lundi 30 mai 2011

Ao-Hagi by Yamane Seigan






Le Ao-Hagi (Ao = bleu) est un style développé par Yamane Seigan, artiste assez connu des amateurs de thé. Il aura mis près de 10 ans à le développer en l'état. Je vous ai fait ici une sélection de quelques objets en ma possession utilisant de tels émaux. Il est dommage que je n'ai pas d'objectif macro car de près les détails sont bluffant. Des heures ne suffiront pas à en percevoir toutes les variations. Mais à choisir entre un objectif photo et de telles merveilles, je préfère honnêtement vous les montrer de loin !

Sont présentés ici une petite jarre d'une dizaine de centimètres de haut, trois yunomi (grande tasse à thé) et un guinomi (petite tasse à sake).











Boire dans de telles tasses est très différent par rapport à la porcelaine. Les parois épaisses chauffent bien et gardent la chaleur très longtemps. Le contact avec les lèvres est très agréable. Enfin, la manipulation de tels objets procure un plaisir qui ajoutera à l'expérience de la dégustation.


À bientôt !


mercredi 18 mai 2011

Retour de l'enfant prodigue






Un mauvais concours de circonstance il y a environ un an, et hop, ma théière préférée, ma Yu Zhu (pilier de jade), a perdu un bout de son bec.

Le problème, outre l'esthétisme cassé, c'est que le niveau d'eau à l'intérieur de la théière ne montait plus jusqu'en haut. En effet, le niveau du bec est toujours le même que celui de la bouche de votre théière. Si le bec était plus bas, alors l'eau coulerait jusqu'au niveau de ce dernier.








Après un affutage à la lime et autres réparations de fortune - ayant fait plus de mal qu'autre chose... - je me suis vu délaisser cette théière à la terre pourtant extraordinaire. Jusqu'à ce que j'entende parler d'un artisan japonais qui effectue des réparations de qualité et qui travaille avec mon ami Hidehisa de Magokorodo.

Je contacte donc ce dernier en toute fin d'année dernière. Et en quarante-huit heures, j'avais un devis complet basé sur des photos avant/après l'accident.

Et quelques jours plus tard, je disais au revoir à ma théière à qui j'offrais un voyage au pays du soleil levant. Pas loin de cinq mois après, elle m'est revenue presque plus belle qu'à l'origine.








Pourquoi un temps si long ? Eh bien contrairement à ce que je croyais au début, ce n'est pas à cause de la liste d'attente de l'artisan, mais cela est du au temps de séchage extrêmement long des résines utilisées.

Voici un lien vers des exemples de réparations de ce même artisan sur des théières. Il y en a d'autres sur son site.




Il y avait aussi deux petits éclats sur le couvercle du à une chute dans l'évier...




J'ai choisi une finition "or lustré" parmi les différentes possibles. Je me suis dit qu'il ne fallait pas chercher à dissimuler cet accident, que cela faisait à présent parti de son histoire. Et je ne regrette pas.








Si certains d'entre vous sont intéressés un jour par ce genre de réparation - je ne vous le souhaite pas, mais bon... - il vous suffira de contacter Magokorodo qui travaille directement avec l'artisan réparateur, qui ne parle pas d'autre langue que le japonais. Mago vous négociera un devis, puis s'occupera de tout, aux petits oignons comme il sait si bien le faire, par exemple en vous envoyant des photos de votre théière en cours de réparation.








Alors vous pouvez arrêter de trembler quand vous utilisez vos chères théières / théières chères. Il existe des solutions.

Je vous laisse admirer la belle.




Un petit Wuyi Rou Gui Handmade 2010 de Nada pour se remettre en forme...




Il restait des paillettes dorées au fond de la théière. 
Un joli ballet s'est offert à moi lors du premier rinçage...



J'ai retrouvé mon instrument de prédilection pour les oolongs moyennement torréfiés. Quel bonheur...



À bientôt.


vendredi 6 mai 2011

Half Handmade Wuyi Rou Gui 2010 - Essence of Tea






Voici le lien vers la page de ce thé (en anglais).

On y apprend qu'il provient de théiéiers situés au coeur des réserves protégées de Zheng-Yan. Ces derniers ont 60 ans et poussent naturellement sans l'usage de produits chimiques.

Ce thé est réalisé par Maitre Huang dont vous trouverez une page dédiée (encore en anglais) ici. C'est une personne reconnue qui est le propriétaire de près de la moitié de ces arbres protégés par l'Unesco. Sa famille est héritière de près de 300 ans d'expérience. Il a son fils comme élève depuis son plus jeune âge afin de continuer à léguer le savoir faire traditionnel de la préparation du thé.








Pour l'infusion, j'ai utilisé un ratio assez fort de feuilles : 8g pour 10,5 cl utiles. Zhong. Température maximale pour toutes les infusions.

J'ai employé mon eau de source Mont Barbier, puis l'eau Peartree Well de Tim, après la troisième infusion. Bouilloire en inox.

Ce Wuyi Yan Cha est jeune, la torréfaction est encore énergique, mais on sent néanmoins la maitrise de cette opération. C'est un thé de Maitre. Ça se remarque de suite à travers la finesse et la subtilité du résultat.


L'odeur des feuilles sèches dans le zhong préchauffé montre principalement cette torréfaction, derrière laquelle on descelle des notes de prunes, de noix.

