dimanche 26 août 2012

Quick Review (3) : Brique n°10 (m3t)






Le lecteur qui lit régulièrement ce blog se sera rendu compte que je ne parle peu/pas de cette maison de thé située place Monge à Paris. Et pourtant, je me suis récemment rendu compte que mon (seul) très vieil article sur cette maison générait une grande partie des visites de ce blog. Quelle ironie du sort... car je n'ai pas grand chose à dire à propos de cette maison, tout du moins rien de très positif, si ce n'est la gentillesse du personnel d'accueil et, ne soyons pas ingrat non plus, la qualité de certains de leurs thés notamment de certains de leurs oolong en provenance de Taïwan, comme la maîtresse des lieux...

Cela dit, je ne souhaite absolument pas ouvrir de débat sur ce lieu qui a déjà généré des litres d'encre virtuelle (qui a dit "pas de fumée sans feu ?"), mais parler de la dégustation d'un échantillon de ce puerh, cuit, de 1983 si l'on en croit le vendeur, dont il fut déjà question ici (Vacuithé), ici (Puerh & Yixing) et enfin ici (la Galette de Thé). Cet échantillon me fut gentiment offert par lionel, mon ami du blog Émotions de Thé, nouvellement appelé Mon Senchado pour des raisons que ses lecteurs connaîtront. À ce propos, je vous conseille le feuilleton de l'été qui parle de son parcours (premier article ici) des plus intéressants. Rappelons que lionel est le plus "ancien" blogger de thé en activité. Nous avons tous quelque chose à apprendre de son parcours.








Bref, 8g de cette brique que je ne saurais diviser, donc qui atterrirent dans mon plus beau zhong dans un premier temps, avant de finir en théière au bout de quelques infusions 3-4 infusions.

Au nez, c'est très prometteur. Élégant, surtout pour un shu cha, famille qui doit receler les pires thés qui soient ou pas loin. Notes champêtres, champignons, noisette, de confiserie également. Un rinçage de 30 secondes et hop, on est parti pour une première infusion d'une dizaine de secondes pour commencer et histoire de bien finir de déliter ce morceau. Ce sera finalement trop court pour avoir quelque chose d'intéressant, malgré le dosage, mais bref.








Alors, rapidement. Ce thé est très fragrant, les feuilles sentent divinement bon, mélange de sous-bois et de vieux meubles cirés. On ferait ça en parfum d'intérieur, j'en achèterais sans hésiter ! 

En bouche, c'est très agréable, très rond même en zhong. Les saveurs sont fidèles aux arômes. Ce n'est pas éclatant en bouche, plutôt dans la finesse, et très agréable. Par contre, niveau longueur, c'est un peu la bérézina. Peu de choses restent en bouche après la liqueur avalée. Il y a une certaine fraîcheur, des traces, peut-être des réminiscences de ce que ce thé a été un jour, mais en l'instant, force est de constater qu'il n'y a rien d'extravagant à ce niveau là.








Je transvase tout ça dans ma meilleure théière, ayant en tête de petites voix qui me disent que "le zhong c'est pas bien pour les vieux puerh", et j'en passe et des meilleures. Je m'arme de ma meilleure zhuni, Miss Pilier de Jade, qui infuse pas mal de puerh ces temps-ci. J'infuse une bonne minute histoire d'en avoir plein les papilles.

Pas de miracle malheureusement. Aussi agréable qu'il soit en bouche, une fois ce thé avalé, il ne reste qu'une légère astringence et une petite présence sucrée, mais les saveurs boisées elles font à peine trois petits tours avant de presque complètement s'en aller.









Quels sont les critères pour évaluer un bon thé ? Voici ma réponse : parfums, saveurs en bouche, texture, longueur en bouche, aftertaste, longévité et Qi.

Je suis personnellement plus sensible à la longueur en bouche et à l'aftertaste. D'où une petite déception par rapport à ce thé. Il est clair qu'il aurait été extraordinaire s'il avait en plus été long, voire un peu plus riche en bouche. Mais ce n'est pas un vieux puerh cru non plus, il ne faut peut-être pas trop lui en demander. Pour un shu cha, il est déjà extraordinaire, avec des parfums envoûtants et une palette de saveurs très propres, très classieuse. Bon, la brique de 250g coûtait quand même la bagatelle de 103€ en 2004, ce qui fait cher pour un shu cha. Mais chacun fait ce qu'il veut de son porte-feuille.

