Voici venue l'heure du Mi Hua Xiang, littéralement "Honey Flavor". Après avoir patiemment goûté une bonne partie de la gamme de Phoenix Oolong d'Akira, dans l'ordre croissant de prix (et de plaisir), me voici enfin arrivé au sommet. 78 € les 15g, soit 26€ pour cette dégustation. C'est le thé le plus cher que j'ai acheté à ce jour, mais je l'ai fait en connaissance de cause, pour avoir déjà goûté la version 2010 de ce thé, déjà médaillée d'or à l'époque, grâce à un échantillon alors offert par Akira. Mais mon palais n'était pas aussi habitué aux dan cong et, a fortiori, aux dan cong frais. Rappelons que c'est précisément dans cette catégorie qu'on trouve les tous meilleurs dan cong. Idem pour les Tie Guan Yin d'Anxi d'ailleurs.
Le set up utilisé est le même quasiment que pour le Tong Tiang Xiang. Le zhong de Mandarin's Tearoom accompagné de petites tasses de Jingdezhen (style Doucai) toujours en provenance de chez Tim. J'ai utilisé 5g de feuilles. Eau Mont Roucous bien entendu, dans une bouilloire en verre. Petite différence, je n'utilise pas de pot de réserve cette fois-ci.
Aujourd'hui mes attentes sont un peu particulières par rapport à ce thé, car Akira m'a confirmé que la qualité des Dan Cong 2012 serait inférieure à celle de l'année précédente, et cela pour cause de pluies incessantes qui se sont abattues sur le Guangdong ces derniers temps. Il se rendra sur place le mois prochain, mais à part le haut du panier comme ce Mi Hua Xiang, ou à l'inverse l'entrée de gamme (Mi Lan Xiang), on risque de ne pas trouver la même sélection cette année que l'année dernière, ou alors peut-être si, justement, ces mêmes thés de 2011 restockés faute de mieux. Cela dit, il y aura un lot de consolation : sa nouvelle sélection de puerh promet d'être exceptionnelle, avec certaines trouvailles récentes ayant un aftertaste supérieur au thé dont je vais vous parler ici (!), qui est accessoirement le top de sa sélection en la matière au jour d'aujourd'hui. Le tout avec des prix attractifs pour la qualité. Affaire à suivre...
D'emblée, l'odeur des feuilles sèches annonce la couleur, et c'est plutôt une claque. On n'est pas sur le même registre que le Tong Tiang Xiang, mais plus proche d'un Mi Lan Xiang je dirais.
Honnêtement, des fois je me dis que je pourrais m'arrêter à cette étape. Je suis déjà comblé. L'odeur des feuilles sèches, même pas encore dans le zhong qui préchauffe, c'est le pied. Un parfum incroyable. Le bonheur est déjà total. Après, on peut préférer d'autres caractères, mais le nez est proche de la perfection. Je suis obligé de préchauffer le zhong une deuxième fois tellement j'ai passé du temps à humer ces feuilles...
Une remarque juste en passant sur la qualité de l'emballage : sur les 5 g prélevés du sachet (de 15 g), je n'ai rencontré aucune brisure, que des feuilles entières, ce qui parait normal pour ce prix mais pas évident non plus. Je me suis déjà fait envoyer un thé de rochers assez cher par correspondance par la m3t pour me retrouver au final avec un sac de miettes, pourtant avec la boite rigide qui va bien (?). Inutile de dire que le thé était à peine meilleur qu'un thé de base au final...
D'emblée, l'odeur des feuilles sèches annonce la couleur, et c'est plutôt une claque. On n'est pas sur le même registre que le Tong Tiang Xiang, mais plus proche d'un Mi Lan Xiang je dirais.
Honnêtement, des fois je me dis que je pourrais m'arrêter à cette étape. Je suis déjà comblé. L'odeur des feuilles sèches, même pas encore dans le zhong qui préchauffe, c'est le pied. Un parfum incroyable. Le bonheur est déjà total. Après, on peut préférer d'autres caractères, mais le nez est proche de la perfection. Je suis obligé de préchauffer le zhong une deuxième fois tellement j'ai passé du temps à humer ces feuilles...
