jeudi 14 avril 2011

Ba Xian de Hojo Tea






Voici une dégustation qui remonte à plusieurs semaines. Encore un thé d'exception, encore un thé d'Akira Hojo, et encore un thé qui mérite le titre de "meilleur thé jamais bu." Son prix va de 1.6 à 2.4€ le gramme suivant la quantité achetée. Il s'agit ici d'un échantillon offert. Ça fait cher me direz-vous, mais vu le plaisir procuré et sa qualité, et comparé au prix d'une bouteille de vin ou autre, je trouve ce thé en adéquation avec son prix.








Voici le lien vers l'article que dédie Akira à ce thé. Alors qu'y apprend-on ? Théiers sauvages de 500 ans, fermentation poussée. Très bien tout ça.

Attardons-nous un peu sur les paramètres utilisés. Ici, j'ai infusé l'intégralité de l'échantillon, soit 5g, dans mon zhong de 12-13cl (à raz-bord). Depuis, j'ai testé des paramètres plus costauds pour les Dan Cong, du genre 10 bons grammes dans ce même zhong. C'est, d'après ce que j'ai compris, la manière pratiquée par les chinois originaires du Guangdong (province où poussent les théiers à dan cong) qui utilisent donc un zhong bien rempli, une eau très chaude et des infusions flash. Je dois dire que cette méthode est assez rentable : pour deux fois plus de feuilles, j'ai obtenu trois fois plus d'infusions que d'habitude. Et contrairement à ce que je croyais, un Dan Cong de qualité supporte bien les interruptions. À noter que j'aime de plus en plus utiliser beaucoup de feuilles quelque soit le thé, mais en particulier pour les yancha et les dan cong (le puerh aussi). 








J'ai utilisé mon eau habituelle, source du Mont Barbier d'Auvergne, eau neutre à la composition minérale faible. Je l'ai chauffée en utilisant ma bouilloire en inox. Pas de Lin's, car je cherchais le plus de neutralité possible et j'avais un doute sur l'effet de cette bouilloire sur le thé. Depuis, j'ai fait des essais comparatifs et son influence me parait plus claire à présent (voir en fin d'article). Une très bonne bouilloire, mais quand je veux uniquement écouter le message des feuilles avec le moins de modifications possibles, je m'en passe.

Dernière chose, j'utilise toujours une eau très chaude. Dès que la bouilloire s'éteint et que le bruit des bulles se calme (10 secondes max après), je verse.




Le souci du détail : la présence d'un petit sachet qui absorbe l'oxygène 
afin que les feuilles ne s'oxydent pas, même pour un échantillon de 5g.




Pour commencer, je préchauffe mon zhong, deux fois. Je ne fais pas ceci pour tous les thés, mais pour de grands crus d'exception comme celui-ci, je ne m'en prive pas. Si le premier préchauffage élève la porcelaine de la température ambiante à un niveau assez élevé, le second permet d'obtenir un matériel encore plus chaud. Et vus les arômes de ce thé, croyez-moi je n'ai pas regretté. Déjà que les feuilles sèches sentaient très bon, une fois placée dans le zhong chaud, ce fut une merveille. Même fermé, je percevais déjà des arômes enivrantes : fruits exotiques, agrumes, une pointe de miel.




 




Après un bref rinçage et deux minutes pour laisser aux feuilles le temps de s'ouvrir un peu, j'ai commencé par une infusion courte :

15 secondes : la liqueur n'a pas beaucoup de corps, est très aqueuse. Quelques jours auparavant, j'avais fait un test pour voir si j'obtenais une bonne longueur en bouche avec peu de feuilles et des temps longs. Ici, je voulais savoir si l'inverse donnait le même résultat. D'après Akira, l'intensité de l'aftertaste ne dépend pas du nombre de feuilles utilisées. Néanmoins, pour un débutant comme moi, c'est tout de même plus facile de le sentir en utilisant un dosage plus élevé. Mais la liqueur forme un tout, et je n'aime décidément pas trop les dan cong en infusion yin (peu de feuilles, temps longs.)

