lundi 12 novembre 2012

Bai Ying Shan Raw Puerh 2008 (Hojotea)






Après avoir présenté l'un de des deux puerh "avec défaut" de la nouvelle sélection d'Akira, je fais un saut qualitatif en passant à ce Bai Ying Shan de 2008. C'est le plus cher des sept nouveaux puerh, à savoir 0.33€ le gramme. 










Avec Akira, il ne faut pas s'attendre à du stockage humide bien entendu, et l'odeur de la galette le prouve tout de suite : du fruit, du fruit, et encore du fruit (abricot et autres fruits secs). Pour plus de détails sur ce thé, je vous renvoie à la fiche qu'il consacre à ce thé, encore une fois très intéressante pour qui voudra comprendre sa démarche.











Je sors mon set en porcelaine préféré. J'ai choisi de mettre la dose, tout simplement car je l'ai déjà goûté une fois rapidement, mais pas de façon analytique, juste pour accompagner un bon bouquin, et il m'était apparu comme un thé doux, sans défaut, ce qui pour moi représente un gros feu vert vers la route des dosages ©bûcheronnesques... 10 grammes donc, et en avant !










Le résultat dans le zhong chaud est une effervescence d'arômes fruités. Il y a aussi un parfum de thé rouge, faute d'autres mots plus précis. On est proche d'une Mi Di, d'un style assez jeune mais étonnamment mûr, avec peut-être un peu plus de profondeur, en tout cas en ce qui concerne ces effluves, en général très bons indices pour la suite de la dégustation. 













Très court rinçage car les feuilles sont faiblement compressées. Eau de rinçage limpide. Le fond de tasse est déjà prometteur. C'est horizontal à souhait, les vapeurs se sentent au fond de la gorge.













On ne change pas une tactique qui gagne, donc je commence par une vraie infusion flash. Le dosage aidant, c'est ultra prometteur. On dirait que le liquide est gras.







Une gorgée de cette courte infusion suffit. Voici les mots dans l'ordre qu'ils me sont apparus : fruit, sensations de gorge, évolution rapide, sucre, longueur, hmmmmmmm... Cela mérite quelques secondes de plus d'infusion, mais le retour de saveurs et les sensations de gorge sont incroyables. Je bute un peu sur une saveur que je connais mais que je n'arrive pas à nommer, celle qui se rapporte aux arômes de thé rouge cités plus haut. 








Ce thé me plonge directement dans mes souvenirs de Malaisie, à goûter des thés de la collection personnelle d'Akira. On est sur ce qu'il aime, et ce que j'aime aussi : du thé pur, propre, fruité, profond. Certains préfèrent une dose d'amertume plus prononcée, des thés moins sages.

L'amertume est souvent perçue comme un signe de future grandeur. On parle de puerh limite "imbuvables" lorsqu'ils sont jeunes, mais qui donneront des choses extraordinaires après plusieurs années de stockage. Je n'ai honnêtement aucune expérience en la matière et respecte ce genre de discours, notamment quand il vient de Toki ou de Nada. Mais les aficionados de l'amertume des jeunes puerh ne trouveront pas leur compte dans ce thé, ni même dans la sélection d'Akira oserai-je dire. Ceux qui connaissent savent de quoi je parle. Il n'y a qu'à regarder sa Bulang de 2010 : peu voire pas d'amertume. Au passage, pour ceux qui aiment ça, ce qui est aussi mon cas, je ne saurai trop conseiller la Bulang 2012 d'Essence of Tea. Une merveille...








Cela dit, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'amertume dans ce thé qu'il n'a pas les qualités requises pour se hisser parmi les plus grands, à mon goût bien entendu. La longueur est tout bonnement incroyable. Occupé à prendre des photos, j'ai eu des retours de fruits (poire) plus de 5 minutes après. Et je suis encore sur ma toute première infusion flash, à la bouche très discrète ! 








La deuxième infusion, entre 5 et 10 secondes, offre plus de choses en bouche. Les papilles travaillent. L'astringence est cependant faible. La liqueur est d'un orange soutenu. Le plaisir est total. Je pense que je vais passer les prochaines heures (vu le dosage et la longueur en bouche) gavé de fruit. Il y a définitivement pire... Je note sur la longueur un côté boisé, mais pas dans le registre vieux puerh/puerh humide, mais plus dans le sens tonneau en fût de chêne. Et cette alliance de fruits mûrs et de bois me fait naturellement penser à de bonnes "gnioles"...








