jeudi 10 septembre 2009

Du surdosage...





J'ai l'impression que plus je bois de pu-er, plus je le dose généreusement. Je ne sais pas si c'est une phase ou non, ou si c'est du à ma curiosité d'aller vers les extrêmes, mais c'est une tendance plus qu'avérée.

Une petite théière de plus en plus remplie... De plus en plus d'infusions, elles-mêmes de plus en plus courtes... L'impression de boire quelque chose de plus fort, sans pour autant être plus brouillon. L'impression d'avoir « le nez dedans. » Un concentré de thé. Le bonheur.

J'apprécie surtout ainsi les shu cha. Ce que j'aime, c'est l'explosion à l'attaque, comme pour un bon thé vert japonais, quand on sent le liquide prendre place dans sa bouche avant de s'y adoucir, pour y laisser un agréable goût chocolaté ou autre, une fois celui-ci avalé.

J'augmente petit à petit, à chaque gong fu cha. Quand je redescends, par exemple à 3g pour un shu pour une théière de 12 cl, j'ai l'impression de passer à côté de quelque chose, puis rapidement de boire de l'eau chaude. Pour les sheng cha, c'est moins flagrant, surtout les très jeunes.

Hier, je me suis refait un petit bout d'une galette d'un sheng de la Fengqing Factory de 1998 (aka galette 36). D'habitude je la dosais généreusement à un peu plus de 4g. Là, j'ai mis un petit 3g et j'ai eu l'impression de m'être trompé de thé tellement je ne sentais plus ses côtés camphrés/réglisse que je lui avais trouvé avant. Pareil, j'ai goûté une fois la galette que l'on nomme "31" sur place (Monge) dosée à 2g, je n'ai pas ressenti ce que j'aimais, alors que je suis sûr que je l'aurais appréciée dosée plus généreusement, car j'ai bien aimé ses subtilités. Cela dit, je trouve la plupart des sheng très buvables à 3g. C'est aussi une histoire de longévité. J'aime faire durer mes gong fu cha sur deux jours. Cette qualité dans un thé me fascine toujours.

Alors est-ce que mon palais de néophyte a besoin d'arômes plus présentes pour les percevoir ?

Enfin, je m'interroge sur les limites de chacun. Je crois savoir que pour les wulongs, on peut se permettre d'être très généreux. Mais pour les pu-er, jusqu'où allez vous ? Je sais que tout cela est une affaire de goût personnel et du thé en particulier, aussi que des gens ne pèsent pas précisément, mais cela m'intéresse d'avoir des informations, histoire de jauger justement les différences personnelles et leurs extrêmes. Est-on tous plus ou moins uniforme sur le dosage ? Y a-t-il des thés que vous surdosez beaucoup plus que la normale ? Et pourquoi le faites-vous ?


12 commentaires:

  1. Pour le pu-erh, même comportement me concernant.
    En dehors du zhong, des pu-erhs jeunes ou bien verts, lorsqu'il s'agit de sortir la théière pour une session GFC qui risque s'étaler dans le temps, je (sur)dose généreusement.
    Plus de gras, plus de complexité, meilleure tenue aux infusions...
    Ca m'est déjà arrivé de doser à 5g/10cl, ou bien de remplir à moitié la théière... avec des temps d'infusions qui commencent à 30s. La claque!
    Bon, cependant il faut reconnaitre que pour certains pu-erh, ce peut être une grosse erreur.
    J'ai aussi l'impression que plus je connais un pu-erh, plus je suis amené à doser large, pour aller au fond des choses... Et également à augmenter mes temps d'infusion. Rares sont les fois où je commence à 10s.