Cette première infusion, presque un second rinçage, a déjà une longueur très encourageante. Elle est très pure, très équilibrée. On est sur le fruit, mais pas trop sucré. Mangue, litchi. L'aftertaste le plus fin que j'ai connu dans ma courte vie de dégustateur.




 




Deuxième infusion : 35 secondes : liqueur plus forte mais sage, très rapidement les saveurs évoluent. C'est absolument fantastique. Encore une fois, l'aftertaste est plus sec, beaucoup moins sucré que ce dont j'ai l'habitude. Cela est du au fait de ne pas employer l'eau de la Lin's. Le résultat n'en est pas moins bon pour autant. Du coup, je trouve à ce thé un côté agrume, car je compare instinctivement cette absence de sucre à de l'acidité. La sensation fruitée n'en est que plus intense, comme quand on ajoute un peu de jus de citron ou d'orange sur un fruit exotique ou dans une salade de fruits. En général, je remarque l'apparition de l'astringence à la troisième infusion. Mais elle est déjà là, légère, elle ne se cache pas et assèche les muqueuses comme pour réclamer plus à boire. Je ne veux pas la contrarier...




 




Troisième infusion : 1 minute : j'ai l'impression d'avoir de la pêche blanche en bouche et qu'elle se transforme aussitôt en mangue. C'est surnaturel. La texture de ce thé n'est pas très marquée. Mais franchement, les saveurs sont tellement extraordinaires que je m'en fiche éperdument ! Ce qui est incroyable, c'est que l'aftertaste démarre aussi sec. Quel régal, c'est ahurissant.




 




Quatrième : 1 minute 30 : aucune fausse note, c'est pur, limpide, magique. J'aurais pu infuser un poil plus pour conserver une plus grande expressivité, mais avec une telle qualité de feuilles, c'est bon quelle que soit la durée. Et l'aftertaste est toujours là. Une toute petite quantité de thé suffit à le déclencher. Un concentré de fruit mais jamais râpeux. D'ailleurs, je trouve que l'astringence que j'avais sentie un peu plus tôt s'est bien calmée.








À partir de là, j'ai arrêté de regarder l'horloge pour le reste de la session et ai infusé "au pif." S'est arrêtée également la prise de note. Je l'ai fini plus simplement, en l'appréciant sans le disséquer, sans mot.

A posteriori, je peux vous dire que ce fut vrai un plaisir...








Au moment de finir cet article, j'aimerais faire quelques commentaires en guise de conclusion. Déjà, cette session confirme encore l'affinité que j'ai avec les critères de sélection d'Akira. On aime les mêmes choses, ça ne fait aucun doute. Ses prix sont élevés, mais il fait dans le haut de gamme, même s'il va essayer à l'avenir de débusquer de meilleurs rapport qualité/prix.

Ensuite, une session non documentée sur ce blog, où j'ai alterné eau de ma bouilloire inox et eau de ma Lin's, m'a montré plus clairement l'apport de cette dernière. Elle ajoute une rondeur au thé, un petit côté sucré, sans pour autant gommer trop de détails, ce qui est un gage certain de qualité. Aussi sur cette dégustation, j'aurais surement perdu le côté que j'ai nommé "agrume" au profit de plus de sucre. Permet-elle d'obtenir plus de longueur ? Je pense oui, mais dans le doute, je vais me garder de l'affirmer et continuer les tests. En tout cas, une chose est sure : cette bouilloire ne diminue pas la longueur ni l'intensité de l'aftertaste.








Voilà, je vous laisse avec quelques photos de ma tasse de Jing de Zhen, et vous dis à très bientôt, pour un autre Dan Cong, ramené de Londres cette fois-ci.















20 commentaires:

  1. Tout d'abord, ton zhong est chouette!
    Je suis avec beaucoup d'intérêt tes échanges avec philippe sur la lin's. Je me pose des questions sur sa valeur ajoutée par rapport à ce qu'on veut obtenir...
    Actuellement je fonctionne uniquement avec une bouilloire en inox (j'ai rangé mon aquagrad!).

