La préparation du thé n'est pas une science exacte. La dernière fois que j'ai tenté de me faire ce wulong, il y a un et demi je dirais, quelque chose n'avait pas fonctionné. Je ne sais si c'était moi, mes paramètres ou autre, mais je n'avais pas été à même de profiter de la dégustation pleinement. Frustrant... Heureusement, j'ai une deuxième chance aujourd'hui, car je doute que mes problèmes viennent du thé. En effet, il s'agit ici d'un dan cong sélectionné par Tim, qui me l'a d'ailleurs chaudement recommandé, et accessoirement médaillé d'or, avec toutefois les réserves qu'on peut avoir face à ce genre de récompense en Chine...
Je vais donc reprendre ce thé avec mes nouveaux paramètres. 5g de feuilles (£11) et exactement la même chose que pour le Tong Tiang Xiang ou ou Mi Hua Xiang d'Akira. En effet, ce thé a l'air très peu ou pas torréfié de prime abord, le degré d'oxydation quant à lui m'est inconnu. Tim, sur son site, recommande des passages rapides, ce qui a l'air de coïncider avec ce que je me prépare à faire. La dernière fois, j'avais plutôt jouer la carte des infusions allongées. C'est peut-être ce qui avait pêché. C'est ce que nous allons voir tout de suite...
Les feuilles sèches ont à la fois des odeurs florales et chaudes. C'est discret mais sans défaut apparent. Il s'agit d'un thé de 2010, pas conditionné sous vide, peut-être a-t-il un peu perdu de sa superbe à ce niveau là. Mais les feuilles rincées sont autrement plus expressives. Il y a beaucoup de fraîcheur dans le zhong, des notes herbacées, et minérales. Des notes gourmandes aussi, sucrées. Une base de fruits bien évidemment. Pêche, agrumes.
J'infuse court donc, comme lors des sessions précédentes (5-10 secondes). À examiner les feuilles, elles ne semblent pas voir été torréfiées.
Hmmm. Que c'est bon. C'est très frais, avec des notes hespéridées, pamplemousse, citron vert, une superbe tenue en bouche et aftertaste. Très pur. Très long. Cette première tasse manque peut-être juste un peu de corps, mais c'est la première... Légère astringence en fin de bouche qui capture quelques saveurs sucrées.
Je pousse un peu plus la deuxième, genre 10 secondes. La liqueur est complexe et conjugue une jolie palette de notes frugales différentes. Il y a aussi une sensation râpeuse qui me fait penser à de la pêche, une très fine astringence au bout d'un moment. Très bel aftertaste.
La suivante sera un peu trop poussée (15-20 secondes peut-être) par manque d'attention (prise de notes), mais le résultat est néanmoins rond et superbe, sans défaut. Un thé avec une bonne marge de manœuvre sur les temps d'infusion est rarement au mauvais thé... Le résultat est très floral, très plein. Je sens enfin l'énergie de ce thé qui m'envahit. Elle est sûrement là depuis un moment mais c'est maintenant que je la remarque. Pas toujours facile de s'en rendre compte quand on est assis sur une chaise. Je suis obligé d'attendre un peu avant d’enchaîner, aussi parce que de superbes saveurs n'arrêtent pas de défiler dans ma bouche. Un vrai plaisir.
Retour à une série d'infusions plus courtes ensuite. Le résultat est vraiment beau. Plus lisse, mais pas moins agréable. Une longueur toute aussi jouissive. Les notes typiques de Zhi Lan Xiang l'emportent, des notes d'orchidées j'imagine vu que c'est la traduction du nom de ce thé. Si on pousse plus, on obtient quelque chose de plus plein, plus rond, plus velouté. Mais ça ne se joue pas à grand chose, une poignée de secondes tout au plus. On orientera alors l'infusion vers ce qu'on préfère.