    Concernant les Wulongs, le surdosage peut être une opération risquée pour qui n'est pas en terrain entrainé. D'ailleurs, il avait déjà été discuté sur d'autres blogs (Le Jardin De Thé je crois) que pour les Wulongs, c'est plus le temps d'infusion qui serait une variable à ajuster (notamment en augmentant sans crainte les temps pour les Rochers/Dan Cong)

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  2. dose et durée forment un "couple dynamique", parmi d'autres. au sein de ce couple, je pense que la durée est le paramètre leader, au sens où c'est là qu'on cherche voire trouve ses appuis et un point d'équilibre de la liqueur.

    bon, j'espère que ce n'est pas trop peu clair...

    quelques observations en vrac :
    > augmenter la dose ne "compense " pas une diminution de la durée : la présence et la "force" ne sont pas la même chose. En 15s avec 1g en 10cl, on aura peu de choses avec peu de bruit. Avec 6g en 15s en 10cl, on aura toujours peu de choses avec beaucoup de bruit. Au total, pas "mieux".
    > augmenter la dose, c'est un peu comme monter le son. Jouer sur la durée, c'est affiner l'équilibre entre les notes, chercher les balances et les effets.

    après ça dépend des thés. mais grosso modo, sur un thé qui a des choses dedans, c'est dommage de les laisser dedans ; pour aller les chercher, la durée est une clé. Il y a toujours un seuil en dessous duquel on apauvrit sa liqueur : le truc est de tâcher de repérer ce seuil, ensuite on va juste au delà ou beaucoup au delà, selon le résultat esthétique qu'on désire atteindre.

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  3. Très intéressant d'avoir ces informations. Merci à vous deux.

    Je suis tout à fait d'accord sur le fait que dosage/durée soit un duo indissociable. Il parait clair qu'influer sur l'un ne sera pas compensé par l'autre. Le tout est de trouver la combinaison qui marche.

    Je parle de dosage ici car justement, pour un dosage donné, on peut toujours s'amuser longtemps sur les temps d'infusion, surtout quand on a été généreux. Et pour le moment, je préfère mes rendus d'infusions à différents temps avec des pu-er (surtout shu) bien dosés.

    ++

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  4. David : la galette 36 de M3T est de 1998 (information je trouve plus importante que son n°36, lequel permet surtout à ceux qui la connaissent et/ou la possèdent de la reconnaître indubitablement -dont je suis-, peut-être ce public est-il majoritaire sur ton blog...), et c'est un sheng. Elle vient de la factory Fengqing. Voilà ce que j'en sais...

    Sur le dosage : je fais assez peu varier mes dosages. Surtout avec les wulongs. Avec les pu er, c'est selon moi essentiellement avec les shu (styles les récents vracs de M3T, essentiellement ceux que je connais et pratique) qu'il y a matière à "jouer". Pour ma taïwanaise à pu er, 10cl, je suis en général sur 3-3,5g pour les pu er sheng jeunes, entre 2 âges (comme la 36/1998, la 31/1998, 30/1999), tandis que pour les shu (vracs 1992/15, 1996/22, 1998/24 etc) je n'hesite pas à varier selon mes envies à 3-4-5g...

    Enfin je suis d'accord avec les reflexions de flo sur le poids (etrangement...) plus important de la durée versus le dosage sur le rendu final de la liqueur...

    Lionel

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  5. Effectivement, la durée m'apparait aussi comme l'élément clé.

    J'ai toutefois quelques exceptions : je n'arriverais pas à boire un tuocha 10 trop dosé, et pour un certain nombre de shu cha, le dosage généreux me paraît indispensable. J'ai testé récemment un shu cha (particulier) dosé à 2.5g dans une théière de 140 ml, malgré des infusions dépassant allègrement les 2 minutes, on n'y était pas. Le même dosé à 6g passe parfaitement.

    Moi, de mon expérience, je préfère en moyenne 2g-3g dans une 100ml pour un sheng et jouer sur les durées qui apportent un réel plus, je mets plus facilement 4g-5g d'un shu dans la même théière. Et en général, je fais les jeunes shu assez long, les plus anciens plus courts. Quant aux sheng, je joue vraiment avec les durées.

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  6. Merci d'apporter vos paramètres. Et merci Lionel pour les infos sur la 36, j'ai updaté mon post.

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  7. J'aime bien cette recherche d'infos autour d'un numéro de galette. S'il est louable et intéressant, je lui accorde une importance moindre que beaucoup. Il ne faut pas oublier, lorsqu'un vendeur te donne une telle info :

    1. est-on absolument certain de la véracité de celle-ci ? Il se vend beaucoup plus de yiwu ou de long jing qu'il ne s'en produit. Sans parler des arbres soit disant millénaires.