    Merci pour tes articles qui nous permettent (en tout cas en ce qui me concerne) d'avancer.

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  2. Très beau, comme d'habitude.
    Merci de partager tes découvertes, ta pratique et tout le reste.
    Mention spéciale à la petite tasse bleue qui me plaît toujours autant :)

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  3. Ouf je suis rassuré pour la LIN's!

    "Elle ajoute une rondeur au thé, un petit côté sucré, sans pour autant gommer trop de détails"

    C'est exactement cela : on a bien fait de l'acheter à temps!
    Et que vive les forts dosages,les jeux d'eau,les temps courts, plus longs et un bout de terre à la Lin's...

    Dan Cong prochaine étape;merci à Akira.

    Merci David.

    . PHILIPPE .

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  4. Salut David,

    Je suis content de voir que tu t'éclate avec cette famille de thé, et que tu as trouvé avec les thés d'Akira qqch qui te convienne.

    Petite question sur l'aftertaste :
    Je suppose que c'est d'abord un plaisir. Est-ce pour toi un critère de qualité ?

    .......

    Les porcelaines de Jing de Zhen me plaisent de plus en plus. Un jour je vais craquer. En tout cas ta tasse est vraiment superbe.

    Bien à toi
    Nicolas

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  5. D'après Akira, l'intensité de l'aftertaste ne dépend pas du nombre de feuilles utilisées.

    Mouais…
    Sais-tu ce qu'il entend exactement par intensité ?

    Si c'est en puissance, je ne vois pas comment elle peut être identique avec 1 gramme de feuilles et 5 grammes de feuilles.
    Si c'est en durée, les composés organiques et actions enzymatiques (du genre de décomposition en sucres simples faisant l'aftertaste) seront plus nombreux avec un nombre de feuilles plus grand… et dureront donc plus longtemps.
    L'intensité doit donc, me semble-t-il, correspondre à autre chose, mais je ne sais quoi.

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  6. Salut Julien,

    C'est une bonne question que tu pose ici. Je ne remets pas en cause les informations d'Akira, j'irais même dans son sens.

    Mais avant j'exprime une qu'une certaine quantité de feuilles est nécessaire pour que l'aftertast soit présent. Prenons en compte une certaine fourchette, un certain ratio.

    Soit (par exemple) entre 2g/10cl et 6g/10cl, l'aftertast s'exprimera. Certains commenceront à le percevoir à 2g/10cl et d'autre à 2,8g/10cl. C'est avant tout une histoire de réceptivité, de sensibilité.

    La même chose se passe à la visite médicale quand on écoute des fréquences sonores. Certains percevront très bien dans les basses fréquences (20Hz), et d'autres pas du tout. Il faudra monter en fréquence pour que le sujet entende (commence à entendre). De même nous ne percevons pas les ultra-sons, alors que les chiens les entendent. Pourtant ces sons existent.

    Enfin voilà, un point de vue parmis d'autres...

    Il est possible q'Akira soit sensible, voir très sensible à l'aftertast. C'est pourquoi il s'exprime ainsi.

    Nicolas

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  7. Nicolas, je t'avoue que je ne suis pas vraiment convaincu. J'aimerais bien auparavant une définition exacte de ce que l'on entend ici par intensité et par aftertaste. Ce n'est qu'après que l'on pourra réellement discuter sur l'effet d'une quantité de feuilles utilisées (et donc en fait d'un nombre de moles de substances organiques — c'est le seul terme que je comprends précisément dans la phrase en question d'Akira).

    Tu introduis dans tes exemples des notions de seuils et de quantités relatives. C'est indépendant d'une intensité, qui est une grandeur mesurable (et peu importe la qualité et la précision de l'outil de mesure : l'intensité existe même si je ne parviens pas à la mesurer — de la même façon que la gravitation existe à un endroit donné, même s'il n'y a aucune matière présente).
    L'exemple que tu donnes n'illustre pas la notion d'intensité. Une augmentation de fréquence n'est pas la même chose qu'une augmentation d'amplitude du signal !