J'ai tout de même passé un bon moment avec ce thé, surtout qu'il m'a été offert de bon coeur par un ami. Encore mille mercis lionel ! Les dernières infusions, de plusieurs heures, voire jours, ont été particulièrement exquises.


À bientôt !







14 commentaires:

  1. Quelle prolixité de Quick reviews !
    Pour mon plus grand bonheur je dois dire.

    Ah les puerh, s'il y a, dans le monde du thé, une famille que je n'ai jamais réussi à apprécier c'est bien celle-ci.
    Et pourtant j'en ai lu des commentaires élogieux, poétiques.
    Ca ma donné envie et j'ai tenté, des bassesses qu'on trouve à droite à gauche aux crus de la M3T ...

    Mais non, décidément rien n'y fit, et cela doit faire 2 ans que je n'en ai bu !
    Le monde du thé est tellement vaste, mais que trouvez-vous donc au puerh, vous qui aimez ce thé ?

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  2. Vaste question que tu poses là... Pas facile de trouver des mots pour expliquer pourquoi. Je bois du puerh jeune pour les saveurs, la longueur, l'amertume je pense. Le puerh vieux, que je bois très peu, pour le Qi principalement. Quant aux shu cha, pour l'originalité de leurs saveurs humides je pense. Mais je suis un buveur de wulong avant tout cela dit.

    Je serais bien curieux de lire la réponse d'autres personnes à ce sujet. Pourquoi aimez-vous le puerh ?

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  3. Bonne question... Je répondrais pour leurs saveurs (essentiellement les jeunes sheng aussi). Je ne vais pas être originale, je les apprécie aussi pour leur force, leur longueur en bouche. Quand il reste une douce sensation sucrée... ou fraîche, camphrée... hum... et qu'elle dure longtemps en se nuançant au fil des minutes qui passent.
    Je n'ai pas eu l'occasion de boire beaucoup de vieux puerhs et les shu cha, j'en bois très peu mais les saveurs boisées quand elles sont bien équilibrées sont appréciables.

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  4. J'avoue avoir également un peu de mal avec cette famille, et je le regrette.
    S' il m'arrive d'apprécier un bon Sheng pour son endurance et sa fraîcheur (mais alors vraiment de temps en temps, et il faut qu'il soit vraiment bon!), les puerh Shu m'ont traumatisé ...


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  5. Pourquoi j'aime le pu er (moi qui boit surtout de cela) ?

    Tout d'abord pour leur profil aromatique. Je dois reconnaître que même si je me suis mis à boire du thé régulièrement en 2007-2008, une ancienne amie vietnamienne m'en avait fait goûter plein entre 1996 et 2002. Les seuls qui m'avaient épaté à l'époque étaient les pu er et les blancs. J'avais été surpris qu'un thé puisse avoir la délicatesse et la fraîcheur d'un blanc ou la puissance et le boisé d'un puer (alors que les quelques verts ou wulong testés ne m'étonnaient pas).

    - pas de problème de conservation. On achète et on est pas pressé de le boire, pas de limite (ou presque) dans le temps ; cela correspond à mon mode de consommation. Pour moi, 50g de thé doivent pouvoir aussi bien être bu dans l'année ou sur une période de 10 ans si on le souhaite. J'ai fini mi juillet un pu er que l'on m'avait offert en 2000 ou 2001 (!) par la vietnamienne justement ; eh bien je suis ravi de l'avoir gardé 10 ans sans avoir dû acheter une machine de mise sous vide (ce que j'ai fait depuis, mais je m'en sers plus pour l'alimentation que pour le thé). Mon expérience est qu'un blanc ou un vert ça ne se garde pas trop, les wulong après 2-3 ans je n'arrive pas trop à les garder... Peut-être les rochers, mais je me fais chier avec eux. J'ai récemment dû jeter un wulong "vert" acheté relativement cher l'année dernière dans une boutique pourtant réputée (et dont tu parles souvent), le thé était devenu assez pauvre (malgré le sachet anti-humidité censé le protéger). J'ai bien essayé de donner ce qui restait à des amis, mais lorsque je leur ai fait boire, ils ont tous trouvé ce thé sans intérêt. Il est donc parti au compost. Ca ne m'est jamais arrivé qu'un pu er bon à l'achat doive être mis à la poubelle seulement un an après (soit c'est une daube tout de suite, soit on est tranquille pour quelque temps) !

