de donner votre argent à de grands gourous, ou des imposteurs qui se font passer pour de grands maîtres de thé devant Paris-Match... Le problème c'est que personne ne va vérifier si ce qu'ils avancent est vrai. Même pas les journalistes. 

Sur le même principe, et pendant qu'on y est, écrire un livre ne fait pas de vous un(e) expert(e), qu'on le dise. Un blog non plus, j'en suis la preuve vivante. 

Alors, si le vendeur ment, et que Paris-Match et la télé ne font pas bien leur boulot (ça, c'était pas dur à deviner), qui va le faire à leur place ? Qui va faire en sorte que le premier venu ne soit pas victime de cette désinformation ? Pas grand monde apparemment. Peut-être serait-ce aux amateurs qui communiquent sur la toile d'être un poil plus informatifs ? Mais encore faut-il ne pas dire n'importe quoi soi-même, et que le but ne soit pas de faire du chiffres de viewers. Auquel cas, oui, mieux vaut colporter des âneries, ça c'est sur. Quel que soit le domaine, c'est un créneau visiblement plus porteur.

Le problème c'est qu'au final, surtout quand on est débutant, il est très compliqué voire impossible de reconnaitre une contrefaçon d'un thé authentique, même chez soi avec ses paramètres familiers, et surtout quand on est influencé par une belle histoire... Mais qui peut avoir une telle expertise à part un vendeur sérieux et honnête ? N'est-ce pas son rôle, ce pour quoi on le paie ? Pourquoi ai-je l'impression qu'un débutant devra braver vents et marées avant de dénicher UN vendeur honnête et qui s'y connait ? En voilà un gros problème, car nombre de professionnels abusent de cette situation. Idem pour le label "bio" ou la présence de produits chimiques. Qui peut les repérer à la dégustation ? Ce sera le sujet du prochain volet de cette mini-série.





つづく

mardi 8 septembre 2015

Critères de choix de fournisseurs (1/6)




Voilà un moment que ce blog dort... Pour me rattraper, voici une petite série d'articles de réflexion sur un sujet qui me tient à coeur.


Nous avons chacun nos goûts, nos affinités, nos habitudes, notre méthode de progression dans la découverte des thés, mais aussi découverte artistique au sens large. Je sais par exemple que quand un album me plait, je commence par regarder toute la discographie du groupe/artiste, puis je regarde ses influences et remonte le courant. C'est comme ça que je suis parti de Ten Years After un jour, par hasard, et me retrouve à présent à écouter Robert Johnson. Et c'est exactement sur le même principe que ma recherche m'a conduite des thés aromatisés à des choses plus pointues, puis à essayer de dénicher les plus pointus parmi les pointus.

Bref, notre méthode - ou son absence suivant comment on est câblé - mène à des choix de fournisseurs différents d'un amateur à l'autre, et tant mieux, car il en faut pour tous les goûts. Et c'est bien de papillonner au début. 

Je vais donc essayer de parler de mes choix, au travers de critères, pas forcément présentés dans leur ordre d'importance. Ce n'est pas pour faire de la pub pour telle ou telle enseigne - d'ailleurs je vais éviter d'en citer trop - mais expliquer le cheminement qu'il y a derrière mes choix et, dans le meilleur des cas, inciter à la réflexion. Sachant que tout cela n'engage que moi bien évidemment.









Déjà, je respecte beaucoup les vendeurs qui expliquent leur démarche et leur manière de sélectionner leurs thés. Leur logique. Déjà, c'est qu'il y en a une, autre que la seule rentabilité.


1 - les vendeurs qui se déplacent, explorent, recherchent : c'est à dire qui ne vont pas se faire prendre en photo devant un champ de thé avant de filer au marché de Beijing, Kunming ou Taipei et d'y acheter du thé anonyme sans certitude de ce que c'est ni de ce qu'il y a dedans.

Déjà, c'est un premier critère qui écrème pas mal de monde dans ma recherche. Bien sûr, certains vendeurs vous feront croire qu'ils parcourent les montagnes à la recherche de perles rares. Mais est-ce toujours vraiment le cas ? La belle histoire du papy de 80 ans trouvé par hasard en train de cultiver son thé de manière traditionnelle depuis des décennies, sans produit nocif, etc, on l'a tous entendue. Ce genre de fables inonde le marché, peut-être autant que les contrefaçons.

Alors, comment savoir ? Y a pas 36 solutions, il faut des preuves et une relation de confiance. La meilleure preuve se trouve dans la tasse me direz-vous. Certes. Le problème, c'est que ce n'est pas forcément facile au début, surtout quand on est seul.

Je me souviens par exemple qu'à mes débuts, je m'approvisionnais chez un seul et unique vendeur pour une famille de thé bien précise. Ça a duré deux ans environ. Il y avait des avis des fois assez contrastés sur ce vendeur, mais j'avais confiance et la certitude de boire des thés rares, artisanaux, à l'excellent rapport qualité prix. Seulement un jour, au hasard d'un échantillon glissé dans ma commande par un autre vendeur, j'ai pu gouter à un thé identique à ce que j'avais l'habitude de boire, même terroir, grosso modo même prix. Pas de "thé rare", pas de belle histoire, juste un travail de sélection très rigoureux (et documenté). Et je me suis rendu à l'évidence : mon plan n'était pas si exceptionnel que ça. J'avais été naïf. Pourtant des indices existaient, mais je n'avais pas voulu les voir. Ce fut néanmoins pour moi l'occasion d'apprendre deux très bonnes leçons : il faut gouter pour juger (surtout avant de critiquer), et il n'y a pas de fumée sans feu, ou assez rarement. 

Enfin, les vendeurs inconnus qui débarquent de n'importe où avec une sélection d'emblée alléchante et un site super léché, j'ai tendance à m'en méfier. Je ne m'empresse plus comme avant pour essayer de récupérer des échantillons. Si je peux en gouter un ou deux, par exemple dans le cadre d'un échange, je les boirais avec plaisir, mais je ne cours plus après. J'ai eu de trop nombreuses déceptions. Je ne dis pas que les bons plans n'existent pas. Ils sont extrêmement rares cependant si vous voulez mon avis.



つづく