La session s'est déroulée sur la longueur. Chaque gorgée fut appréciée et laissée durer le temps qu'il se doit pour admirer l'évolution des saveurs. Même après le dîner, je sentais encore la présence de ce thé en bouche. Le lendemain, les feuilles sont passées en terre zini pour de nombreux passages. Le surlendemain, j'y étais encore.

Akira, qui connait mes goûts, avait parié que je tomberai sous le charme. Il ne s'est pas trompé. J'ai encore beaucoup à découvrir avec ce thé que je n'ai fait qu'effleurer. Mais je sens qu'il va devenir un bon compagnon, surtout pendant la saison froide.

Je vous laisse avec quelques clichés supplémentaires.


À bientôt.









25 commentaires:

  1. Pas sûr que cette galette soit à mon goût d'après ce que tu en dis, mais en tout cas ça ton enthousiasme fait plaisir à lire !
    Sinon, j'aime beaucoup l'emballage ^^

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    1. oups.
      faut dire, y'a tellement de nouveaux puerh chez Akira que je n'ai pas retenu tous les noms :)

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  2. Bonnes "gnioles", thé noir et fruits rouges... Miam...

    J'attends impatiemment un colis de puerh d'Olivier S pour rentrer dans cette famille. Le Bulang 2012 d'Essence of Tea est très impressionnant mais je reste un peu distant.
    J'ai testé un quinzaine de puerh sans avoir encore trouvé ma voie mais j'espère rencontrer un jour le bon profil.

    L'article de Sebastien sur le Suan Cha m'a fait un petit déclic et ton approche sensible m'invite à poursuivre mes recherches.

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    1. Tu sais ce que tu recherches exactement comme profil de puerh ?

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    2. Pas vraiment non...
      Parmi la sélection 2010/2011 Essence of tea, j'aime vraiment le Mansai 2010.
      J'avoue d'ailleurs que deux, trois années au compteur sont toujours appréciables pour mes papilles, les puerh de l'année me sont moins accessible pour l'instant
      Après il faut que je teste des variétés différentes et je verrai...

      Quels seraient tes conseils pour un récalcitrant ?

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    3. Le puerh est un monde vaste. Quand tu auras reçu les thés d'Olivier, écris-moi et on se fera encore un petit échange d'échantillons si ça te dit. Je dis ça, mais j'ai encore du boulot sur ceux que tu m'as envoyés... Tant de thés et si peu de temps...

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  3. Un pu er effectivement impressionnant. Une pureté extrême, et une très agréable longueur.
    La Bu Lang Shan 2010 d'Akira est excellente, quoique chère. On est toutefois assuré de l'absence de pesticides.
    J'ai sinon un faible pour sa Lan Shi Hei Ma et bien entendu sa Mi Di !

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    1. De très bonnes références assurément. La certitude d'avoir des thés exempts de pesticides est aussi une raison qui me fait préférer les thés d'Akira, de David ou de Tim. Vu les litres ingurgités... ;-)

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    2. Tu oublies de mentionner les filles qui proposent probablement les meilleurs Pu Er du monde avec ceux de David d'Essence of Tea :

      http://www.the-puer.com/

      http://galerie-yunnan.blogspot.fr/

      Malheureusement, et je ne comprends pas pourquoi, vous n'en parlez pratiquement jamais sur vos différents blogs, au-moins elles, tout comme David, sont honnêtes et savent de quoi elles parlent !

      Philippe
      http://www.the-puer.com/

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    3. Pardons, fausse manip ;-)

      Philippe
      http://g2t-archives.blogspot.fr/

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    4. J'ai goûté aux thés des filles de Galerie Yunnan l'année dernière, et je respecte grandement leur travail et leur passion. Je ne peux tout acheter non plus. J'admets volontiers qu'à ne pas acheter tous les thés de la planète, je passe à côté de plein de choses. Je préfère - question de personnalité - me concentrer sur quelques revendeurs avec lesquels je développe une relation solide et amicale au fait de m'éparpiller.

      De plus, un blogger n'a pas d'obligation de parler de tout ce qui se fait. Ce n'est pas un comparatif de l'UFC-QueChoisir.

      Quand à ce que tu sous-entends sur l'honnêteté d'Akira, j'imagine que tu as tes raisons. Personnellement, je le connais très bien et suis sûr de l'inverse. Mais chacun a le droit de penser ce qu'il veut, ça ne me dérange pas...

      Il a son lot de détracteurs, il en est conscient d'ailleurs. Mais sa démarche se tient d'un bout à l'autre et est honnête. Si ce n'était pas le cas, je ne pense pas que je parlerais de ses thés.

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    5. >>Quand à ce que tu sous-entends sur l'honnêteté d'Akira, j'imagine que tu as tes raisons.

