All in this Tea est un film que je recommande à tous les amateurs de thé chinois comprenant la langue de Shakespeare, car je ne pense malheureusement pas qu'il ait été traduit ou sous-titré en français.
Il montre les pérégrinations d'un homme, David Lee Hoffmann, dans les années 90 à travers la Chine. Son but : dénicher le meilleur thé possible. Pour ce faire, il n'hésite pas à voyager dans des contrées reculées, à aller voir directement les fermiers. Rien qu'à le voir plonger le nez dans un sac rempli de thé vert et voir son visage s'illuminer donne soif ! Heureusement pour moi, j'étais accompagné d'un échantillon de la galette Lin Cang 2006 de Stéphane. Fantastique...
Tout au long de ce film, on suit ce pionnier dans ses difficultés pour acquérir le thé qu'il convoite. Il s'agit là pour moi de l'aspect le plus intéressant, car le réalisateur n'hésite pas à montrer le mal qu'il a à faire son business avec les Chinois, dans les années 90 tout du moins - gageons qu'il a contribué à changer les mentalités de nos jours et à faciliter l'import de véritable thé artisanal (ainsi que la promotion de l'agriculture biologique.) On le voit même énervé face à l'impossibilité de pouvoir acheter directement au paysan et le thé qu'il veut en général. Il faut passer par des intermédiaires, de grosses firmes, et là il n'y a aucune garantie que ce soit le produit qu'il ait sélectionné qui se retrouve dans ses besaces, du moins tout semble fait pour qu'il ne puisse le vérifier.
Bref, un film très intéressant qui a le mérite de faire réfléchir sur le commerce du thé en général, la part d'arnaque dans tout ce qu'on peut lire, entendre, etc.
En discutant avec Madame Wang de Terre de Chine, j'ai appris que même étant chinois il fallait faire attention : une poignée de bon thé dans un sac de thé bas de gamme portera le nom du premier. Il y a peu de scrupules dans le commerce chinois. Il faut toujours se méfier, aller sur le terrain et superviser toutes les étapes. Dieu merci, nous avons à notre disposition quelques revendeurs qui font cet effort, que ce soit en ligne ou qui ont des boutiques physiques.
J'ai aussi appris que beaucoup d'excellents thés ne sortaient jamais du territoire chinois. C'est frustrant mais normal, je ne vais pas croire que nos meilleurs fromages, ceux du terroir, sont disponibles ailleurs dans le monde, et pour les rares qui le sont, le voyage leur aura enlevé de leur goût originel. Sur le même principe, et ce malgré les progrès, un thé vert doit être bien meilleur frais sur place qu'après emballage et transport, de même que certains wulong ou autres...
La semaine dernière, Madame Wang nous a offert à un ami et moi-même un thé qui ne devait pas avoir beaucoup circulé en occident : il s'agit d'un Lapsong Souchong fumé au bois de pin. Ce thé est fabriqué dans une structure toute en bois de 3 étages avec en bas le bois de pin qui se consume et tout en haut le thé qui reçoit la fumée. Le tout est vraiment une expérience incroyable : un mélange de thé rouge et d'huile de cade. À tester...
Bref, je vous conseille si vous en avez la possibilité de jeter un œil à ce film qui vous promènera au milieu des champs de thé de la Chine sauvage. Et si vous avez des anecdotes sur le commerce du thé en Chine, n'hésitez pas ! Je subodore que certains ont bien des choses à raconter...
À bientôt.
>> "J'ai aussi appris que beaucoup d'excellents thés ne sortaient jamais du territoire chinois."
RépondreSupprimerC'est hélas vrai, c'est bien pour cela qu'on est parfois tributaire de certaines boutiques qui en profitent pour les revendre à prix d'or car elles seules ont la possibilité de sortir ces thés de Chine... Suivez mon regard... ! En même temps, quitte à débourser, autant les acheter dans les dites boutiques car on aura au-moins une certaine garantie de qualité; enfin, normalement.
Qu'un chinois puisse avoir un autre chinois, cela ne m'étonne pas ; et cela arrive en France aussi : ne dit-on pas que certaines firmes ou vendeurs n'hésitent pas à faire des mélanges entre vieux et jeunes aussi ...
RépondreSupprimerJ'ai cru comprendre que la notion de relation est très importante en Chine pour avoir accès à la bonne catégorie et aux prix "normaux".
Merci pour le film, c'est visiblement à voir ...
Concernant le lapschang souchong, j'en apprends aujourd'hui ; j'avais réellement cru comprendre que les chinois n'en buvaient pas du tout et que c'était un thé d'export. Comme quoi, une certitude de plus à bannir ...
veinard, pour le lapsang souchong!