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  8. Salut Julien,

    Sur le sujet de l'aftertast, j'ai quelques lacunes. C'est pourquoi je posais des questions à David.

    C'est Philippe qui m'a gentiment répondu :)

    .......

    Sur le commentaire précédent j'explique un point de vue parmi d'autres. "Un logique réceptive générale"...

    En fait je me rends compte que je suis pas vraiment équipé pour répondre à ta question.

    L'aftertast n'est pas encore dans ma voie. C'est un phénomène que j'ai rencontré parfois. Un phénomène que je reconnais. Mais je ne le recherche pas vraiment.

    Nicolas

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  9. Hobthe, franchement si tu en as les moyens ne te prive pas d'un objet comme la Lin's. En ce moment, je suis un peu pointilleux car j'ai envie de voir son effet précis, une fois pour toute. Les effets des différents éléments d'un gong fu cha sur l'eau est quelque chose sur lequel je me penche actuellement. Mais, même si je me prends un peu la tête (par plaisir evidemment) je suis persuadé que cette bouilloire a une forte valeur ajoutée. C'est ce qui ressort des avis des utilisateurs qu'on peut lire un peu partout. Ne serait-ce que de manier un objet aussi bien conçu, avec une verse si propre et précise est un bonheur. Et ce n'est qu'un des multiples détails qui participent au plaisir qu'elle apporte. Seul son prix est un problème, surtout depuis qu'il a doublé...

    Sébastien, tu imagines bien que j'ai pensé à toi en postant toutes ces photos de la tasse. ;-)

    Nicolas, en ce qui concerne l'aftertaste, c'est justement ce qui me lie autant à la sélection d'Akira. C'est clairement ce qu'il recherche en priorité dans un thé, la chose qu'il apprécie le plus et moi aussi. Pour Akira, c'est le critère de qualité absolu. J'avoue que c'est ce que je recherche avant tout également. Quand tu prends l'habitude de boire des thés avec une telle présence, c'est pour ainsi dire impossible de vouloir boire des thés où il manque cette longueur.

    Julien, Akira utilise beaucoup le terme de "deep aftertaste" que je traduis peut être trop librement par intensité, alors que profondeur serait plus juste, ce qui suggère plus une indication qualitative.

    Il me parait aussi essentiel de se rendre compte que le niveau d'appréciation de ce genre de chose est assez personnelle. Je n'imagine pas les qualités gustatives développées par Akira à la longue. Quand on regarde sa vidéo de goutage d'eau sans différentes théières, on se demande comment il fait pour apprécier la "longueur en bouche" (mauvaise traduction selon moi de ce qu'il entend par aftertaste) en passant d'une tasse à une autre aussi rapidement. Il n'a pas besoin d'attendre la fin de la longueur pour savoir si elle va être longue, si tu me suis. Il détecte de suite toute sorte d'infos qui nous échapperaient.

    Mais je suis d'accord avec toi sur le fait qu'il conviendrait de définir precisemment tous ces termes, qui se traduisent assez mal de surcroit. Surtout qu'Akira utilise un langage gustatif précis.

    Merci à tous.

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  10. Il me parait aussi essentiel de se rendre compte que le niveau d'appréciation de ce genre de chose est assez personnelle.

    L'appréciation (c'est-à-dire la capacité de mesure) est personnelle, oui.
    Certains vont ressentir l'aftertaste plus facilement que d'autres, certains salivent davantage, etc.
    Il y a de nombreuses conditions pour que l'aftertaste puisse être ressenti par une personne. Ce n'est qu'une affaire d'enzymes pour libérer les molécules sapides qui vont produire cet effet.

    Akira voit juste en disant que telle ou telle terre, eau ou bouilloire va augmenter l'aftertaste. Il l'explique bien en montrant qu'il s'agit de créer des liaisons H plus fortes, permettant auxdites molécules sapides de diminuer leur volatilité, et donc de demeurer dans la liqueur.