      J'applique tout simplement ce sage précepte : "Méfiez-vous des faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis" - Mathieu 7(15-20)

      Philippe
      http://g2t-archives.blogspot.fr/

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  4. >> "La Bu Lang Shan 2010 d'Akira est excellente, quoique chère. On est toutefois assuré de l'absence de pesticides."

    Ah bon, tu as des preuves ? ...

    Philippe
    http://g2t-archives.blogspot.fr/

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    1. Pour te répondre sur ce point là, sache qu'Akira achète ses feuilles directement auprès des fermiers. C'est la seule façon de s'assurer qu'il n'y a pas eu usage de pesticides. La plupart des vendeurs achètent leurs thés directement sur le marché et là il n'y a aucune garantie. Mais en se rendant sur place, en examinant les arbres et les feuilles, pas facile de cacher quoi que ce soit. D'autres vendeurs font de même, dont David Collen.

      Cette année, il a décidé de produire ses propres emballages pour que les gens comprennent qu'il n'achète pas de galettes toutes faites pour lesquelles il ne pourrait pas affirmer l'absence de pesticides. En gardant un emballage classique, ce n'était pas clair et beaucoup de personnes pensaient qu'il achetait un lot de galettes pour les revendre.

      De toute façon, il est persuadé que la meilleure qualité provient de théiers qui n'ont reçu ni pesticides ni même d'engrais (natural farming). Personnellement, je suis d'accord avec lui. La qualité de ce genre de thé est à mes yeux supérieure même à du bio ou au fruit de travail traditionnel sur des théiers qui ont reçu de l'engrais. Question de goût.

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    2. Pour te répondre sur ce point là, sache qu'Akira achète ses feuilles directement auprès des fermiers. C'est la seule façon de s'assurer qu'il n'y a pas eu usage de pesticides. [...] D'autres vendeurs font de même, dont David Collen.

      Il faut aussi noter qu'Akira réalise des tests de résidus de pesticides (plus de 200 composés testés). Ce qu'à ma connaissance ne fait pas David.
      Je ne comprends d'ailleurs pas comment celui-ci peut vendre des vieux pu er sans faire de tests : a-t-il visité les plantations l'année de récolte desdits pu er ? ...
      Le(s) rare(s) vieux thé(s) d'Akira ont été testés pour les résidus de pesticides...


      Cette année, il a décidé de produire ses propres emballages pour que les gens comprennent qu'il n'achète pas de galettes toutes faites pour lesquelles il ne pourrait pas affirmer l'absence de pesticides.

      En faisant des tests sur plusieurs échantillons, il le pourrait.
      C'est le seul moyen de s'assurer qu'un aliment est sain. Le label "bio" ne garantit rien de tel en lui-même ; il faut réaliser des tests de résidus pour être sûr de consommer des aliments sains. Même du "bio" peut-être nocif pour la santé.
      En moyenne toutefois, le "bio" l'est moins que le reste.

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  5. "La plupart des vendeurs achètent leurs thés directement sur le marché et là il n'y a aucune garantie. Mais en se rendant sur place, en examinant les arbres et les feuilles, pas facile de cacher quoi que ce soit. D'autres vendeurs font de même, dont David Collen."

    Sans remettre en question la bonne foi de qui que ce soit, c'est totalement illusoire de penser avoir 100% de garantie, même lorsque le vendeur se rend sur place pour sélectionner ses arbres. Rien n'empêche le producteur de mélanger les feuilles issues des arbres choisis par le vendeur avec d'autres matériaux, provenant de n'importe où... à moins de suivre scrupuleusement toutes les étapes, de la récolte des feuilles à la presse des galettes, ce qui n'est le cas ni de Nada ni d'Akira.

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    1. Effectivement, c'est une technique assez souvent pratiquée si on en croit certains dires. Le risque zéro n'existe pas, d'ailleurs Akira stresse pas mal entre le moment où il va sélectionner ses feuilles et le moment où il les reçoit. Cela dit, il regoûte tout avant de mettre en vente. Mais il est bien possible que certaines choses passent sous son nez, comme nous dans la vie de tous les jours.

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  6. Tu oublies de mentionner les filles qui proposent probablement les meilleurs Pu Er du monde avec ceux de David d'Essence of Tea (http://www.the-puer.com/ & http://galerie-yunnan.blogspot.fr/)

    Wahou, les meilleurs puerh du monde, rien que ça !! Tu les as donc tous goûtés ? Tu as des preuves sans doute, ah ah !

    Malheureusement, et je ne comprends pas pourquoi, vous n'en parlez pratiquement jamais sur vos différents blogs, au-moins elles, tout comme David, sont honnêtes et savent de quoi elles parlent !

