dimanche 2 décembre 2012

Première infusion flash






Dans ma pratique quotidienne du thé, j'ai progressivement réduit  la durée de ma première infusion jusqu'à ce qu'elle soit la plus courte possible. Je verse l'eau, je referme le gaiwan et le vide sans même prendre le temps de reposer la bouilloire. "Flash". Je trouve cela très utile pour évaluer certains critères de qualité d'un thé. Je vais vous expliquer ma démarche en détails.








D'abord la théorie. Une feuille de thé contient de nombreux minéraux, d'autant plus qu'elle sera de bonne qualité. L'emploi d'engrais ne va rien changer à cela. Au contraire. Les feuilles seront plus grandes, augmentant le rendement, mais les minéraux seront dilués en leur sein. Il vaut mieux remplir sa théière de petites feuilles gorgées de minéraux que de grandes feuilles plus diluées.

Autre chose qui a son importance, ces minéraux vont se libérer dans l'eau quasi-instantanément. Une fraction de seconde suffit. Si une feuille est de très haute qualité, elle changera l'eau de manière drastique. Prenez deux tasses remplies de la même eau (chaude de préférence), trempez une belle feuille dans l'une l'espace d'une seconde, puis goûtez la différence. À noter que c'est le même principe pour les minéraux contenus dans la glaise d'une théière.








Ici, avec mon infusion flash, je vais obtenir un effet sur l'eau bien plus visible. On pourra apprécier le changement de texture, les sensations de gorge, l'effet sur le corps, et même la longueur en bouche et le Qi. Et oui ! On peut être teadrunk en buvant une tasse d'eau dans laquelle a trempé une seconde 2-3 feuilles de haute facture. Croyez-moi, j'étais sceptique. Mais force est de constater que ça a très bien fonctionné sur moi, qui ne me considère pas sensible à outre mesure à l'énergie des thés.








Alors pourquoi est-ce que j'utilise cette méthode ? Parce qu'il y a plein de choses qui seront bien plus visibles ainsi. Un buveur aguerri pourra faire la part des choses et détecter de nombreux aspects d'un thé même en buvant une liqueur ultra concentrée. Ce n'est pas mon cas. J'ai du mal à avoir une bonne vision de certains paramètres quand le thé est très dense. Grâce à cet artifice, j'obtiens une tasse de thé très très légère, presque dénuée d'arômes et de parfums, ce qui va me permettre d'évaluer le reste sans être influencé. Certains disent que le thé et les accessoires ne sont que des moyens d'améliorer l'eau. Je commence à les comprendre, car le genre de tasse obtenue avec cette méthode est loin d'être désagréable.








Qu'est-ce que j'essaie de noter ainsi ? Aussi incroyable que ça puisse paraître, la vapeur dégagée par cette première infusion portera déjà des informations intéressantes. C'est le premier point auquel j'essaie de faire attention, bien que je n'ai certainement pas le nez encore assez entraîné pour pouvoir en tirer beaucoup d'informations. Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron comme disait l'autre...

En bouche, je me concentre sur la différence de texture, souvent impressionnante. Puis, point important, j'essaie de faire très attention aux sensations de gorge. Est-ce qu'elle sera comme serrée au moment d'avaler  le thé ou au contraire, comme dilatée ? Ensuite, je fais attention à ma première respiration après avoir avalé. Un thé avec de superbes sensations de gorge procurera souvent un grand plaisir à ce moment, comme si on était arrivé au sommet d'une montagne et qu'on pouvait jouir d'un air pur et vivifiant.

Pour la suite, il faut être à l'écoute de son corps. Pas facile je l'avoue. C'est là où j'en suis en gros. Pour le reste, même si j'ai fait une infusion très très courte, ça ne veut pas dire qu'il ne va pas y avoir de retour de saveurs au bout d'un moment. C'est vraiment quelque chose que j'adore : avoir l'impression de boire de l'eau et néanmoins avoir des retours de fruits et/ou de fleurs ensuite. Spéciale dédicace aux Dan Cong. Ces saveurs pourront également évoluer.

J'aurai peut-être par la suite des choses à ajouter à cette liste. 








Je terminerai par quelques remarques. La première, c'est que ça ne remplace pas, mais au contraire complète, l'observation initiale des feuilles. Je les regarde, les sens exhaustivement, à froid, à chaud dans le zhong préchauffé, puis rincées (je parle bien d'une première infusion et pas du rinçage), et entre chaque infusion par la suite, les feuilles directement et le couvercle du gaiwan. Enfin, j'observe les feuilles une fois vidées de leur substance.