    2. même avec cette info, et en supposant qu'elle soit exacte, ça nous apporte quoi ? Parce que si tu cherches une feng qing 1998 en Chine, tu as toutes les chances que le produit n'aie rien à voir. J'en ai parlé récemment sur mon blog, et cela concernait deux thés "cuits" et jeunes... Et admettant que l'on aie exactement le même produit, aura t-il évolué pareil ? Moi, quand j'achète une 36, j'achète un produit que j'ai goûté et qui me plaît. J'achète un produit signalé comme étant une feng qing 1998, mais qui surtout a été conservé à la M3T. Conservé ailleurs, le produit serait tellement différent (on aimerait peut-être plus, je n'en sais rien).

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  8. D'accord avec edp. D'autant plus que parfois des questions peuvent être soulevées concernant les dates annoncées. Ce qui n'enlève par ailleurs rien à la qualité des produits.

    Pour répondre à la question, j'ai en général tendance à plutôt bien doser les shengs. Ce que je recherche est avant tout l'énergie de ces thés (surtout chez les jeunes). Il m'arrive aussi de moins mettre de feuilles, au profit d'nfusions plus longues. Tout dépend en fait de mon état d'esprit, du thé et de la théière que j'ai envie d'utiliser (une terre plus souple arrondira les angles et de permettra un dosage plus généreux).

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  9. Il y a aussi la qualité du thé qui joue. Pour les meilleurs thés, on peut pratiquement les oublier si on ne les a pas surdosé. Tout ce que l'infusion sort est bon. Par contre, pour des thés plus communs, on obtiendra de meilleurs résultats en mettant plus et en infusant court.

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  10. Juste pour la précision, j'aime bien développer le nom d'une galette de la m3t car quand j'ai débarqué sur les blogs de thé, cette terminologie m'a paru des plus bizarroïdes par rapport à ce que j'avais vu en boutique et je n'y comprenais rien. Je ne voudrais pas qu'il en soit de même pour d'autres lecteurs débutants.

    Je suis bien d'accord avec vos remarques, une galette 36 est un thé de la Fengqing factory de 1998 avec la supervision de la m3t pour la conservation (voire le vieillissement.) Je pense que pas mal de lecteurs comprennent la différence mais le but dans mon blog est d'essayer de sortir de ce "jargon" et plutôt de donner le nom complet suivi de "de la m3t" pour que d'éventuelles personnes sachent d'où vient ce produit. Pour ma part, je trouve l'info intéressante. Après, le même thé aura surement un goût différent suivant où on l'a achetée, j'en conviens.

    Voilà, ce n'est pas pour relancer une quelconque polémique, juste pour expliquer mon choix "éditorial" et pas non plus un jugement.

    Sur le sujet en lui-même, merci à vous, encore une fois. J'apprends beaucoup grâce à vos commentaires.

    Et Stéphane, ta brique de la CNNP de Yunnan de 2000 est un ravissement pour mes papilles. Et bien que je sois persuadé que c'est un très bon thé, je le dose généreusement ;-) Cela dit, j'ai bien noté ta remarque.

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  11. Je suis bien d'accord avec vos remarques, une galette 36 est un thé de la Fengqing factory de 1998 avec la supervision de la m3t pour la conservation (voire le vieillissement.)

    Présentée comme étant de 1998 ;-)

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  12. ... et comme étant une feng qing ... ;-)

    La seule qui est à peu près certaine, c'est qu'elle est en vente à la M3T.

    On peut dire également que trouver ailleurs une qualité équivalente à prix identique semble être assez hardu. En tout cas, avec tout ce que j'ai testé, rien d'équivalent à ce prix, et j'ai emporté un bout en Chine, quand je leur ai dit le prix, ils ne m'ont pas cru. Cela dit, la galette que je décris sur mon blog, un peu plus chère, est plus avancée et quoique fort intéressante, on a de quoi penser que la G36 (feng qing ? 1998 ?) a un potentiel bien plus grand.

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