    En revanche, nous avons plusieurs points de désaccord entre Akira et moi, en particulier sur la perception de l'aftertaste ; pour moi, il est normal que tout le monde ne puisse pas le percevoir. Ça dépend des seuils de détection de chacun, et aussi de la qualité+abondance des enzymes produites par chacun.

    Un autre point est par rapport à l'aftertaste qui sera identique sur un pu er donné (donc pas d'évolution au fil de son vieillissement). Il se peut pourtant très bien que des molécules nouvelles se créent au cours de l'oxydation ou de la fermentation/maturation, molécules inhibant l'action des arômes. Ou même une dégradation des molécules sapides en question.

    Il n'en reste pas moins que, malgré nos désaccords, j'apprécie grandement la sélection réalisée par Akira. Du grand art.
    Peu m'importe en fait le discours derrière. L'essentiel est dans la tasse et l'expérience de la dégustation de ses merveilles.

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  11. Merci pour cet article !

    Une petite remarque sur la question de l'aftertaste. Il me paraît difficile de soutenir a priori que l'intensité de l'afterstaste dépend nécessairement de la concentration en composés organiques, etc. En effet, l'afterstate désigne un type de sensation, et non une concentration de la liqueur. Dans ces conditions, même s'il paraît naturel d'imaginer que plus il y a de feuilles, plus l'aftertaste est intense, cette idée ne va pas de soi. Il est tout à fait possible par exemple qu'une concentration trop forte en tanins sature les récepteurs gustatifs et olfactifs, et que par conséquent l'afterstate soit en fait optimal avec une quantité de feuilles moyenne. Cette question est donc pleinement empirique, et le seul moyen de la résoudre serait de déguster le Ba Xian d'Akira à diverses concentrations, et de voir comment l'afterstate évolue suivant ces concentrations. D'ailleurs, pour éviter tout biais expérimental, il vaudrait sans doute mieux rééditer l'expérience avec d'autres Dan Cong prestigieux. Si des scientifiques cherchent des cobayes pour ce genre d'expériences, je veux bien me dévouer :)
    (Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour servir la science...)

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  12. Julien, je crois que tu as ta réponse d'Akira directement ;-) Merci pour le forward !

    Pour ajouter une chose, sache qu'Akira ne pense pas qu'on soit tous égaux devant la perception de l'aftertaste, loin de là même. Il pense même qu'il y aurait peut être un terrain génétique favorable.

    Merci Robin. J'ai effectué les expériences que tu évoques avec les Dan Cong d'Akira. Je le comprends quand il dit que la quantité de feuilles ne change pas l'intensité de l'afertaste, mais encore une fois je pense qu'il faut se placer à son niveau de perception pour pouvoir faire ce genre d'affirmation.

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  13. Bel article.

    A mon sens, une bouilloire en inox n'est pas plus neutre qu'une autre. Elle donne un résultat différent, tout simplement.

    L'eau bouillie dans une bouilloire en inox a un goût caractéristique.

    Tout contenant affecte le goût de l'eau (bouteille en plastique...)

    Quelqu'un aurait-il essayé avec une bouilloire en verre ?

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  14. Bonne remarque. Une bouilloire en verre serait le top de la neutralité. Cela fait d'ailleurs partie de ma liste d'achat à venir, mais d'abord je dois me procurer un autre socle.

    Néanmoins, une bouilloire en inox sera l'outil le plus neutre qu'on pourra trouver sous nos latitudes à mon avis. En goutant l'eau qui sort de la mienne, je détecte moins de changements qu'au travers d'une bouilloire en plastique ou en céramique.

    La conservation de l'eau en jarre, le fait de la faire reposer et d'autres facteurs sont des expériences à essayer. Mais une chose à la fois et surtout chaque chose en son temps.