    - avec plusieurs d'entre eux, je dépasse très allègrement la dizaine d'infusions, ce qui n'est pas si courant avec un vert, un blanc ou un wulong. La remontée du temps qu'offrent certains sheng est absolument phénoménale. La Menghai 1993 m'a fait clairement sentir son stockage de dernière période, suivi des notes de bois de santal mêlées à l'absinthe, ensuite on est monté sur les fruits, d'abord murs puis secs, avant de revenir à des notes de jeunes sheng de haute facture (sans l'astringence, avec toutefois des notes champignoneuses à la place). Dosant moins que toi (et en tout cas presque deux fois moins qu'un wulong), je dépasse assez souvent la vingtaine sans problème, mon record étant au delà de 40. Le dernier wulong que j'ai tenté de pousser (un rocher d'une boutique que tu connais bien) ne m'a offert que de l'eau passé la petite dizaine de passages. J'aime promener une dégustation sur un temps assez long, le wulong, pour peu qu'il ne soit pas mort, n'aime pas non plus les dégust sur 3 jours.

    Finalement un thé à peu de contraintes (car c'est mon point de vue sur le thé, s'il est contraignant il est chiant). Comme m'a dit un vendeur de thé chinois à DaTong, "le pu er est le thé de méditation".

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    1. Il ne faut pas à mon avis demander à un thé d'être ce qu'il n'est pas : le thé vert, les wulong verts, ça se boit frais. Sans condition de conservation spéciale ou retorréfaction, ça devient compliqué.

      Un wulong qui tiendra 30 infusions et qu'on trimbale sur plusieurs jours, ça existe, mais ça implique du très très haut-de-gamme et un trou dans le porte-feuille, comme un vieux puerh. Mais un puerh qui a juste quelques printemps ne donnera pas 50 infusions non plus, pas de grosse différence avec la plupart des wulong, si dosés correctement, et pas à la pince à épiler. Mais de toute façon ce sont des thés différents.

      C'est sûr pour finir que certains thés offrent des contraintes : conservation des thés frais, complexité relative du mode d'infusion entre paramètres et instruments, qualité de l'eau, etc. Pour moi l'effort en vaut la chandelle et permet d'atteindre de nouveaux niveaux de plaisir que le puerh ne m'offre pas. Mais chacun ses goûts et ses choix.

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    3. Je veux bien te croire, mais je réponds simplement à la question "ce que j'aime dans un pu er". Donc effectivement je préfère ce qui me correspond à ce qui ne me correspond pas (normal, non ?) !

      PS : concernant le trou dans le portefeuille, compte tenu de mes origines modestes je suis très sensible à la question du coût. La MengHai 1993 ne m'a coûté que 90€ la galette. Dosée à 3g dans 90 ml (0,76€ la dégustation), elle dépasse la trentaine sans problème. Pour qu'un wulong dosé à 5g coûte le même prix à la dégustation, il faudrait donc que son prix maximal aux 100g soit de 15,20€. La KunMing Lan Yin c'est assez robuste aussi ; je n'ai pas compté lors de la dernière dégust mais on a largement dépassé 15 passages (125$ dernier prix mais j'en ai eu une moins chère). Mon achat à YangShuo, pas exceptionnel en bouche mais qui tient très largement la vingtaine, ne m'a coûté que 38€ les 357g (en gros 0,30€ la dégust, soit 6€ les 100g pour un wulong équivalent) ! Le tuocha 10, robuste quoique moins évolutif et quoique bien plus cher, revient à 1,8€ la dégustation (soit 36€ les 100g pour un wulong équivalent). Pas sûr que beaucoup de wulong à ces prix dépassent allègrement la vingtaine d'infusions sur 3 jours (sans compter qu'il faudrait que je les achète par 30g ou 50g maxi).

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  6. Sinon cette brique, pas de souvenir (testé une fois ou deux par des samples généreusement envoyés).

    Mais c'est sûr que pour la longueur en bouche, c'est rarement un shu qu'il faut aller voir, ni même en général les très vieux sheng. Mieux vaut boire du sheng jeune ou adolescent pour cela.

