jeudi 18 mars 2010

Nouvelles expériences









Voilà une chose que j'aime particulièrement, certains d'entre vous l'auront peut-être déjà remarqué : collectionner les nouvelles expériences. Cela va au delà du fait de faire des tests avec mes thés et autres matériels d'infusion, bien que je trouve cela particulièrement excitant, je dois l'avouer. Rencontrer d'autres points de vue, en débattre, collectionner les visions des gens, les ajouter à sa propre expérience. Pour le thé, les blogs sont très enrichissants, faute d'autres lectures tels des livres, souvent sans intérêt, ou de rares magazines (The Leaf) dans la langue de Shakespeare mais des fois trop influencés par des objectifs commerciaux. Néanmoins, the Art of Tea est une lecture intéressante, il faut juste garder un esprit critique. Mais ne le faut il pas toujours dans un monde du thé régi par la spéculation et l'opacité... ?

Les rencontres et les échanges avec des amis "virtuels" tel que j'aime à les nommer sans que ce soit péjoratif, sont un must et l'intérêt/avantage premier de tenir un blog. Pouvoir parler précisemment d'une de ses passions avec des personnes aussi motivées que soi, ne pas être limité par le contenu des articles de certains blogs - surtout quand on les découvre longtemps après leur parution - ou à la discussion occassionnelle avec un vendeur - en fonction du crédit qu'on veut bien lui porter - tout cela pour assouvir sa curiosité, que d'avantages fabuleux nous permettent les outils de communication électroniques. Vivre sa passion plus intensément. Plus encore : la partager.








Mais le plus important reste les gens qui se cachent derrière les avatars, pseudo ou autres adresses email. Bien évidemment, rien ne vaut les rapports directs. On peut être inscrit sur des réseaux sociaux tellement en vogue aujourd'hui, avoir des centaines d' "amis" et pour autant se sentir bien seul, n'est-il pas vrai ?

Mais par rapport aux années pas si lointaines où l'on n'avait pas une telle aisance pour communiquer, quelle richesse apportent les nouvelles rencontres possibles de nos jours ! Car enrichir sa personnalité de la différence de l'autre, pour peu qu'on apprenne à écouter, se force à appréhender les choses avec un point de vue différent, même sur des sujets qu'on connait ou pour lesquels on a une opinion a priori immuable, tout cela conduit à un métissage de la pensée, à l'exercice de l'esprit critique, à la remise en cause personnelle, tant de choses si importantes à mes yeux.

Que ce soit pendant mes voyages comme dans la vie de tous les jours, j'essaie de fuire la xénophobie de la pensée et de l'idée, les a priori, les préjugés, comme au moment où je ferme les yeux et essaye de faire le vide en portant la tasse aux lèvres. La curiostité, l'écoute, le respect. Cela paye toujours.









Nouvelles expériences à Londres. Nouvelles rencontres. Deux lieux de thé intéressants avec leurs pratiques, leurs manières de faire. Et surtout des gens, des échanges, des relations qui se créent.



Teasmith :








Un bar à thé, littéralement. Tout se passe autour du zinc (en bois.) La tap-water est bouillante. On y vient avec un bouquin ou pour se perdre dans ses pensées, effet "désirable" du thé. Les tasses se remplissent les unes après les autres. On est facilement hypnotisé par le balai des zhongs et autres théières, la barmaid qui gère une, deux, trois infusions en mêmes temps, des fois plus, en gardant des gestes précis, sans précipitation et sans se mélanger les pinceaux.








À chaque fois que je m'y suis rendu, je m'y suis senti on ne peut plus détendu. Assis sur mon tabouret de bar, à regarder danser la porcelaine, le menton posé dans le creux de la main, le temps s'est arrêté. De temps à autre, je sortais de mes rêveries pour acceuillir une nouvelle infusion de mon thé ou d'un différent, gentillement offert et qui débouchait ou non sur une discussion sur tel ou telle manière de préparer un thé ou tel voyage, telle expérience. Puis je replongeais dans mes songes, souvent jusqu'à me rendre compte qu'il était plus que largement temps que j'y aille.

