jeudi 25 avril 2013

Quick Review (15) : Jin Luo (Hojotea)






Occasion spéciale ce week-end, du coup j'ai envie d'un thé "d'exception" pour marquer le coup. Alors, que choisir ? Un zhong rempli à ras bord de feuilles d'un superbe dan cong ? Des fruits intenses et suaves pour une session qui semble ne jamais finir ? Pourquoi pas. Je vais aller jeter un coup d'oeil vers l'endroit où je garde mes perles... Et finalement, voilà ce que je ramène. Un thé chaudement conseillé par Akira lors de ma dernière commande. Un thé rouge. J'ai bien compris dans ses messages qu'il voulait absolument que je le goûte, et j'imagine qu'il y a une raison à cela. C'est lui pour ainsi dire qui m'a initié aux grands crus de thés rouges, moi qui croyais longtemps que c'était un oxymore. Au travers de petits échantillons glissés ça et là, de conseils prodigués, il me permet de mieux connaitre cette famille et, en l'occurrence, les choses à ne pas manquer.

Également, Philippe, pourtant d'un naturel assez bavard, a fait un billet très sobre sur ce thé il y a peu, et j'avoue que ça a un peu attiré mon attention...

Jin Luo ce sera donc. J'avoue que je ne savais même pas à quoi ressemblait ce thé avant de l'ouvrir...








Visiblement, c'est du haut de gamme. Énormément de bourgeons, aucune brisure, des feuilles magnifiques ! Leur bouquet est complexe : petit fumé style Lapsong, de la tomate cuite, du miel, et des fleurs. Impressions amplifiées dans le zhong chaud, avec le pôle sucré qui ressort.




le duvet des bourgeons flotte à la surface...




Je fais ma première infusion avec une eau un tout petit peu au dessous du point d'ébullition afin de ne pas choquer les bourgeons. Verse lente sur les bords du gaiwan.




verse lors de la 2ème infusion...




Les feuilles se déploient très rapidement, ce qui est d'après Akira un critère de qualité. Je me souviens du Tian Chi Li Shan Cha dégusté en Malaisie : un rinçage flash et les perles étaient déjà presque ouvertes.





feuilles après une seule infusion de 30 secondes...




Du muscat. Voilà ce qui ressort de manière prédominante des arômes des feuilles. C'est très très beau. Sucré et fleuri. Une lointaine pointe exotique. La liqueur s'évapore en atteignant la gorge, semblant la dilater. C'est ça l'aftertaste dont parle Akira. Ici, il est palpable. Les saveurs sont magnifiques : le fumé ressort surtout en fin de bouche, aidé par une très légère astringence. Le sucre arrondit la liqueur. Les fleurs s'installent au niveau de la gorge pour y rester. J'en suis à ma première tasse, mais je peux déjà annoncer la couleur : ce thé doit se situer dans le top ten de mes plus belles rencontres toutes catégories confondues. Et quelle longueur...








La première infusion a du durer 30 secondes, la seconde fut un poil plus courte. Je me base surtout à la couleur car je n'ai que très peu d'expérience avec les thés rouges. La très bonne qualité des thés de cette famille que je bois me permet de gagner en souplesse à mon avis au niveau des paramètres. Mais si je ne me basais qu'aux parfums s'échappant du zhong, j'infuserai beaucoup plus court, trop court j'en ai peur...








Dans cette deuxième tasse, je note un petit aspect chocolaté que je n'avais peut-être pas remarqué avant. Plus fruité aussi (prune ?). Pas tannique pour un sou comme les mauvais thés rouges. Néanmoins, la mâche est un peu plus légère. Je pousserai d'avantage la suite pour récupérer une texture plus ample. Mais cela attendra un bon moment, le temps que le léger fumé de ce thé accompagné de sucre ne disparaisse...

Infusion suivante. C'est bien mieux quand plus poussé. Plus rond, plus épais, et les saveurs sont toujours très équilibrées, sans sensation tannique désagréable.








La session dura un certain nombre d'infusions, je ne sais honnêtement plus combien, une demie douzaine à mon avis, avant que les feuilles ne soient transférées dans ma jolie Shui Ping en Hong Ni de la Yixing Factory #1. J'aime nourrir mes terres ainsi, surtout celles qui ont tendance à dormir un peu. Je leur offre du thé, les dernières infusions longues, les eaux de rinçage, etc, tout est bon pour leur éviter un trop long sommeil.








Voilà pour cette fois-ci. À bientôt !






jeudi 11 avril 2013

Quick Review (14) : Phoenix Oolong Song Zhong 2004 (Hojo Tea)






Un Dan Cong, cela faisait un petit moment mine de rien. C'est en suivant les pérégrinations d'Akira en Chine que je me suis subitement rappelé que l'une des trouvailles dont il était le plus content l'année dernière était encore sous scellé dans ma réserve. Il était donc urgent que je comble cette lacune et que je le goûte.








