mardi 25 septembre 2012

Quick Review (7) : Tuo Cha 7 de 1978 (m3t)






Encore un morceau de vieux puerh offert généreusement par un ami. Je ne saurais assez l'en remercier. C'est un très vieux thé, peut-être le plus vieux que j'ai eu le plaisir de boire, presque aussi vieux que moi...








Les feuilles sèches ont à la fois des odeurs de sous-bois et un côté plus iodé, entre champignons et fruits de mer. Cela peut paraître bizarre à lire, mais c'est ce que je sens, et c'est loin d'être désagréable.

Dans la théière chaude, les impressions sont plus végétales : ça sent très bon. Rincées, les feuilles ont toujours un bouquet très classe, plus sucré, avec une certaine fraîcheur végétale.








La première infusion est d'une opacité totale. Un expresso italien. En bouche, c'est très rond. Un shu cha j'imagine. Également, ma petite théière taiwanaise va arrondir légèrement les aspects les plus abruptes d'un thé, sans trop changer sa palette de saveurs. Je l'utilise exclusivement sur les vieux puerh, ce qui est assez rare au bout du compte. Son rendu est très classe avec cette famille de thé. Cela dit, un puerh jeune sera mieux en zhong selon moi, mais passées quelques années, un puerh entre deux âges a toujours eu un rendu intéressant avec cette théière. Un bien bel objet, pas donné, mais dont je ne regrette pas l'achat.








À la dégustation, ce thé est moins complexe que les arômes que dégageaient ses feuilles sèches. C'est bon, c'est rond, très agréable à boire. Les saveurs qu'il dégage sont vraiment incroyables : champignon, terre, poussière, avec quelque chose de fruité/fleuri difficile à cerner en une seule dégustation (fleur d'oranger ? vanille ?) La longueur n'est pas très riche en saveurs mais reste le sucre de ce thé et une pointe d'astringence. Un thé de bouche.








Il est très endurant et m'a ainsi livré de nombreuses infusions. J'ai d'ailleurs préféré la seconde partie de la dégustation, comme souvent avec les vieux puerh. On peut le pousser assez loin, il répond toujours bien. Mention spéciale aux dernières infusions d'une nuit, ou plus : un grand moment de bouche.




Pendant ce temps-là, sur la table la salle à manger, s'aère un...



Je ne bois quasiment pas de shu cha, ni de vieux puerh, donc je n'ai pas trop de bases de comparaison. Cela dit, on sent que ce thé n'est pas très récent quand on le boit. Il a perdu toute trace excessive d'humidité pour n'en retenir que la rondeur. Il offre une bouche somptueuse, notamment grâce à ses saveurs si originales. En contrepartie, celles-ci se retirent assez vite une fois la liqueur avalée. Mais j'imagine qu'il ne faut pas trop en demander à un shu cha, en tout cas pas autant qu'un puerh cru dans ce domaine.

Encore un immense merci pour ce morceau d'histoire.

À bientôt !





mardi 18 septembre 2012

Quick Review (6) : Zhong Shan Raw Puerh 2012 (Hojotea)


L'emballage illustre un théier avec beaucoup de ramifications et des feuilles jaunes,
référence que les lecteurs des articles d'Akira comprendront...




Aujourd'hui est un grand jour ! Depuis le temps que j'ai envie de goûter à la sélection de puerh d'Akira de l'année. Après avoir suivi son voyage dans le Yunnan sur un réseau social bien connu, après en avoir entendu parler maintes et maintes fois, après avoir attendu le retard dû à des problèmes d'emballage, la voici, la sélection 2012, composée de 7 nouvelles galettes : une de 2008, une de 2010, une de 2011 et quatre de 2012.








Il y a deux catégories différentes : celle des thés prêts à boire de suite, et trois thés qui ont un très bon potentiel mais quelques défauts : notes fumées ou étuvage trop fort, des défauts qui se corrigeront avec le temps d'après Akira. Toujours est-il que ça permet d'avoir du très bon puerh, avec un bon potentiel de maturation, à prix attractif, surtout dans ce climat d'augmentation constante.

Je m'attaque au premier puerh, un de ceux "avec défaut", ici un étuvage au wok trop prononcé, j'ai nommé le Zhong Shan Raw Puerh 2012 !








Les feuilles vertes ont ces parfums typiques de très jeune puerh : très vert, tabac, j'y trouve même un peu de noisette. Dans le zhong chaud, c'est aussi très vert et fruité, c'est clairement un puerh 2012 dont l'odeur n'a rien à envier à une Baotang 2012 d'Essence of Tea, que j'apprécie particulièrement.

Les feuilles rincées laissent dégager des odeurs de petits pois frais, de tabac encore une fois, mais aussi un pôle sucré, finement fruité (fruit exotique).








Un mot rapide sur les paramètres : comme toujours pour ces reviews, tout porcelaine, eau Mont Roucous, et ici 8g de feuilles dans mon plus joli zhong et des infusions assez courtes (pas plus de 10 secondes pour les premières). Je ne conseille pas beaucoup moins de feuilles pour le jeune puerh, mais chacun fera comme il veut au final bien évidemment.








