vendredi 8 janvier 2010

Peut-on faire totalement confiance à ses sens ?





Le 1er Janvier, un ami m'a montré un "jeu" très intéressant. Il s'agit du Nez du Vin, un coffret, ici dans sa taille maximale, composé de 50 petites fioles, chacune d'entre elles renfermant un parfum des notes les plus rencontrées dans le vin.








Évidemment, un petit amateur de thé en herbe comme moi a trouvé ceci très intéressant. On s'est mis à une petite dizaine autour de la table à se passer les fioles numérotées une par une, à émettre chacun son tour notre avis et à vérifier à la fin qui avait raison, et ce jusqu'à saturation de nos odorats respectifs (une dizaine de fioles.)


Ce que je retiens de cette petite séance est assez incroyable. Déjà, le discernement des parfums est un exercice difficile. Dans le thé, c'est encore plus ardu car on cherche en général à comparer les parfums et les arômes à des choses connues. Mais en fait, c'est du thé et ça ne fait que ressembler à d'autres choses. Personnellement, je ne m'amuse pas à chercher ce genre de ressemblance, sauf quand ça me saute au nez.

Ici, ce sont véritablement des essences de fleurs, fruits, etc qui sont utilisées. La frustration est donc encore plus grande.


Mais ce qui nous a tous frappé a été l'influence des avis des autres personnes. L'exemple le plus frappant a été une fois où la première personne à déboucher la fiole a dit rapidement : "Pas de doute, ça sent le cachou Lajaunie à plein nez, c'est du réglisse !" On s'est alors tous passé l'échantillon en acquiesçant sans broncher, tous persuadés qu'il s'agissait bien de ça. Et bien non ! C'était de la noix ! Et quand nous avons tous ressenti les uns après les autres, eh bien adieu le cachou c'était de la noix à plein nez. Plus aucun doute !








On s'est donc aperçu rapidement que quand quelqu'un disait quelque chose avant qu'on se soit fait sa propre opinion, il était extrêmement dur d'en faire fi et d'être totalement objectif, même en se forçant. C'est un peu comme quand on cherche une chanson mais qu'on en a une autre dans la tête et que ça crée un blocage. En tout cas, même si c'est assez facile à imaginer, c'est assez impressionnant à vivre comme expérience.

J'y pense car je lis des fois sur les commentaires de tel ou tel blog : "ah oui tiens, maintenant que tu le dis, je n'avais jamais remarqué cette touche de XX." Sans vouloir me la jouer présentateur de la quatrième dimension, je ne peux que m'interroger, un sourcil relevé : "Y avait-il réellement une telle touche dans ce thé ?"








Et là, en extrapolant, je pense au syndrome du thé qui semble bon chez le marchand, quand il est à côté, à nous en vanter les mérites, mais qui force un air dubitatif quand on le regoûte chez soi, même si on ne (se) l'avoue pas.

Enfin, je m'interroge sur l'influence de quelqu'un qui lirait/entendrait que tel produit est bon/pas bon et de l'impact que cela peut avoir, même en partie, sur ses propres perceptions...

Comme le disait lionel, se mettre à nu face à un thé... un sacerdoce noble, mais un exercice ô combien difficile...


A bientôt.


PS : J'ai mis la photo de l'affiche du film The Taste of Tea, film japonais complètement déjanté qui n'a rien à voir avec le thé, mais que je vous conseille néanmoins vivement !!


PPS : Nouveau teablog : http://lazythe.blogspot.com/ Ce n'est que le début mais j'aime beaucoup le style.

Et encore un autre découvert ce soir : http://levideetleplein.blogspot.com/ Après l'arrêt de pas mal de teablogs ces derniers mois, en voir fleurir tant de nouveaux est une véritable joie.




4 commentaires:

  1. Dans mon cas, la réponse actuelle à la question du titre est clairement non.

    Le résultat de votre expérience ne m'étonne guère, mais c'est vraiment intéressant de l'avoir vécu en direct !

    Se former au thé, je crois que c'est comme se former à une activité artistique. Ton professeur pourra t'apprendre le solfège, les bases de ton instrument, mais il est un stade dans lequel tu devras prendre ta décision de comment jouer une pièce, cela s'est personnel. Tu peux écouter le concerto joué par les plus grands solistes, ce n'est pas parce qu'ils font telle chose que c'est bien. C'est bon de les écouter, mais il faut savoir s'en libérer. Ma meilleure version à mon sens de mon concerto préféré pour clarinette est joué par un clarinettiste bien moins connu que d'autres. Mais lui fait vraiment passer un message personnel, ce qui magnifie une oeuvre romantique. Je pense que c'est pareil pour le thé.

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  2. Article très intéressant.
    C'est troublant, un peu comme l'expérience de Milgram.
    Et en effet The taste of tea est une merveille.

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  3. Cher David,

    Ayant bossé dans une parfumerie et m'interessant au sujet de l'odorat,j'ai pu m 'apercevoir de la difficul - thé de la tache...
    Pendant 5 jours j'ai eu un soucis de PC plutot d'écran que je dois changer l'image étant rouge pourpre genre terre de Yixing de partout...mais cela m'a permis "d'etre totalement" avec le thé...

    Et je dois avouer qu'on a beau avoir de belles photos ,des descriptifs ,un blog sur le Thé...c'est finalement assez "frustrant"car rien ne vaut le Réel et tant mieux finalement.

    Par contre pour discuter et faire des rencontres le Blog cela peut bien servir;d'ailleurs c'est en partant pour le Japon que tu es tombé sur le mien...c'est marrant et surprenant...

    En ce qui concerne le Thé je crois qu'à part Tea Master c'est ultra difficile d'en parler"objectivement";on est dans l'ordre du subjectif plutot et c'est deja pas mal!!!

    AU PLAISIR.

    PHILIPPE.

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  4. Par rapport à votre histoire sur le cachou qui s'est avéré être de la noix (je le résume ainsi par commodité ^^) j'ai une petite anecdote qui alimentera votre reflexion. Je vais régulièrement voir mon acupunctrice qui, une fois la séance terminée, m'explique où sont créent les noeuds et les tensions das mon corps et quelles huiles peuvent aider à détendre. Mais très souvent en fin de séance lorsqu'elle utilise l'une de ces huiles, l'odeur propre de l'élément (lavande, cèdre etc.) est très souvent déformée par des souvenirs, des réminiscences qui me sont propres et qui me sont revenues pendant la séance. Par exemple, ayant de gros problème avec mon père (je ne vais pas vous raconter ma vie, ne craignez rien !), provencal pure souche, et ma relation avec lui étant un élément fondateur de ma personnalité, et bien lorsque mon médecin m'a fait sentir l'huile essentielle d'une fleur aux parfums hespéridées, et bien quelque chose a dû s'altérer car je ne sentais que de la lavande la première fois. Après je ne veux pas faire de la psychanalyse de bas-étage mais le lien me paraît logique (la provence étant remplie de lavande, que ce soit dans les champs, les placards, les magasins etc). Donc l'environnement (il suffit de lire des saveurs pour être influencé lors de la dégustation)mais aussi l'histoire personnelle entrent en jeu dans la dégustation et l'olfaction. Entre ça, les ustensiles, l'eau etc. ça fait beaucoup de paramètres à prendre en compte pour savourer un superbe thé !^^

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