Une remarque juste en passant sur la qualité de l'emballage : sur les 5 g prélevés du sachet (de 15 g), je n'ai rencontré aucune brisure, que des feuilles entières, ce qui parait normal pour ce prix mais pas évident non plus. Je me suis déjà fait envoyer un thé de rochers assez cher par correspondance par la m3t pour me retrouver au final avec un sac de miettes, pourtant avec la boite rigide qui va bien (?). Inutile de dire que le thé était à peine meilleur qu'un thé de base au final...
Alors, histoire d'être moins vague sur le parfum des feuilles sèches, maintenant que je suis un peu remis de mes émotions, je dirais agrumes, orange, fruits exotiques, litchi, mangue, et pêche. Dans le zhong chaud, c'est un peu plus floral. Rincées, ce sentiment est accru, avec des notes minérales superbes. Encore une fois, c'est dans la pureté, l'absence de fausses notes, que ce thé d'emblée semble se distinguer de ses congénères de grades inférieurs. En portant le zhong au nez tout en fermant les yeux, j'ai vraiment l'impression que mes narines sont à quelques millimètres de la chaire d'un fruit qu'on viendrait de cueillir et de couper en deux.
Je conserve le même protocole que les dernières fois. Je ne sens aucunement le besoin de changer quoi que ce soit. Je pense avec un petit peu de recul que ces infusions courtes couplées à une bonne quantité de feuilles, sont particulièrement adaptées aux dan cong frais… À voir avec un thé torréfié.
C'est parti avec une poignée de secondes. Tout d'abord, c'est assez différent de mes souvenirs. Ce qui attrape mon attention au premier contact avec la liqueur, c'est une épice. D'emblée, ça m'a fait penser à du curry, plus précisément à du curcumin. Non, en fait ça ressemble beaucoup plus à de la coriandre. Je rassure le lecteur, j'ai fait particulièrement attention à ce que j'ai mangé avant cette dégustation. J'ai même fait attention d'être bien reposé et que toutes les planètes soient alignées de façon à ce que cette dégustation se passe au mieux.
C'est parti avec une poignée de secondes. Tout d'abord, c'est assez différent de mes souvenirs. Ce qui attrape mon attention au premier contact avec la liqueur, c'est une épice. D'emblée, ça m'a fait penser à du curry, plus précisément à du curcumin. Non, en fait ça ressemble beaucoup plus à de la coriandre. Je rassure le lecteur, j'ai fait particulièrement attention à ce que j'ai mangé avant cette dégustation. J'ai même fait attention d'être bien reposé et que toutes les planètes soient alignées de façon à ce que cette dégustation se passe au mieux.
Pas le temps d'attendre la deuxième infusion avant de me faire rattraper par l'énergie de ce thé. Je fais une pause, pas forcement volontaire, m'assois bien. Ce thé est puissant et fortement relaxant. Je suis envahi par le besoin de bailler, de m'étirer. J'ai l'impression d'être un chat qui s'étire au milieu d'une siseste avec ce sentiment de satisfaction et de souplesse qu'on leur envie tant. Rares sont les fois où un thé m'a fait autant d'effet. La dernière fois, c'était lors de la dégustation d'un Wuyi Yancha d'Essence of Tea, pas au même niveau que ce dan cong, mais tout de même impressionnant à ce niveau là.
La deuxième infusion, qui durera aussi quelques secondes, est un peu moins légère. Elle laisse plus de place aux fruits, mais il y a aussi ce pôle épicé ressenti précédemment. Et c'est loin d'être désagréable. L'aftertaste est tel qu'on a l'impression que la liqueur se vaporise au moment d'atteindre la gorge. On respire mieux, on se sent mieux. Ce thé n'est pas extraordinaire de façon "évidente". Tout est dans la subtilité, même au niveau de l'aftertaste. En fait, ce n'est pas comme si le goût d'un fruit vous restait dans la gorge pendant des heures, mais c'est une sensation, une présence, qui reste. Alors bien sûr, elle est fruitée. Mais parler uniquement des saveurs, des fruits ou des fleurs auxquelles ce thé me fait penser, serait extrêmement réducteur et ne lui rendrait pas hommage. C'est un thé à vivre, pas à décrire.
