mardi 29 octobre 2013

Le(s) gaiwan parfait(s)







Je me suis récemment posé la question sur les qualités que devrait avoir un « zhong parfait ». Voici le fruit de mes réflexions.


« Zhong parfait », déjà, est-ce possible ? Rapidement je me suis dit que non, qu'il n'était surement pas possible d'avoir un unique zhong qui conviendrait à tous les thés, comme ce mythe de la théière absolue dans laquelle on infuserait absolument tout. Ironique pour un instrument dont le matériau ne se culotte pas, n'est-ce pas ?

Il faudrait plusieurs exemplaires, chacun avec des caractéristiques propres. Combien au juste ? Essayons de voir ça...









Quels seraient les différents paramètres à prendre en compte ?

Je dirais, un peu comme pour une théière : la taille, la forme (du corps et du couvercle) et l'épaisseur. Évidemment, la qualité de la porcelaine serait un aspect primordial, mais cela va sans dire que le/les zhong idéal(aux) aurai(en)t la meilleure porcelaine qui soit. Ou de la bone china ? À voir, peut-être les deux...









Pour la taille, je pense qu'il en faudrait déjà un premier qui soit tout petit, pour ces thés affreusement chers qu'il convient de doser fortement néanmoins. Mais pas juste un petit zhong. Il faudrait qu'il soit plus large que haut pour accueillir des feuilles de Dan Cong ou de Yan Cha. Mon petit zhong actuel de 5 cl, de forme classique, n'est pas ce qu'il y a de plus pratique pour ces longues feuilles torsadées. Mais surtout, il faudrait qu'il soit relativement épais. Car qui dit petite taille, dit refroidissement plus rapide, surtout s'il est de forme évasée. Petit mais costaud donc, dans les 5-6 cl, de forme plate. Couvercle assez plat aussi pour éviter qu'il y ait trop de contact avec l'air afin de garder la chaleur.









Voilà en gros ce que j'ai en tête. C'est tiré de la célèbre collection Percival David du British Museum. Ce n'est pas exactement un zhong sur la photo, mais je n'ai pas réussi à trouver plus proche. J'en ai déjà vu de cette forme une fois, mais je n'arrive pas à en retrouver en photo.


Ensuite, il faudrait un zhong plus généraliste, autour des 10cl à ras bord, par exemple pour les puerh, mais aussi une bonne ribambelle de Oolong. Pas trop fin, faut que ça chauffe, mais pas besoin que ce soit un tank non plus. Une belle forme classique, avec des rebords fins. En fait, je me rends compte que je suis en train de décrire mon zhong doucai de Postcard Teas. C'est assurément le plus généraliste de ma petite armée, avec une porcelaine de haute qualité, pas trop épais mais bien dense quand même afin de conserver la chaleur entre deux infusions. Formes harmonieuses en plus. Je ne sais honnêtement pas comment je ferais sans lui à l'heure actuelle... Il faut peut-être que je pense à un backup... Un accident est si vite arrivé...









Enfin, un plus grand, pour les thés verts notamment. Je l'imagine assez fin pour ne pas cuire les feuilles, avec un couvercle bombé à l'instar des vieux gaiwan, afin de capturer tous les parfums. Peut-être une forme en hauteur histoire de varier un peu les plaisirs ? Enfin, je dis ça car je n'en ai pas qui sont tout en hauteur...





image empruntée au blog de Tea Urchin




Puis, il y a les thés rouges. Vu qu'on parle d'infusions longues, il faut un minimum d'épaisseur pour garder la chaleur sur la durée. Un grand zhong assez épais. En fait, j'en ai déjà un... mon deuxième du kiln Rong Mao Fang de Jingdezhen... Il convient bien pour les thés verts aussi en fait, il faut juste que l'eau soit un peu moins chaude pour ne pas cuire les feuilles.









Est-ce que j'ai fait le tour de tout ce que je bois avec ça ? Peut-être m'en faudrait-il un aussi pour ces Dan Cong frais que je ne dose pas comme un barbare, avec des feuilles fragiles qui craignent la cuisson mais qu'il faut infuser très chaud tout de même, juste très rapidement. Je les dose moins généreusement que les versions plus travaillées. On parle de thés chers, donc pas trop grand tout de même. 7-8 cl ? Forme médiane entre large et haute pour accueillir de grandes feuilles. Un couvercle bombé pour recueillir les parfums et que ça respire. Et pour qu'il soit différent des autres, autant chercher une grande finesse pour le coup.










Ça nous ferait 5 zhong :

- un petit, plus large que haut, épais, 5-6 cl, couvercle plat,
- un légèrement plus grand, genre 8 cl, extrêmement fin, pour les thés aux feuilles fragiles qui ont cependant besoin d'une eau bouillante, avec un couvercle bombé pour recueillir les arômes,
- un généraliste, de taille médiane, dans les 10 cl, moyennement épais, forme « classique »,
- un plus grand, dans les 15 cl, en hauteur et pas trop épais pour les thés verts, avec un couvercle bombé et un bouton pas trop grand pour pouvoir boire facilement à même le gaiwan quand ça me chante,
- le même, peut-être à part la forme, mais très épais pour les thés rouges.



Bon, j'en ai déjà 2 sur 5 du coup. Évidemment, je me permets de rêver d'une telle série de gaiwan appareillés... Mais ça ne coûte rien, n'est-ce pas ?






image empruntée au blog the Tea Gallery, pas en hauteur mais tellement beau...




Et pour finir, il faut bien faire des dégustations en parallèle, non ? Du coup, un ensemble de 2-3 gaiwans en tout point identiques ne serait pas mal, petite taille vu qu'il s'agirait plus de tester de faibles quantités côte à côte, genre 8 cl, forme classique, design assez fin pour saisir toutes les subtilités.

Voilà. Y a plus qu'à !

À bientôt !