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  15. Tiré d'une newsletter d'Akira :

    1. What is the essential factor for the Quality of tea?

    Quality of tea is defined by the depth of taste and flavor. In Chinese it is called Hou Yun. “Hou” means throat and “Yun” means” lasting lingering charm. Hou Yun means the taste that is felt on our throat and lingers. In English, I cannot find an appropriate term to describe this feeling. Perhaps the closest term to describe this feeling is “aftertaste”, “depth of taste” or “long finishing”.


    2. Flavor defines character, while Hou Yun defines quality

    Hou Yun gives depth to the taste. In other word, it builds up the taste in three dimensional way. On the other hand, flavor defines the character of tea. Since I Iike photography, I will use the photography term as an example to explain the difference between flavor and Hou Yun. Flavor is like the color of a photograph. Different brands of camera or lens gives different color. However color does not define the quality of lens or camera. We usually appreciate depth and blur effect that creates a three dimensional visual impact to the photograph. Similarly, Hou Yun means the depth of taste and continuous lingering feeling on our throat. This is what defines the true quality of tea.


    3. Hou Yun is the primary element in tea selection

    When we look for quality tea, we go in search of tea with intense Hou Yun. Usually the price for tea is in proportion to the intensity of Hou Yun too. If we meet any tea manufacturer who set price not based on the Hou Yun, we are lucky in a way since we can get good tea for cheaper price. Unfortunately, such manufacturer is not able to maintain the consistency of quality.
    In selecting tea, the first thing we seek for is Hou Yun. Only with an ideal extent of Hou Yun, then we look into the flavor. No matter how impressive the flavor is, tea with less Hon Yun will not taste nice.

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  16. Je suis impressionné de voir comment Akira défini le Hou Yun.

    Cette définition est l'essence même de ce qui se produit à l'étage laryngé avec un excellent thé.

    Une communication entre la plante et l'humain.

    Vu sous cet angle c'est presque du yoga... En tout cas il se produit parfois ce genre de communication entre le végétal (et/ou le minéral) et l'humain.

    Je vais m'abonner à sa newsletter sans plus tarder.

    Nicolas (qui n'en reviens pas encore)

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  17. Je trouve aussi que la "définition" donnée par Akira pour le Hou Yun est très intéressante, à plusieurs niveaux.

    - D'abord, elle associe deux dimensions du thé que les amateurs occidentaux tendent, du moins dans leurs comptes-rendus, à distinguer : la "profondeur du goût" et la "longueur finale". Il est étonnant que le même concept puisse embrasser, en chinois, ces deux idées. Mais du coup cela jette un peu le trouble : si un thé a un goût profond et complexe, mais qui dure peu, que dira-t-on de la qualité de son Hou Yun ? De même avec un thé aromatiquement plus sobre, mais dont les notes hantent le palais pendant plusieurs heures...

    - Par ailleurs, même si je ne connais pas le contexte de cet extrait, il semble qu'Akira parle ici de tout type de thé. Or le Hou Yun est-il pertinent de la même façon pour juger les Dan Cong et pour les thés verts, les Bao Zhong, les thés blancs, les puerh, etc. ?

    - Dans le même ordre d'idées, ses remarques sur l'opposition taste/aftertaste me semblent un peu "discriminantes" pour certains thés qui n'ont clairement pas vocation à durer en bouche. Je pense par exemple à des oolong comme les Cui Yu, ou à certains thés verts très explosifs en attaque mais qui disparaissent rapidement du palais. (Raphaël et Jeancarmet avaient également baptisé un très vieux et apparemment délicieux puerh de la M3T "Houdini", à cause de sa capacité fascinante à disparaître sans prévenir)

    - Du coup, les remarques d'Akira me semblent surtout intéressantes pour comprendre sur quels critères il sélectionne ses thés, et comment il les apprécie ; au-delà, il me paraît cavalier d'affirmer que la qualité d'un thé est "définie" par le Hou Yun, chaque dégustateur pouvant apprécier des aspects différents du thé. Un peu comme si on disait qu'il n'y a qu'une manière d'apprécier la musique, alors qu'elle a de multiples facettes et que tous les styles musicaux ne vont pas dans la même direction.