La deuxième infusion, qui durera aussi quelques secondes, est un peu moins légère. Elle laisse plus de place aux fruits, mais il y a aussi ce pôle épicé ressenti précédemment. Et c'est loin d'être désagréable. L'aftertaste est tel qu'on a l'impression que la liqueur se vaporise au moment d'atteindre la gorge. On respire mieux, on se sent mieux. Ce thé n'est pas extraordinaire de façon "évidente". Tout est dans la subtilité, même au niveau de l'aftertaste. En fait, ce n'est pas comme si le goût d'un fruit vous restait dans la gorge pendant des heures, mais c'est une sensation, une présence, qui reste. Alors bien sûr, elle est fruitée. Mais parler uniquement des saveurs, des fruits ou des fleurs auxquelles ce thé me fait penser, serait extrêmement réducteur et ne lui rendrait pas hommage. C'est un thé à vivre, pas à décrire.
Troisième. Cinq secondes à la louche. La liqueur est une version plus intense des deux précédentes. Malheureusement, y'a pas 36 moyens de dire à quel point cette dégustation est extraordinaire. Les mots me manquent.
Aussi, je ne vais pas épiloguer longtemps parce que je n'ai pas envie d'aligner les superlatifs en boucle. Je vais plutôt profiter d'un moment tête-à-tête avec ce thé. En plus, j'ai une fâcheuse tendance à piquer du nez, et je ne crois pas que le thé soit totalement étranger à cet état...
La suite de la dégustation durera encore longtemps. Au dixième passage, je n'avais presque pas augmenté le temps d'infusion. Ce thé a vraiment une longévité assez extraordinaire. J'ai fini par faire une pause. Et c'est en me levant que je me suis rendu compte à quel point j'étais "teadrunk", limite à ne pas marcher droit. Impressionnant... !
Lorsque j'ai partagé mes impressions avec Akira, il m'a répondu ceci : "cet effet est précisément ce qu'on recherche. En Chine, l'aftertaste est souvent appelé de plein de façon différentes. Le Cha Qi a la même signification que le Hou Yun. On l'appelle Qi car il impacte directement le Qi de notre corps." Voilà qui éclairera peut-être la lanterne de certains, moi le premier...
Trois jours plus tard, alors que je peaufine cet article, je sirote toujours ce thé, qui tire à présent plus sur la banane verte. Hier, c'était l'ananas et la mangue fraîche. Toujours pas de fausse note. Le thé est peut-être à présent moins intéressant, mais c'était encore loin d'être le cas hier. J'effectuerai une ultime infusion nocturne avant de déclarer cette session finie. C'est la première fois que je rencontre un oolong frais qui est encore excellent après une pause, a fortiori plusieurs. Voilà qui relativise un peu son prix.
La suite de la dégustation durera encore longtemps. Au dixième passage, je n'avais presque pas augmenté le temps d'infusion. Ce thé a vraiment une longévité assez extraordinaire. J'ai fini par faire une pause. Et c'est en me levant que je me suis rendu compte à quel point j'étais "teadrunk", limite à ne pas marcher droit. Impressionnant... !
Lorsque j'ai partagé mes impressions avec Akira, il m'a répondu ceci : "cet effet est précisément ce qu'on recherche. En Chine, l'aftertaste est souvent appelé de plein de façon différentes. Le Cha Qi a la même signification que le Hou Yun. On l'appelle Qi car il impacte directement le Qi de notre corps." Voilà qui éclairera peut-être la lanterne de certains, moi le premier...
Trois jours plus tard, alors que je peaufine cet article, je sirote toujours ce thé, qui tire à présent plus sur la banane verte. Hier, c'était l'ananas et la mangue fraîche. Toujours pas de fausse note. Le thé est peut-être à présent moins intéressant, mais c'était encore loin d'être le cas hier. J'effectuerai une ultime infusion nocturne avant de déclarer cette session finie. C'est la première fois que je rencontre un oolong frais qui est encore excellent après une pause, a fortiori plusieurs. Voilà qui relativise un peu son prix.
À bientôt !