Je retiens deux choses de cette dégustation. La première c'est que les dan cong que j'ai appelés "frais" (non torréfiés et peu oxydés) semblent donc avoir besoin d'une méthode de préparation différente de leurs congénères plus travaillés voire plus âgés. Il me faudra réessayer ces derniers avec ce genre de paramètres pour en avoir la certitude, mais cela expliquerait très bien pourquoi j'avais loupé ce thé à l'époque, alors que je ne connaissais pas du tout ce genre de wulong (c'était avant la sortie de la sélection 2011 d'Akira) et que je commençais vers les 30 secondes, augmentant rapidement...
Enfin, il faut vraiment prêter attention à ce genre de détail, ne pas se dire "c'est un dan cong, donc c'est tant de grammes dans tel zhong avec des infusions faisant : 3,8 secondes, 2,2 secondes, 2,3 secondes, 5,4..." Une appréciation des feuilles au préalable donnera de nombreuses informations utiles qui permettront d'ajuster ses paramètres en fonction... Ce n'est pas vraiment nouveau, mais ça se confirme ici.
Pour terminer, je dirais que la comparaison entre ce thé frais sélectionné par Tim et ceux d'Akira est intéressante. On reconnait un peu les critères de chacun d'entre eux. Ce Zhi Lan Xiang possède une longueur merveilleuse, peut-être supérieure aux thés d'Akira. Mais ces derniers auront un aftertaste plus présent, allié à une pureté typique de sa sélection. Au final, à prix équivalent, la préférence se fera en fonction des goûts de chacun. À noter que c'est je pense l'un des seuls dan cong "frais" dans la sélection de Tim (mais je n'ai pas tout goûter), qui propose en général plus des dan cong travaillés (thés de Master Wang et d'autres de Master Lin). Mais Akira devrait ajouter ce genre de thés à sa sélection 2012.
À bientôt !
Tes deux derniers articles me laissent rêveur...
RépondreSupprimerEt ta réflexion sur les Dan Cong Frais et les Dan Cong Torréfiés m'intéresse beaucoup.
Lorsque j'ai commencé à en boire, j'ai surtout goûté des Torréfiés, c'est d'ailleurs ce qu'on trouve le plus facilement dans les boutiques parisiennes, et c'est vrai que les thés d'Akira m'ont au premier abord vraiment surpris! (intrigué d'ailleurs au point de lui envoyer une photo afin de savoir pourquoi les feuilles étaient si vertes avec de beaux reflets rougeoyants car je n'avais jamais vu ça). Mais une fois que l'on a goûté ces Dang Cong "Frais", on ne peut plus revenir en arrière et il est difficile d'apprécier un DC avec un torréfaction trop apparente digne d'un maquillage.
Bref, ton article me donne envie de reconsidérer les paramètres d'infusions que j'utilisais pour le Shui Xian, Yu Lan Xiang, et Mi Lan Xiang.
Le tout premier Dan Cong que j'ai goûté dans ma vie était le Eastern Beauty de Master Wang (après avoir lu ton article à ce sujet d'ailleurs!), et franchement je suis totalement passé à côté. Il n'est que très peu torréfié et je me dis que je devrais peut être le réessayer à l'occasion avec des infusions de 10-15 secondes?
à bientôt,
Georges
Désolé d'avoir laissé ce commentaire sans réponse si longtemps !
RépondreSupprimerDans ma tête, il serait logique qu'un dan cong plus travaillé nécessite un temps d'infusion plus long. Un yancha demande plus de temps après tout. Mais ce n'est pas sûr non plus.
Il faut dire aussi que j'utilise un ratio élevé, 5g de feuilles dans mon petit zhong qui doit faire 7cl utiles... On ne peut pas laisser infuser 5 minutes non plus avec ce genre de paramètres.
Il me faudra retester et pour le moment mes stocks sont épuisés et que j'ai d'autres thés à tester. En plus, c'est l'époque de la verdure, des thés verts, qu'ils soient japonais ou chinois. Les thés torréfiés, c'est plus pour l'automne. On verra donc ça en août ! ;-)
Toujours est-il que je pense que c'est une bonne idée de réduire tes temps avec l'eastern beauty, de faire comme avec les dan cong d'Akira. C'est la première chose que je ferai quand je retesterai. Tiens nous au courant !