    Libre à toi d'en parler, en ce qui me concerne je fais ce que je veux et je n'ai pas forcément d'explications à donner. Quand à juger de l'honnêteté de tel ou tel vendeur, je ne m'y risquerai pas, mais là encore tu dois disposer de davantage d'informations que tout le monde, et des sources fiables sur place pour pouvoir accréditer ou non les déclarations sur le cours du maocha en fonction des conditions climatiques par exemple.
    Mais bon, peu importe...

    "Vu les litres ingurgités... ;-)"

    A ce sujet je me demande si les pesticides / engrais qui se retrouvent dans les feuilles de thé passent vraiment dans la tasse, et si oui en quelle proportion (y'a eu des études à ce sujet ?). Parceque si c'est comme pour le césium, j'avais cru lire qu'il ne passait pas dans la flotte et donc vu qu'on ne mange pas les feuilles (à part pour le matcha), que l'on boive 20cl ou 2L de thé à partir de 10g de feuilles, ça revient au même, non ?

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    1. "Vu les litres ingurgités... ;-)"

      A ce sujet je me demande si les pesticides / engrais qui se retrouvent dans les feuilles de thé passent vraiment dans la tasse, et si oui en quelle proportion (y'a eu des études à ce sujet ?). Parceque si c'est comme pour le césium, j'avais cru lire qu'il ne passait pas dans la flotte et donc vu qu'on ne mange pas les feuilles (à part pour le matcha), que l'on boive 20cl ou 2L de thé à partir de 10g de feuilles, ça revient au même, non ?


      Je ne saurais répondre à cette (très bonne) question d'un point de vue scientifique. J'espère que quelqu'un passera par là avec un point de vue intéressant sur la question.

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    2. Sujet intéressant que cette histoire de pesticides.
      Les thés récoltés en altitude (milieu naturel des camellias) sont souvent plus "clean" car le climat et la nature du sol assurent une bonne protection. Les thés Oolong de grande qualité sont assez épargnés et particulièrement les gao shan sha.
      Les thés produits de manière intensive en plaine et dédiés au marché intèrieur sont assez déconseillés.

      Les amateurs de thé et blogeurs que nous sommes pourraient peut être soulever ce problème et inciter à demander systématiquement des informations précises à nos revendeurs.

      ps: Avec plaisir pour les échanges.

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  7. Salut,

    les pesticides dans le thé sont effectivement un sujet intéressant. Je travaille depuis plus d'un an dans une boutique de thé sur Bruxelles et je dois dire que seulement 5 à 8 pour 100 des clients posent cette question au sujet du "bio".

    --"Ce thé est-il bio ? je ne bois et ne mange que bio!"--

    Cela devient une éthique, pas un critère de qualité.

    Alors je pose une série de question pour aller dans le sens collectif :
    Mangez-vous bio, c'est à dire sans produits chimique ?
    Vous soignez-vous uniquement avec des produits naturel ?
    Vivez-vous loin des ondes magnétiques (wifi, tél mobile, TV, radio) ?
    quand vous sortez dans la rue est-ce avec un masque ?

    La liste peut être très longue, et pour être franc avec le lecteur, j'interprète la question comme une question qui manque de profondeur.

    C'est vrai que je préfère un thé ou aliment sain et vivant. Mais de là à demander de la part du vendeur des infos pointues à ce point, cela me dépasse, je l'avoue. Chacun son point de vue, pur moi c'est une affaire de confiance et pas de "écrit sur l'étiquette".

    Bye
    Nicolas

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    1. Salut Nicolas. C'est sûr, c'est loin d'être un sujet simple. Personnellement, je me contente de remarquer pour le thé que les produits sans pesticides, voire même sans rien du tout, juste la nature qui joue et pas la main de l'homme, sont bien meilleurs. Ça me réconforte quelque part je l'avoue.

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  8. Bien sûr il ne faut pas devenir parano ou extrémiste du bio. Mais au-delà de la question de santé ou de qualité du produit, il y a aussi le problème de l'impact environnemental de certains type de cultures très polluantes.
    L'idée que mon plaisir personnel s'associe à des pratiques agricoles dévastatrices me dérange un peu.
    Je pense aussi aux agriculteurs qui manipulent ces produits et à leur entourage.

    Nicolas à toutefois un peu raison : C'est aussi une affaire de confiance et il fait savoir être raisonnable.

    On va bientôt battre le record de messages ;)

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    1. "On va bientôt battre le record de messages ;)"

      -> oui je crois

      Nicolas

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