Les premières impressions sont très bonnes. L'attaque s'effectue tout en douceur. Se conjuguent en bouche la jeunesse de ces feuilles, avec ce pôle vert légumineux et tabac, équilibré par un pôle fruité, doux et sucré. Il y a un petit pôle épicé également (dont l'intensité variera en fonction de la durée de l'infusion). Les sensations en gorge sont très agréables et la longueur, même sans astringence particulière, est très bonne, sur des notes très douces de fruit. Tout ça sur la première tasse !

D'après Akira, ce puerh a subi un étuvage trop fort ("over pan-fried"). Avant de découvrir ce thé et d'en parler à un autre amateur, je ne voyais pas vraiment comment ça se traduisait sur la palette gustative du thé. Je pense voir à présent (merci lionel). Cela ne m'a pas dérangé plus que cela, mais c'est surement une question de goût. 








En tout cas, ce puerh vous laissera une belle impression en bouche, fruitée (nectarine) avec presque pas d'astringence.

La longévité est correcte. Pour 25€ la galette de 200 grammes environ, on a droit à un produit pour le moins agréable. Selon Akira, il sera surtout intéressant dans quelques années, le temps que son défaut s'estompe et qu'il arrive à maturité.

Ce thé m'a fait penser aux galettes premiers prix d'Essence of Tea (Sébastien, n'aies pas peur !). Ce qui les distingue est sans doute la personnalité de leurs vendeurs. Ici cela se caractérise par une grande douceur, là où les thés d'Essence of Tea pourront être plus amers (ce qui n'est pas un défaut). Vivement la suite !


À bientôt !

dimanche 16 septembre 2012

Quick Review (5) : Gopaldhara Red Thunder (Hojotea)






Un thé rouge, ce n'est pas souvent. C'est justement pour changer que j'en ai acheté. Par curiosité aussi, car je sais que cette famille possède parmi les meilleurs thés qui soient. En fait, le thé de plus haut grade qui m'ait été donné de boire était un thé rouge produit avec des feuilles de yancha, plus précisément des bourgeons de théiers de Wuyi. Malheureusement, tout en appréciant ce que je buvais, j'avais la sensation de ne pas avoir toutes les clés de compréhension pour le saisir. Pas assez d'habitude avec ces thés très oxydés. Aussi ai-je pris la décision de m'y mettre petit à petit.

Voici donc un darjeeling d'automne. J'ai aussi commandé un first flush, mais je préfère commencer par celui-ci. Un thé d'automne dans la sélection d'Akira ? Voilà qui est rare. Une curiosité de plus.








Mon passé avec les darjeeling est très bref : c'est quasiment le néant, à part l'année dernière où je suis passé à côté d'une théière dans laquelle reposaient des feuilles fraîchement infusées du muscatel de chez Tim : le coup de foudre. Une grosse commande chez Temae plus tard, j'ai compris que c'était plutôt le haut du panier qui me plaisait. Du coup, j'ai fait une petite place dans ma dernière commande à Akira pour deux petits sachets. Et on va voir ce que ça donne tout de suite...








Les feuilles sèches sentent étonnamment la tomate cuite, il y a un pôle doux et sucré aussi. Ce genre de registre m'est totalement étranger. C'est assez plaisant de découvrir un nouveau bouquet.

Je vais infuser 4 grammes en zhong et me laisser guider par ce que je sens pour verser.









Je pense qu'il s'est écoulée une petite minute avant que je verse ma première tasse. La liqueur est pure, complètement translucide. Pas facile de décrire une nouvelle famille de thé. Tous ces arômes et toutes ces saveurs nouveaux. Néanmoins, il y a déjà un point commun : cette superbe sensation dans la gorge si typique de la sélection d'Akira et qui me donne tant de plaisir.

Je retrouve ma tomate, mais vraiment en tant que fruit. La liqueur est douce, finement sucrée, très légèrement astringente. J'ai du mal à voir au-delà de la tomate pour moi prédominante. Si, du miel.









Une minute environ pour la deuxième également. Je trouve plus de saveurs que la simple tomate, mais sans être vraiment capable de les décrire précisément. Je dirais "cocktail de fruits" par défaut. Très bonne tenue en bouche avec une astringence minimale.

Les suivantes seront plus poussées (2'-3'-5'...) et seront marquées par une douceur des plus agréables.









Je ne suis pas assez expert en darjeeling - même complètement débutant - pour me prononcer. Mais ce thé n'a pas de défaut apparent, est fruité et très doux. Il m'a coûté 12€ les 30 grammes, ce qui n'est pas donné. Mais vu que j'en bois peu, autant en boire du très bon !


À bientôt !






jeudi 6 septembre 2012

Hohin et Eau chaude






Je me suis rendu compte que je cherchais toujours à baisser la température d'infusion de mes thés japonais, comme si c'était la direction à prendre. Peut-être à cause du gyokuro ? Toujours est-il que c'est peut-être une erreur, et que d'aller voir de l'autre côté du spectre n'est pas une si mauvaise idée que ça. D'ailleurs, j'ai appris récemment qu'il y a un demi siècle, les japonais utilisaient de l'eau bouillante sortie de leur tetsubin pour infuser leurs thés.


