Un Dan Cong, cela faisait un petit moment mine de rien. C'est en suivant les pérégrinations d'Akira en Chine que je me suis subitement rappelé que l'une des trouvailles dont il était le plus content l'année dernière était encore sous scellé dans ma réserve. Il était donc urgent que je comble cette lacune et que je le goûte.
Ce thé est issu des mêmes arbres que les versions plus récentes du Song Zhong que j'ai déjà goûtées, des théiers de 200 ans poussant sur la montagne Wu Dong à 1000m d'altitude. La manufacture dont ils sont issus a décidé l'année dernière de sortir ce thé après 8 ans de conservation, et de le réveiller à l'aide d'une torréfaction à température basse.
Au nez, c'est un thé enchanteur. C'est en respirant une première fois ces effluves que je me suis demandé pourquoi diable j'avais attendu aussi longtemps avant de me refaire un vrai bon Dan Cong... Bref. 2012 a été une année très riche en thés de qualité, mais rétrospectivement, je n'ai pas accordé une place très grande à ces Oolong. Une erreur qu'il conviendra de corriger cette année alors que certains bourgeons commencent déjà à être récoltés.
Mais revenons aux parfums de ces feuilles. Je ne sais si ce sont les retrouvailles avec cette famille, mais les arômes me semblent incroyables. En premier lieu, le fruit, un mélange de baies (cassis, framboise), et de fruits exotiques (mangue). Les notes de torréfactions sont très discrètes, avec une pointe chocolatée et surtout la chaleur du sucre. C'est je pense l'avantage du vieillissement de ce thé, les notes torréfiées s'estompent pour laisser la place au fruit. Bien sûr, cela demande un savoir faire certain, que ce soit au niveau des différentes torréfactions qu'au niveau de la conservation. Au nez, ça va parfaitement dans ce sens. Reste à savoir si la liqueur va refléter cela. Qu'à cela ne tienne.
J'utilise 6 grammes, un peu moins qu'à mon habitude, mais pour le peu que je connaisse les thés un peu âgés, ils nécessitent des infusions un peu plus longues que leurs jeunes cousins. Voilà ce que ça donne en terme de volume.
Dans le zhong chaud, c'est le fruit rouge qui l'emporte haut la main. Une fois rincées, ce sont les notes minérales, fraîches et fleuries qui ressortent.
Le première infusion très courte est normalement discrète, presque décevante, mais c'est parce que j'ai manqué de patience. Cette eau colorée m'a gratifié d'un joli retour de saveurs sucrées et fruitées, tout en m'indiquant gentiment qu'il faudrait pousser un peu plus par la suite. La prochaine fera une bonne quinzaine de secondes.
Texture lisse, liqueur chaude et sucrée en bouche, puis arrivent les fruits rouges et la pointe exotique. Les sensations torréfiées sont minimes par rapport à ce à quoi je m'attendais. Ça se boit tout seul, et d'ailleurs les tasses s’enchaînent avec un plaisir égal, pas trop vite quand même histoire de profiter de l'élégante longueur de ce thé, avec des notes de cassis caramélisés en fin de bouche.
Au bout de quelques passes, je décide de convoquer la Ba Le à la table de thé. Ce n'était pas prémédité, mais cela dit ce n'est pas forcément idiot, ce thé nécessitant apparemment des infusions allongées pour lesquelles le zhong est moins adapté dû au fait qu'il refroidit plus vite qu'une théière.
À temps égal, la liqueur est plus foncée, et effectivement, elle gagne en attaque. Elle pique à présent le bout de la langue, avec une sensation poivrée supplémentaire. La texture et les sensations de gorge sont plus notables avec cette terre, cependant il y a une perte de détails dans la longueur. On "sent" la présence du thé, mais les notes fruitées et sucrées sont moins claires. Je ne pense pas qu'il faille faire de déduction définitive par rapport à la terre qui avant aujourd'hui n'avait jamais rencontré de Dan Cong, et qui reste très jeune dans son ensemble.
Les infusions se sont enchaînées par la suite. Elles furent très nombreuses, plus d'une vingtaine, s'étalant sur deux jours. Il n'y a pas photo, la théière extrait mieux, menant à plus de tasses au final. Cependant, la porcelaine reste plus précise, rend des liqueurs moins rondes et plus aériennes chargées de plus de subtilités. À noter que parmi toutes mes théières, c'est la première fois que je ne suis pas déçu du rendu avec cette famille de thé, en tenant compte du fait que ce Phoenix Dan Cong est bien particulier, et la théière aussi.
Au final, la solution de tirer pas mal d'infusions en porcelaine puis de passer en théière pour tirer ce qui reste des feuilles me semble un bon compromis. Je ne le ferai pas pour un Dan Cong plus vert cela dit, et certainement pas avec une autre théière.
À bientôt !
Qu'en as tu pensé en comparaison des Dan Cong verts de Akirah dans la même gamme de prix ?
RépondreSupprimerLa gamme de dan cong vert de l'année dernière principalement a été une découverte incroyable pour moi. Passée l'émotion de cette première rencontre, je pense préférer un style un peu plus poussé tant dans l'oxydation que dans la cuisson. Mais je bénis le ciel de proposer une palette aussi large de styles sur cette famille qui reste définitivement ma préférée. Je reboirai du vert avec plaisir, mais peut-être moins souvent que le reste.
SupprimerSi tu veux mon avis, ce Dan Cong est à tester si tu en as l'occasion. C'est très différent des Dan Cong frais, mais ça vaut le détour.
Sinon, j'ai reçu les nouveautés de Master Lin de 2012. Un vrai régal. J'espère que j'aurai le temps d'en parler ici. Là, je suis sur mon 5ème jour avec le Yellow Branch 2012, 10g/10cl, passé en théière au bout su 3ème jour. Increvable, et tant mieux...
Les Song Zhong sont parmi mes Dan Cong préférés et comme tu le fais remarquer très justement, ils gagnent largement en subtilité avec quelques années de vieillissement.
RépondreSupprimerJe suis toutefois impressionné par les 20 infusions. Pour moi au bout de 6 infusions c'est largement fini. Je n'hésite pas aussi à faire de longues infusions de 1 min à 6 min pour la dernière. Le refroidissement du zhong m'intéresse pour cette catégorie de thé car je les préfères tièdes
C'est amusant de voir à quel point on prend des libertés dans nos modes d'infusions.
La théière est un plus pour extirper des infusions supplémentaires, sans nul doute, même si je préfère le rendu du gaiwan au final. Je dose aussi plus généreusement que toi si je ne m'abuse, ça joue énormément. Le nombre d'infusions total n'augmente pas de façon linéaire avec le dosage selon moi. Plus tu doses, plus tu gagnes. C'est mon opinion.
SupprimerEnfin, moi aussi je bois tiède, mais j'infuse le plus chaud possible.