Une fois réhydratées, se dégage un coté plus céréalier, plus fruité aussi. Et un gros pôle minéral, bien entendu. Mais un des parfums les plus présents au nez m'échappe, je n'arrive pas à l'identifier.








J'utilise des paramètres en partie inspirés par les conseils de Maitre Xu pour ses yan cha, bien que ce Wuyi Rou Gui ne soit pas l'un des siens. 8 grammes (normalement dans 15cl), infusions qui commencent à 30 secondes avec 15 secondes de plus pour chaque infusion supplémentaire. En général, je pousse plus. On verra bien.

30 secondes : on est dans le registre des thés très torréfiés, sans surprise, mais pas une torréfaction faite n'importe comment. La longueur qui s'installe est ronde et fruitée à souhait. De la poire. Je ne l'avais pas remarquée pour être honnête avant de lire la description de Nada, mais à présent, c'est impossible de s'y méprendre. La jeunesse des feuilles apparait au bout de quelques instants, venant compléter la palette gustative de ce thé. Superbe. On continue.








45 secondes donc : les feuilles commencent déjà à revêtir leur couleur verte originelle, ce qui augure une belle évolution à venir. Je suis obligé d'attendre très longtemps que l'empreinte de l'infusion précédente ne s'estompe avant de boire celle-ci. À la fin, on retrouve les notes de noix senties auparavant, noisette plutôt.

C'est la torréfaction qui est encore une fois dans l'attaque, avec une transformation plus rapide en fruit. Une petite astringence pointe le bout de son nez. Elle est la bienvenue. On glisse clairement dans quelque chose de plus jeune, toujours aussi rond, sucré à souhait. Mais la torréfaction compose encore nettement la charpente de cette deuxième infusion, avec ces notes de café. La longueur est phénoménale, sur tons de poire et de noisette.

Avant de réinfuser, j'hume de nouveau les feuilles dans le zhong. Les odeurs minérales dominent tout le reste.








1 minute : magique cette transformation en bouche. À l'attaque, c'est toujours cette sensation de café plus ou moins diluée qui ressort, quelque chose que j'apprécie moyennement, mais elle disparait comme neige au soleil pour laisser place au fruit, de plus en plus jeune au fil des infusions visiblement. Je note de manière plus dominante l'amertume de la peau de noisette. Cette infusion est plus faible que les précédentes. Je décide de passer à 1 minute 30 pour la suivante. Je change également l'eau pour passer à celle de Tim.

L'eau plus minérale fait plus de bruit quand elle chauffe dans ma bouilloire, c'est rigolo.

1 minute 30 : le parfum des feuilles humides est plus minéral que jamais. La liqueur plus foncée, ce qui parait normal. C'est un peu comme la pub des cruches filtrantes qui montre une tasse de thé préparée avec une eau du robinet à coté d'une autre préparée avec une eau filtrée : la différence de couleur est éloquente. Comme d'habitude, j'attends la fin de la poire de l'infusion précédente pour enchainer. C'est parti...








La forte minéralité de l'eau se sent de suite. Elle gomme l'aspect torréfaction qui est sûrement moins présent de toute façon. Mais c'est bien cette minéralité qui est présente dès l'attaque.


Alors qu'apporte cette eau ?

Je dirais qu'elle gomme un peu quelques saveurs. Elle va mettre en avant la mineralite du thé, qui imprégnera la longueur en bouche de manière significative. Pas facile pour le reste d'extraire les effets de l'eau à l'évolution naturelle du thé d'une infusion à l'autre. Je vais pousser plus à la prochaine, peut-être que les changements m'apparaitront de manière plus évidente.








2 minutes 30 : impressionnant dépôt, n'est ce pas ?

Le résultat est différent, pas mauvais, loin de là, énormément plus minéral. C'est marrant, je me disais justement que pour un thé de rocher, celui-ci ne l'était pas trop. Ici, on n'a plus ce problème. On a donc deux pôles bien distincts : la minéralité et le fruit. Ce dernier évolue en bouche comme avant. On arrive à quelque chose de plus vert, plus astringent aussi. La minéralité quant à elle ne quitte jamais la bouche. Elle me donne faim. Dernière infusion avant une pose.

3 minutes 30 : le dépôt à la verse de l'eau dans le zhong fait presque peur. Je comprends mieux certains conseils d'Akira... La liqueur est plus trouble, tirant plus sur le marron que le rouge.

Le suite comme à mon habitude n'a pas fait l'objet de notes. Les temps ont été faits au jugé. J'ai poussé de plus en plus jusqu'à arriver à plusieurs heures. Le résultat de ces dernières a été magnifique. Du jus de fruit.








Ce thé m'a beaucoup impressionné, presque plus que la version totalement faite à la main, l'attaque étant ici plus franche, moins ronde, quelque chose que j'aime bien. Je ne regrette pas l'usage de la porcelaine qui devient définitivement mon instrument de prédilection pour ces thés. Il faut un zhong avec des parois assez épaisses pour que la chaleur ne s'estompe pas trop vite cela dit je pense.

Quant au dosage assez musclé, j'ai trouvé qu'il convenait parfaitement à ce thé. En voici une autre raison. Je pense qu'il convient parfaitement aux thés très torréfiés ou ici dont la torréfaction est encore jeune. J'ai tendance à mettre moins de feuilles pour des Yan Cha plus vieux. Mais je n'en suis qu'à mes débuts et ai encore tant de choses à apprendre...






À bientôt.