    - Enfin, une remarque purement linguistique : il me semblait que la longueur en bouche se disait en mandarin "Hui Gan". Du coup, quelle différence y a-t-il entre les deux concepts ? Cette différence pourrait-elle être alors une piste pour répondre à ces différentes interrogations ?

    Robin.

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  18. Très intéressantes remarques Robin. Je vais essayer de répondre point par point dans l'ordre. Non que j'ai les réponses, mais ayant échangé assez longuement avec Akira, j'ai une petite idée de ce qu'il en pense. N'hésitez pas à me corriger.

    - je pense que quand un thé a un aftertaste profond, il reste longtemps. Je comprends la profondeur dans ce cas là comme quelque chose de rémanent. Mais ce n'est qu'une interprétation personnelle. Aussi, les facultés entrainées d'un pro permettent surement de percevoir l'aftertaste plus longtemps qu'un amateur ;

    - l'aftertaste est une notion de dégustation qui est valable pour tous les thés. Toute catégorie, mais aussi plus généralement pour toute autre boisson et même la cuisine.

    - pour Akira, TOUS les BONS thés ont un long aftertaste. C'est d'apres lui le critère utilisé par les professionnels pour sélectionner leurs thés. Ce n'est pas un truc à lui, son originalité, mais d'apres lui LE critère de qualité d'un bon thé. Si un thé est agréable mais court, il en sera pas considéré comme un thé de qualité, ce qui n'empêchera pas qu'on puisse l'apprecier pour les qualités qu'il a.

    - j'ai deja partiellement répondu à ce point. On boit ce qu'on veut suivant ses propres critères de qualité. Par définition, un thé haut de gamme aura une note élevée sur tous les aspects : arômes, attaque, texture, saveur, longueur, évolution, etc. En tant que vendeur visant à proposer le meilleur du meilleur (à un prix encore atteignable), Akira ne cherche à proposer que des produits n'ayant aucune lacune. Mais encore une fois, il insiste pour dire que l'aftertaste est le critère des pro pour sélectionner un thé. Et quand tu goutes à ce fruit défendu, tu n'as pas envie de revenir en arrière à un thé qui n'aurait aucune longueur. du moins, c'est mon opinion ;

    - je ne sais pas s'il y a une différence, pour moi c'est pareil.

    N'hésitez pas à partager vos points de vue.

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  19. Le souci du détail : la présence d'un petit sachet qui absorbe l'oxygène afin que les feuilles ne s'oxydent pas, même pour un échantillon de 5g.

    Je présume que le sachet était sous vide. Dans ce cas-là, il est naturel de mettre un absorbeur, afin de capturer le résidu de dioxygène présent dans le paquet. Cela donnera la meilleure protection au thé.

    Si le paquet n'est pas sous vide, ça ne sert pas à grand-chose car il reste trop de dioxygène à capturer. Il faudrait un absorbeur de plus grande taille. Une autre stratégie est de remplir le paquet d'azote. Bien que ce ne soit pas sous vide, le thé est protégé de l'oxydation.

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  20. J'ai un jour posé la question à Akira sur ses méthodes d'emballage. Je voulais lui commander son Li Shan et me demandais si je devais attendre le printemps. Voici ce qu'il m'a répondu :

    For my packing, I will make sure to place deoxidizer to remove 100% of oxygen. In Malaysia, I use vacuum sealer and with atmosphere modify packing with nitrogen. For both method, the outcome is the same based on our experience.
    If I never remove oxygen when I pack tea, it gets spoiled very fast. Once tea is packed without oxygen, quality never go bad. However tea will undergo unique maturation if you keep it in ambient atmosphere. The maturation will convert the flavor of tea very fruity.Usually most of us will love this flavor. In my company, we keep tea in fridge after removing the oxygen in order to maintain the freshness. No matter which point of the year you purchase, it is my obligation to supply you with the fresh flavor. If the flavor is not fresh as you expected, you should let me know so that I will exchange it. (Usually it does not happen since ever we practice no oxygen inside the bag)

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