***


Aujourd'hui, j'ai préparé le sencha Uji Jubuzan de l'article précédent avec une technique un peu particulière. En fait, j'ai reçu un message me conseillant d'infuser ce thé à 90°C voire même à l'eau bouillante, avec des infusions très rapides. J'ai alors pensé à une technique que m'avait présentée Akira et que j'ai expérimentée par la passé. Aussi, je me suis dit que j'allais profiter de l'occasion pour en parler. En fait, c'est Akira qui va vous la présenter :








En gros, le principe est très simple puisqu'on enlève le chronomètre et le thermomètre. 

Pour ceux qui n'ont pas la chance de parler la langue de Shakespeare, voici en substance comment ça se passe.


1. Le matériel : 

Il s'agit de faire des infusions très rapides, donc mieux vaut s'équiper d'un instrument qui verse vite. Dans la vidéo, c'est un hohin, ce qui semble assez pratique. J'utilise aussi un tel instrument, dans mon cas un Hohin de Bizen (style Hidasuki). Un gaiwan fera très bien l'affaire si les feuilles ne sont pas trop fragmentées, ce qui exclut a priori la plupart des fukamushi sencha.




(sur cette photo, ce n'est pas de l'Uji Jubuzan dans le hohin)




Il faudra également un récipient pour refroidir l'eau, ici un Yusamashi (ou Samashi) de Bizen.








Et une tasse, dans mon cas un yunomi, mon premier d'ailleurs, de Bizen également.








Akira insiste sur la complémentarité des terres des différents instruments, j'en ai déjà parlé dans le cadre de mes articles sur la porcelaine. Dans son cas, il utilise de la terre de Sado rouge. Pour moi, ce sera cet ensemble de Bizen dont les trois pièces viennent du même potier : Shunko-Enn.








2. La technique :

Dans la vidéo, Akira remplit son yusamashi de façon à garder une température à peu près égale à 80°C. On pourra si on veut augmenter la température en fin de session.

À part ça, rien de sorcier. On rince les feuilles au début afin de mieux les préparer à donner le meilleur d'elles-mêmes. Ensuite, on verse l'eau dans le hohin, puis le thé dans la tasse. Comme toujours dans la préparation du thé, il convient de ne pas trop se presser. Ce n'est pas parce qu'on veut faire une infusion "flash" qu'on n'a pas le temps de poser ses instruments délicatement et de faire des gestes appliqués. C'est un coup à ce qu'il y ait de la casse et c'est malheureusement du vécu.





(ici la colorimétrie est volontairement un peu accentuée
pour mettre en évidence les détails de ce magnifique objet...)




Petite précaution : ne pas refermer le couvercle de son hohin (mais aussi théière ou zhong) complètement entre deux infusions pour ne pas que les feuilles cuisent. Ça reste du thé vert.









Il faut noter que cette technique ne marche pas avec tous les thés japonnais de manière identique. Certains spécimens se comportent très bien avec de l'eau très chaude, tandis que d'autres beaucoup moins.

Les thés riches en acides aminés, responsables de l'umami, préféreront en général une température plus basse que les thés riches en polyphénols.

Si Akira propose cette technique, c'est que ses thés ne contiennent justement pas d'umami, pour une raison que j'évoquerai dans quelques temps.




(là c'est bien de l'Uji Jubuzan...)




J'ai donc fait bouillir mon eau, l'ai versée dans mon yusamashi puis immédiatement dans mon hohin. Ce qui me donne une température environ de 90°C.








Sur des thés qui se prêtent bien à ce genre d'infusion, on obtiendra quelque chose de vraiment différent. Les saveurs seront peut-être un peu plus discrètes, et les notes les plus aiguës ressortiront majoritairement. Le principal intérêt sera double : la longueur, je ne sais pour quelle raison sera amplifiée de manière significative, c'est vraiment impressionnant. On garde la sensation en bouche pendant des lustres. Deuxième intérêt : l'aftertaste qui sera particulièrement lisible.

Deux amoureux de l'aftertaste que je connais bien citent tout le temps la même phrase : "les feuilles de thé, le matériel, ne servent qu'à améliorer la qualité de l'eau." Ou encore : "un buveur de thé, c'est avant tout un buveur d'eau." Les liqueurs plus légères en terme de saveurs sont très agréables pour les personnes qui cherchent l'aftertaste car il est plus facile (à remarquer et) à apprécier ainsi. Néanmoins, une personne entraînée parviendra à profiter de cette sensation dans une liqueur très dense, mais ce n'est pas toujours chose facile...








Tout ça pour vous suggérer d'essayer à l'occasion cette technique d'infusion. Je ne vous garantis pas que ça marchera à tous les coups, mais si c'est le cas, ce sera vraiment une expérience intéressante et agréable. Et vous obtiendrez ainsi de très nombreuses infusions.


À bientôt !