Ce thé est issu des mêmes arbres que les versions plus récentes du Song Zhong que j'ai déjà goûtées, des théiers de 200 ans poussant sur la montagne Wu Dong à 1000m d'altitude. La manufacture dont ils sont issus a décidé l'année dernière de sortir ce thé après 8 ans de conservation, et de le réveiller à l'aide d'une torréfaction à température basse.


Au nez, c'est un thé enchanteur. C'est en respirant une première fois ces effluves que je me suis demandé pourquoi diable j'avais attendu aussi longtemps avant de me refaire un vrai bon Dan Cong... Bref. 2012 a été une année très riche en thés de qualité, mais rétrospectivement, je n'ai pas accordé une place très grande à ces Oolong. Une erreur qu'il conviendra de corriger cette année alors que certains bourgeons commencent déjà à être récoltés.








Mais revenons aux parfums de ces feuilles. Je ne sais si ce sont les retrouvailles avec cette famille, mais les arômes me semblent incroyables. En premier lieu, le fruit, un mélange de baies (cassis, framboise), et de fruits exotiques (mangue). Les notes de torréfactions sont très discrètes, avec une pointe chocolatée et surtout la chaleur du sucre. C'est je pense l'avantage du vieillissement de ce thé, les notes torréfiées s'estompent pour laisser la place au fruit. Bien sûr, cela demande un savoir faire certain, que ce soit au niveau des différentes torréfactions qu'au niveau de la conservation. Au nez, ça va parfaitement dans ce sens. Reste à savoir si la liqueur va refléter cela. Qu'à cela ne tienne.


J'utilise 6 grammes, un peu moins qu'à mon habitude, mais pour le peu que je connaisse les thés un peu âgés, ils nécessitent des infusions un peu plus longues que leurs jeunes cousins. Voilà ce que ça donne en terme de volume.








Dans le zhong chaud, c'est le fruit rouge qui l'emporte haut la main. Une fois rincées, ce sont les notes minérales, fraîches et fleuries qui ressortent.

Le première infusion très courte est normalement discrète, presque décevante, mais c'est parce que j'ai manqué de patience. Cette eau colorée m'a gratifié d'un joli retour de saveurs sucrées et fruitées, tout en m'indiquant gentiment qu'il faudrait pousser un peu plus par la suite. La prochaine fera une bonne quinzaine de secondes.

Texture lisse, liqueur chaude et sucrée en bouche, puis arrivent les fruits rouges et la pointe exotique. Les sensations torréfiées sont minimes par rapport à ce à quoi je m'attendais. Ça se boit tout seul, et d'ailleurs les tasses s’enchaînent avec un plaisir égal, pas trop vite quand même histoire de profiter de l'élégante longueur de ce thé, avec des notes de cassis caramélisés en fin de bouche.








Au bout de quelques passes, je décide de convoquer la Ba Le à la table de thé. Ce n'était pas prémédité, mais cela dit ce n'est pas forcément idiot, ce thé nécessitant apparemment des infusions allongées pour lesquelles le zhong est moins adapté dû au fait qu'il refroidit plus vite qu'une théière.


À temps égal, la liqueur est plus foncée, et effectivement, elle gagne en attaque. Elle pique à présent le bout de la langue, avec une sensation poivrée supplémentaire. La texture et les sensations de gorge sont plus notables avec cette terre, cependant il y a une perte de détails dans la longueur. On "sent" la présence du thé, mais les notes fruitées et sucrées sont moins claires. Je ne pense pas qu'il faille faire de déduction définitive par rapport à la terre qui avant aujourd'hui n'avait jamais rencontré de Dan Cong, et qui reste très jeune dans son ensemble.








Les infusions se sont enchaînées par la suite. Elles furent très nombreuses, plus d'une vingtaine, s'étalant sur deux jours. Il n'y a pas photo, la théière extrait mieux, menant à plus de tasses au final. Cependant, la porcelaine reste plus précise, rend des liqueurs moins rondes et plus aériennes chargées de plus de subtilités. À noter que parmi toutes mes théières, c'est la première fois que je ne suis pas déçu du rendu avec cette famille de thé, en tenant compte du fait que ce Phoenix Dan Cong est bien particulier, et la théière aussi. 

Au final, la solution de tirer pas mal d'infusions en porcelaine puis de passer en théière pour tirer ce qui reste des feuilles  me semble un bon compromis. Je ne le ferai pas pour un Dan Cong plus vert cela dit, et certainement pas avec une autre théière.


À bientôt !