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  7. Salut Cher David,

    Pour une longueur en bouche plus longue sur un Shou Cha de ce calibre essayes d'infuser avec la Mt Roucous bouillie en Lin's Ceramic associé à ta Zhu Ni surement très précise. Néanmoins j'ai rarement observé sur ce type de Thé Shu Cha Pu erh un fort After Taste : la liqueur descendant le plus souvent comme de la sève à la verticale au profit si le Pu erh Shu est de qualité comme ici d'une minéralité très fine et pointue.
    Pour ma part je consomme de temps à autre le Tou Cha Menghai Shou 1999 de La Cave à Thé et je dois reconnaitre que la liqueur est vraiment plus ronde et éclatante, longue en bouche comparée à Eau bouillie en Glass kettle...
    Sur de beaux thés Rouges comme dernièrement je préfère l'infusion en Lin's : plus de relief et de profondeur:en fait à mon gout pour faire général plus le Thé est sombre et plus j'apprécie l'infusion en Lin's.Pour les plus verts Oolongs,thés verts,la Glass Kettle est impeccable.De toute manière quand le Thé est au Top il parle bien de lui même...Mais rien n’empêche de chercher et trouver ce qui nous convient le mieux...Faut tenter.De plus nos parcours, notre perception du thé évoluent sans cesse.C'est deja énorme d'avoir la chance en FRANCE de posséder une telle eau Mt Roucous(dernier article de Tea Addict qui s'interroge)faiblement minéralisée n'influant que très peu sur le résultat en tasse.

    à plus tard.

    Salutations distinguées!

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    1. Entièrement d'accord avec toi. Lin's, à fortiori une bonne terre riche en fer, il y a des moyens de booster la longueur d'un thé, mais ce qui m'importait ici, et dans ses reviews de thé en général, c'est de juger leur qualité à nu. Sinon, je prendrais ma Nosaka pour tous mes thés et conclurait que tous ont au moins un aftertaste intéressant, ce qui risque de ne pas toujours être le cas.

      Cela dit, je porte un grand intérêt à tes remarques, et ton dernier article sur les thés rouges m'a donné des idées sur des expériences avec des thés sombres justement, genre yancha, thés rouges évidemment, et je pense qu'il serait intéressant d'y inclure les Shu Cha effectivement.


      Et tu as raison, qu'elle chance d'avoir cette Mont Roucous ! Quand tu penses que dans certains pays, ils n'ont rien au dessous de 100mg de résidus à sec... Et moi qui trouve la Volvic (130mg) too much...

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  8. Merci pour ces éclaircissement puerhesques, j'avoue que faire de nombreuses infusions sucessives est simplement magique et cela peut manquer pour certains Oolongs, mais les Dan Cong sont la pour y pallier !
    Concernant les arômes je trouve justement cela un peu léger sur les puerh pour ma part, beaucoup de texture finalement mais peu d'arômes dans ce que j'ai pu goûter, mais mon expérience d'iceux est faible ...

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  9. >> Concernant les arômes je trouve justement cela un peu léger sur les puerh pour ma part...

    Crois-moi, il y a de quoi faire !

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  10. J'arrive un peu en retard dans la conversation...

    De mon côté je suis plus Wulong car je bois avec mon nez... les amateurs de puerh boivent avec leur langue et leurs papilles gustatives.
    Cela dit un Oolong peut être très appréciable pour sa texture et un beau puerh peut être finement parfumé.

    Je bois parfois du puerh sheng (5 à 10 ans) et pour moi c'est une expérience particulières autour de notes vieillies profondes, intenses, des notes de foin, de bois, de tabac...
    C'est aussi une drogue par son effet stimulant particulièrement intense... la fameuse nuit blanche à cause d'un puerh, certains connaissent ça...

    Je ne suis pas un fan de l'after taste trop marqué, c'est comme un parfum, c'est bien quand ça a de la tenue, c'est vrais, mais la ténacité n'est pas un critère de qualité. Donc, une longueur en bouche OK, mais le Tie guan yin qui vous désodorise pour la journée, ou le puerh qui charge le palais, c'est pas mon truc.

    Je classe par ailleurs les shu cha dans la catégorie des perversions culinaires comme les œuf de cent ans et autres curiosité ... quand au puerh sheng trop jeunes, j'ai tout simplement l'impression que ça me fait saigner les gencives et que ça me perfore l'estomac...

    Bref, je reste un fan des Wulong mais avec un respect pour ces honorables thés pleins de surprises que sont les puerh.

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