De très bons moments, des conversations stimulantes, quelques dégustations de thés que je découvrais toujours enrichissantes comme un vert coréen, mon premier Qizhong Oolong et j'en passe. Excellent.

À noter que les prix sont raisonnables et qu'il existe une carte (Reserve List) avec des thés plus haut de gamme.



Postcardteas :








Voilà un endroit que je fréquenterais très souvent si j'habitais à Londres. Plus magazin que salon de thé, il est cependant possible d'y goûter toute la carte et même d'y passer une après-midi entière, croyez-moi sur parole... Cette boutique est tenue par Tim, un anglais on ne peut plus sympathique, extrêmement modeste compte tenu de son savoir sur les différents thés et de ses différents voyages et expériences. Il incarne à mon sens le haut du panier du thé londonnien, sans être élitiste le moins du monde. Sa sélection n'est pas impressionnante quantitativement et se focalise surtout sur des rochers d'exception. Je vous invite à aller voir cela sur son site et plus particulièrement la catégorie "Thés de Maître," tirant leurs noms du fait qu'il travaille avec des artisans du thé qui ont pignon sur rue et qui ont accès à des théiers rares et séculaires. À noter qu'il ne vend que peu d'ustensiles d'infusion car il privilégie le thé. Il expose cela dit des objets d'art liés au thé.








Ce que je trouve vraiment extraordinaire à propos de sa sélection est la traçabilité de ses thés. Il vous montrera, à l'instar de Madame Wang à Terre de Chine, nombre de photos des théiers dont sont issus les feuilles qu'il vous fait déguster, vous expliquera la géographie des lieux, etc. J'ai ainsi eu la chance de pouvoir assister à un petit slideshow du coin où est originaire le Da Hong Pao, tout pendant que j'en buvais, avec le temple lié à la légende, les plans de thé bien évidemment ainsi que ceux du Rou Gui qui sont juste à côté. Une explication de la récolte, de comment se déroule la torréfaction artisanale par le maître, ses outils et tout le toutim. Bref, un voyage virtuel qui accompagne on ne peut mieux une dégustation qui de plus vous sera offerte si vous achetez le thé, même en petite quantité (ou pas d'ailleurs, car en définitive je n'ai payé aucune dégustation malgré le peu que j'ai acheté.)








Bref, je suis tombé amoureux de ses rochers, les meilleurs que j'ai bu jusque là (notez que ça n'engage que moi.) J'ai ramené son Rou Gui, Shui Xian et Da Hong Pao, ainsi qu'un bout de galette d'une Menghai Sheng 7542 de 1993, stockage sec effectué à Taïwan. Je me suis vu offrir une tasse de ce dernier lors de ma première visite en ce lieu par un gentleman qui buvait son thé à côté de moi. Je n'avais jamais rien goûté de tel. Il s'est avéré que le monsieur en question, je l'ai appris après, était l'expert anglais des vins de Bourgogne, connu de par le pays, conseiller et caviste de la Reine... Il venait spécialement pour goûter ce pu-er et je le comprends.








Pour résumer, j'ai pas mal parlé avec Tim, il est animé d'une passion simple et assidue, remplie d'humilité et de générosité. Je resterai en contact avec lui car outre le personnage, j'aime sa sélection certes pas impressionnante (ce qui est assez attractif pour les "collectionneurs" comme moi) mais néanmoins intelligente et excellente, mention spéciale à ses rochers, vous l'aurez compris. Ça tombe bien, je ne sais pas pourquoi mais en Angleterre, j'avais soif de ce thé, comme quoi le hasard fait bien les choses. À noter que je n'ai goûté que le meilleur de sa carte, cela dit à prix fort raisonnables.








Arrivé sans attente particulière, sans préjugé, je suis reparti comblé. Il faut dire que j'aime Londres, cette ville qui regorge des recoins incroyables de richesse et de diversité, où tous les goûts, et en particulier toutes les musiques vivent.



À bientôt Londres !



lundi 15 mars 2010