RépondreSupprimerC'est dommage que le film ne soit pas sous titré, ça doit être très intéressant.
Que d'information en un seul post... C'est interpelant ce que tu dis.
RépondreSupprimerA force de m'intéresser au thé chinois, j'en arrive aussi à m'intéresser à leurs us et coutumes. C'est inséparable.
Cette nouvelle plante c'est un camélia?
Très beau post,
RépondreSupprimerLe film aussi a vraiment l'air bien (fait passer!),
On le voit même énervé face à l'impossibilité de pouvoir acheter directement au paysan et le thé qu'il veut en général. Il faut passer par des intermédiaires, de grosses firmes, et là il n'y a aucune garantie que ce soit le produit qu'il ait sélectionné qui se retrouve dans ses besaces, du moins tout semble fait pour qu'il ne puisse le vérifier.
Acheter en Chine du thé dans les années 90 devait être un vrai misère et hors les entreprises d'état personne n'avaient (légalement) le droit de vendre du thé...
Heureusement la situation s'est totalement inversé en 2001 et aujourd'hui les paysans et petits producteurs vendent pratiquement tous directement leurs productions (au plus offrant)...
Après ils ont vite compris le truc et bcp de paysans sont de vrais voleurs au point pour les terroirs de renoms d'importer des feuilles fraiches sous le manteau (dans le camion) pour les faire sécher et les travailler "à la maison"...
En discutant avec Madame Wang de Terre de Chine, j'ai appris que même étant chinois il fallait faire attention : une poignée de bon thé dans un sac de thé bas de gamme portera le nom du premier.
C'est clair, toute la chaine de la vente de thé ici, du producteur au grossiste en passant par le revendeur et les boutiques sont d'incroyables menteurs, voleur et n'ont aucun principes... J'ai vu des des chinois se faire soudain rouler par des fournisseurs avec lesquels ils travaillaient depuis 10 ans... tout le monde se méfie, est parano, et je confirme ce que tu écris c'est un millieu pourri.
J'ai aussi appris que beaucoup d'excellents thés ne sortaient jamais du territoire chinois. C'est frustrant mais normal,
C'est en effet normal ne serait ce que pour des questions de prix.
Les vrais haut de gammes chinois sont très cher, mme en Chine.
(Le puerh bien sur parce qu'il y'a rareté, mais pas uniquement, les bons oolong et même des thés verts sont franchement chers... voir pour certains plus cher que ce que tu peux trouver en france).
Si tu rajoutes quelques intermédiaires et les frais nécessaire à leur vente en France tu arrives à des prix que personne ne voudra payer, à juste titre (et donc personne n'importe /exporte ces thés ultra haut de gamme).
Voilà c'est comme une bouteille de bon vin rouge français en Chine... ca coutera facilement plus de 200 euros... ce qui est normal, et trop cher pour ce que c'est, donc les chinois en boivent pas et les magasins en vendent pas (et ils ont raison qq part)...
Superbe photo (elle est nouvelle, non?) en bannière sur ton blog ! Les marques de tournage sont vraiment bien rendues, c'est magnifique. Ceci dit cette remarque est valable sur une bonne grosse majorité des photos que tu publies habituellement.
RépondreSupprimer(je suis également fan de ton coin à thé en extérieur que tu avais présenté dans un billet précédent)
Coucou !
RépondreSupprimerJ'ai laissé dans vos commentaires des questions sans réponse !
@ Philippe : tout à fait d'accord ! tant qu'on paye (même cher) de la qualité, il n'y a pas trop à se plaindre quand on pense que d'autres n'y ont pas accès.
@ Denis : le nom exact du thé est le Zheng Shan Xiao Zhong. Je crois que j'ai dit une bêtise et qu'il s'agit en fait d'un rocher du Fujian fumé. Si ça se trouve il leur en reste encore. Je te ferai goûter un de ces quatre.
@ Nicolas : pas un camélia, mais un mandarinier.
@ Olivier : merci de partager ainsi ton expérience. Ton point de vue est unique et très intéressant. Tes dires corroborent ce qui est dit dans le film ou ce que Madame Wang m'a raconté (malheureusement j'ai envie de dire...)
@ Sébastien : merci. Le banc a doublé de taille cette semaine, le tout ayant vraiment évolué en quelque chose qui me plait beaucoup. Je montrerai ça bientôt.
Pas trop le temps pour faire de nouveaux billets ces temps-ci... J'ai pourtant plein de choses à dire. Patience...
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