Seconde remarque : afin de s'apercevoir de tous ces changements, il est nécessaire de bien connaitre son eau, sa texture, etc, au besoin de s'aider d'une tasse témoin remplie d'eau chaude et de faire des allers-retours entre les deux. À présent je m'en passe, mais c'est parce que je commence à bien connaitre la Mont Roucous depuis le temps. Quand je bois juste un verre d'eau, j'utilise aussi la Mont Roucous. Le but est d'essayer de la reconnaître entre mille. 

Il n'est pas facile au début de savoir où/quoi chercher. Seule la pratique paye. C'est aussi pour ça qu'au début, il est plus simple et pédagogique de n'utiliser qu'une seule eau.

Enfin, je ne fais cela qu'avec un matériau "neutre" comme la porcelaine, le but étant pour moi d'observer seulement l'influence des feuilles, démêlée de celles de mon matériel comme la glaise d'une de mes théières, ne connaissant par leurs influences exactes par coeur. Exit la théière donc. Aussi, le temps de verse d'une théière sera bien trop long pour l'effet recherché.








Je terminerai par dire que je fais tout ça quand j'ai envie d'évaluer un thé, et pas juste envie de me boire une tasse, relax. Mais force est de constater que j'aime cette analyse, surtout que je bois pas mal d'échantillons. Je trouve ça assez fun, mais c'est somme toute très personnel. 


À bientôt !


PS : les photos auraient pu coller un peu plus au sujet, mais je viens d'atteindre la limite gratuite de stockage fournie par blogspot (Picasa). Aussi, j'ai fait au plus rapide avec des photos que j'avais stockées ailleurs, mais je vais essayer de trouver une autre solution à l'avenir (gratuite, non fastidieuse, et où je ne perds pas les droits de mes photos en les uploadant...)

4 commentaires:

  1. Le Dan Cong !
    S'il est un thé qui m'a permis d'évoluer dans ma pratique du thé, c'est bien lui, ou plutôt, ce sont bien eux.
    La subtilité, la délicatesse et la noblesse de cette famille de thé m'a permis de comprendre l'importance d'être famillier avec tout les paramètres qui sont susceptibles d'influer sur la séance de dégustation.

    Boire un Dan COng c'est pénétrer dans un monde de subtilité, de changements infinitésimaux, porter attention moins aux arômes qu'aux textures, moins à l'éléctricité immédiate qu'a cette petite flamme qui réchauffe longtemps la gorge et l'âme.

    Ces derniers temps d'ailleurs je glisse encore plus dans cette subtilité. Ces thés ont la chance de pouvoir résister à un important nombre d'infusions sucessives, je me suis récemment dit, à quoi bon mettre 6g de feuilles dans 100 ml pour faire 15 infusions. En effet tout buveur a une concentration limite, la mienne était atteinte !
    Désormais j'ai baissé mon grammage (3grammes) et largement baissé le volume de chaque infusion juste assez de liquide pour recouvrir les feuilles (25ml en gros). Et la je profite pleinement des infusions sucessives, le prix de revient est meilleur, le palisir intact, et même, je trouve, un peu augmenté.

    Bien à vous chers chroniqueurs du thé

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    1. Merci pour ton message. Il est vrai que les Dan Cong sont assez exigeants, et il faut faire attention à beaucoup de paramètres, la différence au final pouvant être assez importante.

      Un fort ratio est vraiment appréciable pour un thé de qualité, reste à trouver le bon accessoire. Je viens de m'acheter un petit gaiwan chez Imen à ces fins. 5 cl utiles (8 à ras bord), fait main, vraiment sympa. Sans arriver aux chiffres que tu cites, je pense voir de quoi tu veux parler.

      Au plaisir de te lire.

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  2. Très intéressant tout cela, bien que difficile à décrire... alors bravo ! Je me sens assez en phase avec ce que tu dis là.

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    1. Merci Charlotte ! C'est vrai que ça peut paraître bizarre cette affaire aux premiers abords pour un buveur de thé. Personnellement, j'ai eu la chance d'être guidé sur l'influence de plusieurs paramètres sur l'eau, avec de multiples exercices qui ont éveillé en moi de nouveaux horizons : texture, sensations de gorge, etc. Mais il y a encore un an ça ne m'aurait pas vraiment parlé.

      Le but est aussi de souligner que l'intérêt du thé ne réside pas que dans les saveurs et les parfums. Mais évidemment, chacun(e) prendra plaisir à boire du thé à sa façon et pour ses propres raisons.

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